Partie sans titre 8

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****Partie 8****

**Maréme**

Abdoul est retourné en Europe et je respire mieux. Avec lui dans les parages, j'étais sur une bombe à retardement. Ma fille Fanta qui était avec elle durant tout son séjour a décidé de continuer sur Dakar pour trouver du travail. J'imagine bien le travail qu'elle veut faire si elle suit mes pas mais je fais l'autruche, je me voile la face. Lamine lui, est sur son petit nuage et un sourire béat éclaire son visage depuis l'annonce de la grossesse de Sylvie. En parlant de cette dernière, elle est en congé maternité depuis quelques temps et comme je suis en train de peaufiner une stratégie, je fais la plus gentille. Ses désirs sont des ordres même si je dois reconnaitre qu'elle ne demande pas grand-chose à personne. Elle sait se débrouiller comme toujours et le soir, lors de ses longs promenades, je l'accompagne le plus souvent et on profite de ces moments pour discuter des sujets de la vie et autres. Je profite de ces moments aussi pour poser des questions subtilement sans éveiller le moindre soupçon. Notre mari, qui est content de voir ses deux femmes complices, ne parle plus d'aller en Casamance voir ma famille. Tant mieux pour moi. Même ma belle-mère qui était soupçonneuse à mon égard depuis le retour de Sylvie ne fait plus que chanter mes louanges dans le quartier où j'ai réussi à inverser la tendance maintenant. Eh oui, avant c'était Sylvie est super gentille, elle nous amène de bons plats, nous salue respectueusement. Maintenant ce sont les deux femmes de Lamine qu'on conjugue au présent. J'ai laissé la dépigmentation depuis mon mariage et si je n'ai pas réussi à enlever la totalité du désastre sur mon corps, j'ai réussi au moins à diminuer la casse.

**Sylvie**

Depuis ce matin je ne me sens pas bien. Je me sens lourde et fatiguée. J'ai des étirements au niveau de mon ventre mais bon c'est surement le bébé qui bouge beaucoup car il me reste deux semaines avant l'accouchement. Je passe la journée ainsi et le soir, ne pouvant plus supporter la douleur, j'avise mon mari qui me conduit en compagnie de maman Gnilane à l'hôpital. Je pense en ce moment à ma mère, à mon père, qui, malgré tout ce qui ce passe, je les aime comme jamais. Je reste deux jours avec cette douleur et finalement, n'ayant pas de chirurgien, l'hôpital de Fatick m'évacue à bord d'une ambulance à Kaolack où l'on m'opère. Mon fils naquit ainsi. A mon réveil, je trouve mon mari à mon chevet dans une chambre individuelle. Une infirmière me temps mon fils tout petit dans mes bras. J'ai un peu de mal à le tenir mais Lamine est à mes cotés et m'aide. Malgré toute la douleur du monde, si c'était à refaire, je le ferai sans hésiter, rien qu'en voyant le visage de mon fils endormi. Il n'y a pas de mots pour décrire ce moment si magique et mon souhait en ce moment est que toute femme qui le désire connaisse les joies de la maternité. J'ai une forte pensée envers les femmes qui, comme moi, ont peiné pour tenir un petit bébé dans leurs bras et qui subissent les médisances de la société. Je ne sais pas à quel moment mes larmes ont commencé et c'est Lamine, qui, en les essuyant, me ramène dans la réalité.

Lamine : à quoi penses-tu au point de pleurer ?

Moi : je pensais à tous ces moments par où je suis passée avant d'en arriver là.

Lamine : ces moments sont derrière toi et s'il plait à dieu, tu vas en connaitre d'autres moments du genre.

Moi : amen. Toutes mes pensées se sont envolées vers ma mère et je voudrais aller lui demander pardon.

Lamine : on le fera dés que tu seras bien rétablie et ça sera l'occasion de lui présenter son petit mari.

C'est tout joyeux que ma belle-mère nous trouve. Depuis que je suis enceinte, elle a complètement changé et dieu merci, je ne pouvais pas supporter aucun stress. Elle m'a apporté de la soupe que j'ai dévoré en un coup d'œil tant j'avais faim.

**Maréme**

Enfin le bébé prodige est arrivé. Presque toute la famille a passé ces cinq jours entre Kaolack et Fatick. Sylvie est revenue à la maison et je me chargeais de lui apporter sa nourriture dans sa chambre.

Sylvie : je ne sais comment te remercier pour tout ce que tu as fait et que tu continues de faire pour moi.

Moi : je n'ai rien fait d'extraordinaire Sylvie. Je me mets juste à ta place et je sais que tu ferais beaucoup plus pour moi.

Sylvie : en tout cas, sache que je te remercie du fond du cœur.

J'ai averti Abdoul que le bébé peut être disponible d'un moment à un autre donc il peut se préparer. Il est depuis lors au Sénégal et patiente avec sa femme chez lui à Dakar. Ma fille Fanta qui est au courant de tout est revenue pour m'aider. S'il ya quelqu'une sur qui compter dans cette mission qui requiert la plus grande attention et discrétion, c'est bien elle. Elle m'a dit qu'elle a une connaissance qui vit à Fatick et qui, contre de l'argent, est capable de vendre père et mère sans laisser de trace. Puisque Sylvie est convalescente, la fête du baptême se fera deux semaines après la naissance. Elle sera en grande pompe contrairement à la mienne qui s'est faite de la plus grande discrétion car coïncidant avec le décès de mon beau-père. Tout le voisinage ainsi que les proches ont été invités.

**Lamine**

La maison grouille de monde. Je n'ai jamais vu autant de monde ici. Tout le quartier est en train de préparer le baptême du fils ainé de ma femme Sylvie. C'est vrai qu'aussi qu'il n'y a jamais eu d'événements du genre dans la maison depuis longtemps. Mon fils ainé étant né deux semaines après le décès de mon père, il n'y avait rien comme fête. J'avais juste appelé l'imam du quartier et donné un nom au bébé. Même le mouton égorgé a été distribué en guise d'offrande.

Les gens sont en plein préparatif et je regarde les gens allaient et sortir de la maison comme pas possible. Je vois des visages que je n'ai jamais vus de ma vie. Le soir, c'est tata Aimée qui me fait bouger de mon poste d'observation. Je ne me sens pas à l'aise avec les foules et à plus forte raison des inconnus. Je l'accueille lorsque je vois sa voiture arrivée.

Moi : bonsoir tata Aimée. Bienvenue chez nous.

Tata Aimée : je ne pouvais pour rien au monde rater le baptême de mon chéri adoré.

Moi : j'espère que tu as fait un bon voyage. Et tonton Pascal comment il va ?

Tata Aimée : il va bien. Tu le connais, il va venir demain très tôt le matin et surement rentrer juste après. Il n'aime pas trop les festivités.

Moi : aucun homme normal n'aime ce que j'ai vu ici depuis ce matin.

Tata Aimée : et tu n'as encore rien vu. Attends demain après midi et tu sauras ce que les femmes sont capables de faire en une journée.

Moi : on va entrer à l'intérieur, Sylvie est dans sa chambre.

On trouve la chambre vide et j'installe tata Aimée. Sylvie sort en ce moment de la salle de bain et court dans les bras de sa tante.

Sylvie : je suis heureuse de te voir tata. J'espère que tu n'es pas fatiguée par un si long voyage.

Tata Aimée : oh non du tout, pas fatiguée et puis personne n'allait me raconter pareil événement.

Sylvie : j'aurais aimé que mes parents soient présents mais ma mère m'a dite qu'elle doit aller en France pour un congrès et papa lui à Dubaï pour affaires.

Tata Aimée : oui ta mère m'a d'ailleurs donné des cadeaux pour le bébé et la belle-famille. Où est mon nouveau chéri ?

Sylvie : il est là.

Elle se lève pour aller vers le berceau installé à coté du lit.

Sylvie : où est le bébé Lamine ? Il n'est pas dans le berceau.

Moi : j'étais dehors mais il ne doit pas être loin. Il n'a pas pu se déplacer seul.

On cherche partout dans la maison et personne n'est capable de dire où se trouve le bébé. Au début, je croyais que quelqu'un nous faisait une blague avec les cousines et autres qui sont à la maison mais je dois me rendre à l'évidence : le bébé a bel et bien disparu.

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