Partie sans titre 11

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****Partie 11****

**Penda, fille de Maréme**

Je viens de réussir le concours de magistrat. Depuis toute petite, j'ai toujours voulu réussir par mes propres moyens et non comme ma mère. Oui je savais depuis petite qu'elle est prostituée. Il y a de ces choses qui se sachent même si tu ne le veux pas. Un jour, à l'école quand nous étions à Saly, une camarade de classe m'a taxée de pute comme ma mère. Ça m'a fait mal mais j'ai à partir de cette douleur, créé une force pour réussir dans la vie honnêtement. Depuis lors, au moment où les autres filles de mon âge s'amusaient, moi, j'étais toujours concentrée sur les cahiers et livres, même en vacances. Je ne connais pas mon père mais je ne le regrette pas car le mari de ma mère me considère comme sa fille et depuis que je le connais, il n'a jamais changé d'attitude envers moi. Mes études et autres, il s'en est toujours occupé m'encourageant à aller de l'avant. Ma mère est ma mère avec ses défauts et autres mais je l'aime et je veux changer sa vie. Je sais pourquoi elle s'est mariée avec Lamine. Elle voulait quitter la vie qu'elle menait et sortir de ce réseau et elle a donc sauté le pas en se mariant avec un homme qu'elle n'aime pas. Je me demande même si elle connait le sens du verbe aimer quelqu'un. Elle n'aime que l'argent et ma grande-sœur Sokhna est en train de suivre ses pas.

Après la réussite du concours, je pensais prendre une chambre à Dakar pour suivre la formation mais la coépouse de ma mère, tata Sylvie a dit niet. Elle m'a hébergé et mis à ma disposition l'ensemble de sa maison. J'ai même honte dés fois tant elle ne fait pas de différence entre ses enfants et moi. Maman voulait au début mettre dans ma tête que tata fait tout cela pour faire plaisir à papa Lamine mais une fois chez elle, elle est restée la même qu'elle était lorsqu'on vivait ensemble à Fatick. Je me rappelle petite que pendant les fêtes de Noel, elle m'amenait toujours des cadeaux et quand elle venait en week, elle s'arrangeait toujours pour faire de longs promenades avec moi et le plus souvent, on terminait ces moments au restaurant ou dans sa chambre pour suivre un bon film comme j'aime. Actuellement, elle a le regard qui ne brille plus comme avant et c'est normal quand on a vécu la perte d'un enfant, on ne peut plus être la même personne qu'on était avant. Certes j'avais juste une quinzaine d'années pendant ce tragique événement mais je m'en rappelle comme si c'était hier. Tout le monde dans la famille a changé depuis lors. Si l'enfant était mort, on aurait remis tout entre les mains de dieu mais volé c'est presque du jamais vu sous nos cieux. Je me demande toujours comment une telle chose a pu se passer dans une maison remplie de personnes.

**Maty Ka, femme d'Abdoul**

Je ne sais pas pourquoi mais je ne me sens pas dans mon assiette ces temps ci. Je me sens anxieuse comme si j'allais avoir une mauvaise nouvelle dans ma vie. Je pensais au début à Abdoul qui est au Sénégal depuis deux mois à cause de l'état de santé de sa mère mais à la longue, j'ai baissé mes gardes de ce coté. Je me disais que puisqu'il est au pays sans moi, il va en profiter pour reprendre la vie de débauche qu'il menait avant mais j'ai fini par lâcher cette mauvaise idée et je n'en ai plus parlé : il n'a pas de temps pour des futilités en ce moment. Puisque ma vie ne tourne principalement qu'autour de deux personnes, je me demandais si cette boule d'angoisse que je ressens n'est pas du coté de mon fils. On me reproche d'être une mère-poule mais c'est normal. Comment ne pas l'être si je ne peux pas en avoir et que c'est grâce à de l'argent que j'ai pu connaitre la joie d'être maman. Actuellement Mouhamed est à l'université pour valider son année scolaire mais il a prévu pendant les vacances d'aller rejoindre son père au Sénégal pour mieux connaitre la famille. C'est vrai que depuis sa naissance, il n'a pas pu y aller beaucoup de fois et depuis qu'il a grandi, j'ai limité ses déplacements là bas. Puisque j'y vais rarement, il n'avait pas de raison d'y aller mais maintenant, il a grandi et il a été éduqué comme un européen et il a commencé à prendre ses propres décisions. Un enfant, reste un enfant aux yeux de sa mère même si celle-ci ne l'a pas mis au monde. J'ai certes eu à commettre des actes répréhensibles mais si c'est pour avoir Mouhamed, je ne regrette rien. Je sais que nous avons fait du mal à une femme, un père que je ne connais pas, mais mon fils reste mon fils. Je prends mon téléphone pour l'appeler et avoir de ces nouvelles car dernièrement, il se fait de plus en plus rare à mon gout. Ça sonne plus de trois fois mais il ne décroche pas donc je raccroche. Au bout de dix minutes, il me rappelle.

Affaires de familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant