****Partie 9****
**Lamine Faye**
Depuis une semaine, la police a été mobilisée pour rechercher mon fils mais c'est difficile sans indice. Malgré qu'au moment des faits la maison était pleine à craquer, personne n'a remarqué rien du tout. Sylvie est abattue. Elle ne mange pratiquement plus et pleure tout le temps. Les éléments de la police de Fatick ont fait leur possible mais il semble que mon fils ait disparu de la circulation sans laisser de traces, comme s'il s'était volatilisé de sa propre volonté. Moi-même je ne sais quoi penser de cette situation et jusqu'à preuve du contraire, tout le monde est suspecté. La seule note positive de cette situation est que les parents de Sylvie ont repris contact avec leur fille et avec leurs relations, maintenant c'est la division des investigations criminelles(DIC) qui s'occupe de l'affaire de la disparition de notre fils. J'ai peur pour la santé mentale de ma femme. Personne n'aime vivre pareille tragédie et si jamais on m'avait présenté quelqu'un comme le voleur de mon enfant, je risquerais de finir le reste de mes jours en prison car je le tuerais de mes propres mains sans hésiter. Un enfant attendu pendant cinq ans et un criminel sorti de nulle part le prend sans hésiter !
**Maréme Diatta**
J'ai fait profil bas pendant toute la période de l'enquête et je dois dire que je m'en sors sans dommage. Les enquêteurs ont cuisiné tout le monde, moi, y compris mais je n'ai pas varié dans mes déclarations. Je cherchais un moyen de prendre l'enfant depuis sa naissance mais avec les nombreuses visites, c'était chose impossible. Le jour de la disparition, ma fille ainée qui gardait un œil sur Sylvie a profité du fait que cette dernière se trouvait dans sa salle de bain pour prendre l'enfant. Comme personne ne savait plus ce que faisait l'autre dans la maison, on a appelé son ami qui devait nous aider. Heureusement que ce dernier se trouvait presque dans les parages et le reste s'est fait naturellement. On a sorti le bébé dans un sac de voyage en dehors de la maison et Abdoul et sa femme sont venus le prendre. Je ne suis pas partie prendre l'argent pour le moment car je ne veux pas attirer l'attention sur moi. J'ai fait ma part du contrat et je sais qu'Abdoul va faire la sienne. Dés que les conditions seront réunies, j'entrerais en possession de mon argent et j'en profiterais pour construire une maison sans avertir que ma fille ainée. Il est temps que j'assure l'avenir de mes enfants et quoi de mieux qu'une maison pour leur assurer un toit au dessus de la tête. La vie avec Lamine est certes sécurisante dans le présent mais pour l'avenir, on ne sait jamais surtout maintenant que je sais que sa femme peut faire des enfants malgré mes efforts. Mon fils ne sera plus son seul héritier mais on verra si elle aura la force de se relever de cette épreuve qu'elle traverse.
**Sylvie Dieng Faye**
Ma vie est au ralenti depuis que mon fils a disparu. La police a fait son enquête mais d'après ce que j'ai compris, tout le monde présent au moment des faits est suspecté et on parle dans ce cas d'une cinquantaine de personnes. Il yavait beaucoup de personnes et je ne connais même pas la moitié. Mes parents et tonton Pascal ont fait jouer leurs relations pour accélérer l'enquête mais plus de deux mois depuis l'histoire, ça n'avance pas. Je suis dépressive depuis lors et les yeux de pitié que me jettent les autres ne m'aident pas. J'ai besoin de réponse et non de pitié mais il semble que nous africain, c'est dans ce domaine que nous excellons le mieux à part la méchanceté. J'ai démissionné de mon travail et je passe mes journées en ce moment à faire le tour des marabouts dans le but d'avoir un indice sur cette rocambolesque histoire. Je ne sais pas ce que j'ai pu faire à une personne au point qu'elle m'inflige pareille punition. De toute ma vie, j'ai toujours été la gentille et la donneuse de bonnes leçons. Toute ma vie durant, je ne me rappelle pas avoir commis une mauvaise action au point que dieu me punisse en me privant de cet enfant que j'ai attendu des années et des années. Certains marabouts me disent que l'enfant est sorti du pays, d'autres disent qu'il est sacrifié et le reste me dit de tourner la page car je ne le reverrai jamais. Au fond de moi, je ne désespère pas de le retrouver et je mettrais tous les atouts de mon coté. Je pense déménager car je ne veux plus rester dans une maison qui me rappelle tant de mauvais souvenirs.