Chapitre 27

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De retour où j'avais vu les fantômes de ma défunte famille, j'arrêtais la voiture sur le bord de la route, et en sortie, faisant le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Anou.

Je savais que j'étais au bon endroit, malgré que je fusse vraiment sous le choc, j'avais eu le temps d'enregistrer deux ou trois éléments du décor, comme le sapin particulièrement grand au bord de la route et la maison en brique rouge un peu plus loin. J'étais un bon endroit, il n'y avait aucun doute là-dessus. Le seul problème était que les fantômes n'y étaient plus.

Je regardais dans toute les directions ; aucune voiture ne passait sur la route. Je m'avançai au milieu de la route, un peu plus à droite, exactement où j'étais au moment où je les avais vu, cherchant le fameux objet auquel ils seraient rattachés. Mais il n'y avait rien, autre que cette maison. Les voisins étaient séparés par un grand champ et quelques arbres, trop loin selon moi, et il n'y avait personne de l'autre côté du chemin.

S'il y avait un objet à chercher, il serait dans cette maison.

Je traversais la rue et entrais dans la cour de la maison. Je ne voyais aucune lumière illuminer la maison, ce que je prenais pour une invitation à entrer.

- Alors, Mimi, je t'es trouvé ?

- Tu chauffes !

Je me retournai en sursautant, ne m'attendant pas à une réponse. C'était incontestablement la voix de Mimi, mais je ne la voyais nulle part. Anou avait raison, j'allais devenir cinglé.

Je secouai la tête pour me remettre les idées en place et me donner un peu de courage, puis j'entrais dans la maison, brisant la serrure au passage. Au sol devant moi, sur le tapis, il y avait une bonne dizaine de paires de chaussure, tous de filles. Je levais la tête pour écouter ; j'entendais un petit bruit, un murmure, ou des murmures. Quelque part dans cette maison, il devait y avoir une pyjama party ou un truc dans le genre. Il aurait peut-être mieux fallu que je revienne une autre journée, je le pensais sincèrement, je sors d'ici ! mais je ne fis qu'avancer et regarder le décor, cherchant quelque chose sans n'avoir aucune idée de ce que je cherche.

Je passais une cuisine où, sur le plan de travail, il y avait deux grands sacs de chips vide. Je continuais mon chemin, passant maintenant dans un corridor où il y avait plusieurs portes. Je m'arrêtais, sentant que ce que je cherchais était derrière l'une de ses portes, seulement, je n'avais aucune idée laquelle. Celle qui était devant moi, une porte blanche, était la seule où je voyais de la lumière en ressortir, par le bas de la porte. S'il y avait vraiment un pyjama party, ça se passait derrière cette porte, surtout que j'entendais maintenant très clairement les voix, ainsi que le film qui jouait. La voix de l'acteur me disait quelque chose, pourtant j'étais incapable de trouver le nom du film, peut-être un film qui était sortie après ma mort.

- Mimi, dis-je tout bas, espérant que les filles ne m'entonneront pas, où je dois aller ? Et qu'est-ce que je cherche ?

J'attendis pour une réponse, mais rien ne vint. Je levais la tête, cherchant un son quelconque, mais je n'entendais rien. Et c'est trop tard que je me rendis compte du problème : je n'entendais rien. Les filles de l'autre côté de la porte ne parlaient plus et le film avait été mis sur pause, ou sur mute.

C'est quand je me rendis compte qu'il fallait vraiment que je sorte d'ici que la porte devant moi s'ouvrit en grand, me montrant une dizaine de petite fille dans les dix ans, toutes en pyjama rose, me regardant toutes avec de grands yeux.

Je voulu aussitôt me retourner et partir avant que l'une d'entre elle ne se décide à crier à ses parents, mais je restais totalement figé quand mon regard croisai celui de la fille qui avait ouvert la porte. Ce n'était pas un fantôme, mais une fille parmi tant d'autre, il reste toujours qu'elle était le portrait craché de Mimi. Elle me regardait de ses yeux noir et calme, contrairement à toute les autres derrière elle qui semblaient sous le choc. Pourtant, moi aussi, j'étais sous le choc. Surtout sous le choc de revoir quelqu'un qui me ressemble à ce point – Sarah ressemble trop à sa mère, laquelle n'a aucun lien avec moi, et Henry, eh bien, il ne me ressemble tout simplement pas -, Mimi avait les cheveux d'un même noir que moi, plus long et bien raide, elle avait aussi la peau plus foncée, bien sûr, et j'arrivai à entendre sa respiration. L'ironie de l'histoire, Mimi semblait plus vivante que moi.

JaydenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant