Partie 21

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****Partie 21****

**Lamine Faye**

Maréme ! Pourquoi rien de ce qu'on peut me dire sur Maréme ces jours-ci ne me surprend guère ? C'est mon intuition ou juste que le personnage n'a plus de mystères pour moi mais je m'y attendais. Mais entre avoir quelque chose dans l'esprit et voir cela se confirmer, il y a un grand écart. Au début de notre mariage, je savais qu'elle n'aimait pas Sylvie mais je croyais qu'elle avait réussi a dépassé ce stade. Eh oui Maréme n'aime pas Sylvie. Comment peut-on qualifier quelqu'un qui est capable de voler le fils d'une autre pour le vendre ? Si ce n'est pas de la méchanceté c'est surement de la jalousie. Au début, lorsque cette histoire de vol de bébé a éclaté, je n'ai jamais soupçonné Maréme. Comment peut-on croire une personne avec laquelle on vit, on partage le même lit, la vie de tous les jours coupable d'une telle abomination ? Moi en tout cas je ne peux même pas imaginer un tel scénario. Impossible ! Mais depuis mon voyage en Casamance parmi les siens, je sais ce dont Maréme est capable. Est-elle mon épouse ? Je ne pense pas puisqu'elle n'a pas divorcé de son premier mari. Elle s'est enfuie quand ce dernier l'a surpris au lit avec son fils et son neveu. J'ai quitté la Casamance en catastrophe lorsqu'on m'a appris l'accident de maman Gnilane et la réapparition de notre garçon raison pour laquelle je n'ai pas encore réglé le cas de ma seconde épouse. Heureusement pour moi que je n'ai encore pas parlé avec elle sinon dés que l'histoire du vol de bébé serait connu, elle pourrait disparaitre. S'il y a quelqu'un qui peut me donner un conseil sur l'attitude à adopter avec elle, je suis à l'écoute car je suis à court d'idées.

Sylvie me regarde en ce moment avec des yeux que je ne saurais déchiffrer. Peut être qu'elle veut me dire que c'est grâce à moi qu'une voleuse d'enfant a pu s'introduire chez nous. Abdoul Ka qui n'a pas compris grand-chose à ce qui se passe nous regarde bêtement.

Abdoul Ka : je peux savoir ce qui se passe ? Vous connaissez Maréme Diatta ?

Charles : eh oui on la connait bien ! C'est la coépouse de ma sœur et femme de Lamine ici présent.

Abdoul Ka : quoi ? Comment ?

Moi : je suis le soi-disant mari de Maréme.

Abdoul Ka : comment se fait-il que vous soyez le mari d'une telle femme ? Vous connaissez son passé ?

Sylvie : le passé de qui ? Est-ce qu'il a cherché ? Non monsieur s'est juste contenté d'épouser une femme capable de lui donner un enfant car je tardais à concrétiser son rêve.

Charles : calme-toi Sylvie. Ce n'est pas le moment de déterrer les vieilles rancunes.

Sylvie : c'est moi qu'on a accusé de tous les maux de la terre, surtout sa mère. Maintenant voilà le résultat : tu as épousé une criminelle mais elle va me payer toutes ses années de souffrance et personne ne me fera changer d'avis.

**Abdoul Ka**

Je suis dans le pétrin jusqu'au cou. Ainsi Maréme a volé le bébé de sa coépouse pour me le vendre ! Dans quoi me suis-je embarqué ? J'ai de la chance que mon fils ne me méprise pas comme je le redoutais. Il a eu un comportement qui me surprend beaucoup. Vraiment mon fils a muri. Il a réussi à me convaincre de faire face à mes responsabilités quelques soient les conséquences. J'ai été lâche mais désormais c'est fini. Je sais que la prison me guette mais si c'est le prix à payer pour mes fautes, tant mieux. J'ai appelé ma femme pour lui résumer la situation et lui demander aussi de ne pas venir au pays. S'il y a quelqu'un qui a été assez faible c'est moi. J'ai suivi ma femme dans ses délires et maintenant je dois faire face.

Je savais que Maréme avait le cœur noir comme du charbon mais de là à voler le bébé de sa coépouse, qui, pendant des années, a tant souffert pour en avoir, je lui tire mon chapeau. J'en ai commis des choses pas du tout catholiques mais vraiment il y a une personne qui m'est supérieure dans ce domaine. Je regarde Sylvie et j'ai vraiment pitié d'elle en ce moment. On dirait qu'elle vient de perdre son enfant une seconde fois tant la nouvelle l'a secouée. Elle est froissée et a le regard hagard. J'ai honte de mon attitude, non pas que je regrette d'avoir Mouhamed dans ma vie, mais d'avoir fait souffrir une femme innocente qui n'a fait de mal à personne. J'ai été égoïste, méchant, ne pensant qu'à moi-même et il est temps que la donne change. Je vais me livrer à la police et attendre la sanction qui doit être appliquée en vertu des lois qui régissent le pays. Mais avant cela, je vais mettre de l'ordre dans mes affaires et laisser le tout au nom de mon fils. Il est certes jeune pour s'en occupait pour le moment et les études qu'il suit sont différentes de la gestion des affaires, mais dieu merci, j'ai des amis fidèles sur qui je peux compter pour l'épauler. Même sa vraie famille peut l'aider au moment voulu. J'ai travaillé dur pour lui et je ferai le nécessaire pour que son héritage soit intact. Je demande à partir car le temps est contre moi en ce moment et je dois mettre de l'ordre dans ma vie avant de ma livrer. Je dois aussi parler avec ma mère et vu son état de santé, j'ai peur de sa réaction. J'aurais voulu l'épargner mais je ne lui en parle pas, les gens se feront un malin plaisir de l'avertir. L'être humain, surtout l'africain, est foncièrement méchant et il n'attend qu'un faux pas de ta part pour te mettre sur la place publique.

Affaires de familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant