Chapitre 2 ✨

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Deux lunes avaient passé depuis la naissance de Petite Feuille. Son frère avait ouvert les yeux, alors elle et ses amis jouaient souvent avec lui.

Ils avaient un petit groupe qui  s'entendait très bien ensemble: Petite Feuille, Petite Glace, Petit Sapin, Petite Violette et Petit Jonc.
Ils restaient encore deux lunes avant d'être apprentis dans un clan... Mais pour Petite Feuille et son frère il restait encore quatre lunes.

On lui a tout expliqué. Qu'il fallait trouvé sa capacité et choisir son clan le moment venu. C'est ensuite qu'ils découvriront leurs parents et leur clan d'origine.
On se fichait bien de savoir si les chatons étaient dans leur clan d'origine ou non, mais pour les petits il était toujours mieux et beaucoup plus agréable d'être dans le même clan que leurs parents.

Personne n'avait encore trouvé sa capacité et ils avaient peur de faire le mauvais choix.

  Un soir, alors que les chatons dormaient, Petit Sapin réveilla Petite Feuille et lui proposa de sortir en douce. Elle était toute excitée !
Ils sortirent en douce de la pouponnière mais Petit Jonc qui les avait entendu, se joignit à eux, ce qui n'eu pas l'air d'enchanter Petit Sapin, contrairement à Petite Feuille.
Ils quittèrent ensemble la petite clairière où ils avaient vécu pendant des lunes et se dirigèrent vers un grondement d'eau. Ils arrivèrent et virent une immense flaque d'eau qui coulait en sens unique. Petit Jonc s'écria :

— C'est une rivière !

— Une quoi ? demanda Petite Feuille.

-— Une ri-vi-ère. C'est un petit cours d'eau qui coule dans un seul sens. C'est Aile d'Aurore qui en a parlé à Petit Fauve ce matin, expliqua-t-il.

Devant l'air impressionné de Petite Feuille, Petit Sapin poussa Petit Jonc dans l'eau.

— Penses-tu pouvoir y nager gros malin ?

Et d'un coup, le jeune petit se retrouva submerger par le flot tumultueux de la rivière — celle-ci ne restait pas toujours très calme et ce soir-là encore moins —, avalant des gorgées d'eau.

— Hé ! s'écria Petite Feuille. Qu'est-ce que tu fiches ?!

La petite chatte regarda Petit Sapin qui ne bougeait pas d'un poil. Devant son inactivité, elle hésita puis sauta dans l'eau — comme si elle l'avait toujours fait — avec un courage admirable et tenta de ramener Petit Jonc sur la berge.
Elle essaya de s'accrocher à un petit rocher pour attraper la patte de Petit Jonc mais elle n'arrivait pas à l'atteindre. Plusieurs fois elle faillit se noyer et plusieurs fois elle a demandé l'aide de Petit Sapin qui semblait s'amuser devant ce spectacle presque comique. Petit Jonc s'accrochait vainement à des joncs qui ployaient sous son poids, bien qu'il ne soit pas très corpulent.
L'un comme l'autre savait qu'ils ne tiendraient pas longtemps de cette manière. Alors, Petite Feuille prit une grande inspiration et se lança dans le courant pour le sauver avant qu'il ne se noie. L'écume lui bloqua la vue, l'eau lui rentra dans les narines mais elle parvint à atteindre les trois queues de renard qui la séparait de la petite patte tigré de son camarade.

Elle remarqua alors des pierres de gué sur lesquelles Petit Jonc aurait pu s'accrocher, ce qui la fit jubiler.

— Petite Feuille, tout va bien ? lui cria Petit Sapin soudainement apeuré.

— Ce n'est vraiment pas le moment ! peina-t-elle à articuler. Ou bien viens m'aider à tirer Petit Jonc de cette maudite révère.

Petit Sapin ne compris pas du premier coup ce qu'elle avait dit avant de se rendre compte qu'avec l'eau dans sa bouche, elle avait mal prononcé rivière. Mais avant qu'il ne fasse quoi que ce soit, elle tira le chaton trempé de toutes ses forces pour le ramener.

— Petit Sapin! s'égosilla-t-elle. Pourquoi as-tu fait cela ?!

— Je...Excuse-moi.

— Je n'en ai rien à faire de tes excuses, ce n'est pas à moi que tu les doit, mais à Petit Jonc! gronda-t-elle en lui montrant de la queue son pelage tout mouillé.

— Désolé Petit Jonc.

Bien que tous savaient que cette excuse était hypocrite, l'atmosphère se détendit d'un coup.
Petit Jonc se releva et demanda à rentrer avant qu'on ne remarque leur disparition. Il tremblait et ça se comprenait.
Personne ne dit rien. En revanche, en rentrant, Petit Jonc mouilla tout sa litière fraîchement cueillie du soir.


Au matin, les chatons entendirent Aile de l'Aube gronder Petit Jonc, qui était toujours trempé après l'escapade du soir et qui avait mouillé sa litière. Petite Feuille trésaillit. Elle sentait qu'elle allait, elle aussi, se faire tirer les oreilles.
Soudain le regard noir d'Aile de l'Aube se posa sur elle. Petite Feuille avança de quelques pas avant de sentir que Petit Sapin marchait, lui aussi, vers l'Éleveuse. Il a certainement été appelé à ma place..., songea la femelle blanche et rousse.
Petite Feuille se mit à la hauteur de son camarade, ce dernier frissonna.

— Ne t'inquiète pas, je viens avec toi. Moi aussi je suis sortie en douce.

— Oui, mais toi, tu as sauvé Petit Jonc de la noyade pendant que moi je regardais ce qu'il se passait sans rien faire.

Il accélèrera son pas mais elle le suivit quand même. Il se sentait honteux, c'était flagrant. Tous deux s'approchèrent d'Aile de l'Aube, tête baissées.
Petit Jonc avait déjà commencé à expliquer la situation et tous les regards se tournèrent vers eux. Avant que Petit Jonc finisse la dernière phrase, Petit Sapin lui coupa la parole :

— Et c'est Petite Feuille qui a sauvé Petit Jonc pendant que je me faisais les griffes sur un rocher.

Elle écarquilla les yeux. Pourquoi raconte-t-il ça comme si il n'était qu'un bon à rien ?! Mais en même temps, je ne peux pas nier qu'il ne m'a effectivement pas aidée...

— Petite Feuille a réussi à nager dans le cours d'eau et à ramener Petit Jonc sur la berge ? interrogea Aile de l'Aube impressionnée.

Elle acquiesça d'un hochement de tête.

Territoires des Clans - Tome 1.Un choix décisif Où les histoires vivent. Découvrez maintenant