J'avais passé plusieurs heures à tourner en rond dans la ville à la recherche d'une bonne cachette, avec Ben dans les bras. Le soleil commençait à se pointer quand je trouvai enfin une petite maison apparemment abandonnée, caché par une bonne épaisseur d'arbre. C'était vieux, salle, même dégueulasse, mais pour moi, c'était parfait.
J'avais foncé à l'intérieur, et je fus heureux de voir que, malgré qu'elle fût visiblement abandonnée, il y avait encore un canapé, quand bien même qu'il semblait défoncé. Je déposais Ben dedans et relevai son teeshirt pour voir sa blessure au ventre : le sang avait arrêté de couler, mais il n'avait pas cicatrisé. Peut-être à cause de la balle qui est toujours là ? Quoique, moi, quand on m'avait tiré dans le dos et que j'avais dû attendre le soir d'après pour la retirer, j'avais quand même cicatrisé par-dessus. Là, Ben ne cicatrisait pas. Je posais ma main sur sa poitrine ; je ne ressentais aucun battement, aucune chaleur. Clairement, son cœur avait arrêté de battre. Il est mort. Ou en train de se transformer ? J'espérais que ce soit ça. J'avais encore de la difficulté de m'empêcher de trembler, tellement j'avais peur.
Toutes les chances étaient contre moi. On m'avait bien dit que j'étais un cas d'exception, d'avoir survécu à la transformation à douze ans. Alors, un an de plus pour Ben, ça ne peut pas faire une très grande différence. Les chances qu'ils survivent sont minces.
Dans un besoin de bouger un peu pour me changer les idées, je partis explorer la maison. Il y avait un deuxième étage, ne contenant rien d'autre que deux chambres minuscules. Il y avait un lit et une table basse dans chacun, mais c'était tout. La seule couverture du lit était vieille et puait le mort, et je trouvais même quelque asticot sur le matelas. Pour les deux lits.
Je redescendis et allais dans ce qui aurait pu faire office de salon, mais qui ne contenait rien d'autre qu'un canapé avec un Ben mort dessus. Au fond du salon, il y avait une porte, menant à une troisième chambre, un peu mieux garnie que les deux autres d'en haut. Celle si avait plusieurs couvertures, deux tables basses, une de chaque côté du lit, et une armoire pour ramasser les vêtements, mais elle était vide. Je trouvais encore des insectes dans le lit, mais je n'y fis pas attention. Un de ces jours, si j'ai à rester ici, je ferais le ménage.
Oui, j'aimerais bien rester ici. Toujours à Miska, ma ville, mais pas dans la maison de mon enfance. Rester dans cette maison, non, je ne pourrais pas. Quand j'y suis allé, quelques heures plus tôt, la seule chose dont je pouvais penser, c'était comment ma famille était morte, et comment je me suis fait transformer en vampire. Et, aussi, le rêve qui me hante chaque jour. Mais bien sûr, je n'oubliais pas comment Charlie le chasseur m'avait retrouvé, et passé si près de nous tuer, Ben et moi. Même si, là tout de suite, Ben est réellement mort. Mais il va se réveiller, c'est obligé.
Je n'arrivais pas à voir qui était le plus cruel des deux : le vampire ou le chasseur. Les vampires tuent des innocents pour se nourrir. Les chasseurs tuent les vampires qui tuent des innocents. OK, vus comme ça, les chasseurs sont les gentils. Et donc, on peut me dire pourquoi ils ont tué Ben ?!
Je revenais de ma visite de la maison, après avoir vu une cuisine aux armoires vide et une table à manger à trois pattes et demi en son centre et une toilette empestant la merde, et allai m'assoir contre le mur du salon, regardant fixement Ben, attendant qu'il bouge, qu'il parle, qu'il fasse n'importe quoi. Mais il ne faisait rien.
En désespoir, je sortis le téléphone de Ben que j'avais toujours dans ma poche, puis composais encore une fois le numéro de Laura, qui était à peine visible dans ma main. Cette fois, elle répondit à la troisième sonnerie.
- Allo ?
À sa voix trainante, il était évident que je l'avais réveillé, pour la deuxième fois cette nuit.
VOUS LISEZ
Jayden
VampirePour Jayden, la vie à changé du tout au tout alors qu'il ne faisait rien de plus que jouer à cache-cache avec ses jeunes sœurs. À un instant, il était simplement là, cacher dans le panier de vêtements sale, dans la salle de lavage... et l'instant d'...