Après une lune entière passé dans la pouponnière, Petit Coquelicot et Petite Braise eurent envie de sortir un peu de cette pouponnière secondaire, devenue « trop étroite pour eux ». En réalité, elle était assez grande pour y faire entrer encore cinq chatons de plus, mais ils mettaient toujours l'endroit sens dessus dessous.
Comme promis, les aînés s'étaient occupés d'eux. Chaque jour, ils étaient venus leur adresser des salutations amicales et avaient aidé les Éleveurs à leur faire la toilette.
Mais maintenant qu'ils avaient grandi, le frère et la sœur ne tenaient plus en place. C'était leur jour de sortie !— Bonjour Petite Feuille, fit Petit Coquelicot d'un air enjoué en sortant de la pouponnière de fougère.
— Bonjour à toi aussi, Petit Coquelicot, alors contente d'être enfin dans la clairière ?
— Oui ! Je ne sais pas comment vous faites pour rester dans la pouponnière principale, tous serrés les uns contre les autres.
Petite Feuille hocha la tête, songeuse. Elle n'avait pas vraiment écouté ce que la petite avait dit et elle s'en fichait de toutes façons. Elle était surtout absorbée dans ses pensées, comme à son habitude. Les questions fusaient dans son esprit mais elle les dissimulaient toujours. Un peu comme un secret que l'on veut enfouir jusqu'à même l'oublier.
Remarquant que leur discussion — quoi que très courte — venait de prendre fin, Petit Coquelicot se retourna et alla chercher son frère avant qu'il ne fasse une bêtise. Ce n'était pas son genre mais on ne savait jamais ce qui pouvait se tramer entre lui et un de ses nouveaux camarades !
La jeune femelle rousse et blanche décida donc d'arrêter de rester immobile et voulu aller parler à Petit Givre, la petite sœur de Petit Sapin, à qui elle ne causait jamais.Celle-ci se trouvait debout, sous un arbre de taille moyenne aux branches verdoyantes et ployant dans le vide sans aucune raison. Aile du Matin qui aimait beaucoup les arbres, avaient expliqué aux chatons que c'était un saule pleureur. Arbre très intriguant, en effet.
La chatte blanche lui tournait — involontairement — le dos, scrutant les buissons qui entouraient la clairière.— Petit Givre ? demanda-t-elle en prévenant de sa présence.
— Oui, qu'y a-t-il ? fit-elle en grinçant des dents.
— Eh bien... je voulais juste qu'on sympathise, on n'a pas eu le temps de beaucoup se connaître.
Bien sûr que si elles avaient eu le temps — trois lunes environ — il manquait juste la volonté des deux chattes. Parfois les chatons étaient impitoyables les uns envers les autres et les Ailes trouvaient cela aberrant.
— Désolée, mais j'évite de parler à quelqu'un qui m'a volé mon frère.
Et comme si de rien n'était, elle partit sans demander son reste.
Petite Feuille, troublée, ne voulu pas insister et faire pression sur la chatte. Une amitié ne va pas dans un seul sens, c'est impossible.Soudain, une ombre se déposa sur l'herbe verte. Un rapace au plumage marron planait au-dessus des grands arbres qui entouraient la clairière. Heureusement que les Ailes sont là, souffla Petit Jonc en son fort intérieur.
« Aux abris ! » couina ainsi Petit Fauve.
Tous allèrent se cacher dans la pouponnière, en dessous d'un énorme caillou ou encore dans les fougères.
Personne ne bougea tant que l'oiseau n'était pas parti. Les Ailes rassurèrent certains
Au bout de quelques minutes, l'oiseau plongea vers le sol. Quelque chose l'attirait. Petit Émeraude ! songea l'ensemble des chats.
Mais avant que personne ne fasse quoi que ce soit, Petite Rosée s'élança et couru comme un éclair jusqu'à la petite boule blanche repliée sur elle-même. Elle réussi à attraper le petit chaton par le cou et l'emmena loin au creux des racines du saule pleurer.
L'oiseau, dépité, parti sans avoir attrapé de proies. Il était bien défaitiste.Des cris fusèrent de partout. Ils acclamèrent alors Petite Rosée, l'héroïne de la journée. Elle recula, non habituée à être mise en avant.
— Bravo Petite Rosée ! criaient-ils
— Je... hum... Ce n'est rien...
Petite Rosée mettait ce geste sur le compte de l'adrénaline mais tout le monde savait dans quel clan elle irait, c'était bien trop logique pour que qui que ce soit le nie.
Devant l'air innocent qu'elle prenait, tentant d'éviter les questions qui sortaient à tout vas, les chatons repartirent vaquer à leurs occupations habituelles — c'est-à-dire manger, dormir et jouer.
La petite chatte alla donc se lover près d'un petit if.Petite Feuille, elle, marcha vers le pommier où elle voulait faire sa sieste, quand, Petit Givre l'interpella :
— Petite Feuille !
Elle ne prit pas la peine de se retourner et l'ignora, mais la femelle se plaça devant elle, tête baissée, comme un chaton qui vient de faire une bêtise.
— Désolée pour ce que j'ai dis tout à l'heure je ne le pensais pas... Mon frère ne m'a jamais vraiment aimé parce que j'avais des amis, pas lui et je ne l'intégrais jamais. Jusqu'au jour où tu es arrivé. J'ai toujours voulu que mon frère m'aime mais ce n'était pas le cas...
Elle venait d'ouvrir une petite partie de son cœur, et Petite Feuille le prenait très bien. Elle se retourna et se mit à la hauteur de la chatte blanche.
— Je ne savais pas que vous vous détestiez autant. Alors, pourquoi s'être énervée contre moi ?
— J'étais jalouse que tu ais en quelque sorte pris ma place. Seulement, si je fais une crise à chaque fois que quelqu'un s'approche de mon frère, jamais je ne me ferai d'amis, balbutia Petit Givre dans ses moustaches.
Et toutes deux se sourirent, se comprenant mutuellement bien qu'elles n'aient pas la même histoire...
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Territoires des Clans - Tome 1.Un choix décisif
Fanfiction4 clans. 4 capacités. 4 territoires. Mais seulement 1 choix. Alors que de nombreux chatons sont élevés par des Ailes, une prophétie est apportée aux clans et des faits étranges se produisent. Les chatons sauront-ils trouver leur voie tout en restant...