Chapitre 23

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J'étais déjà bien assez troublé comme ça, que Sarah découvre que je suis un vampire - non que j'ai été le plus normal possible avec un très grand échec visible, il fallait qu'elle découvre la vérité et sois vague comme ce n'est pas possible -, je n'avais pas besoin en plus que, tout juste cinq minutes plus tard, Céline débarque dans ma chambre au pas de course, les yeux rougit, mais les joues bien secs, comme si elle se retenait de pleurer, mais qu'elle ne pourrait plus résister très longtemps.

Je me faisais petit dans mon coin, les couvertures remontées jusqu'au nez. Je n'avais rien fait qui justifiait une envie de pleurer aussi intense, à ce que j'en sais, mais j'avais tout de même une grande impression que c'était à cause de moi.

Pitié, faites que Sarah n'ait pas parlé ! Pitié, pitié, pitié !

- Jayden, dit lentement Céline, toute sa concentration à contrôler sa voix. Est-ce que tu as vu ton ami Ben, dernièrement ?

Sur le coup, je ne savais plus quoi penser. Ça n'avait rien à voir avec Sarah qui aurait vendu la mèche, parfait. Mais ça avait plutôt à voir avec... Ben.

- Oui, je l'ai vu cette nuit, avouais-je en me redressant dans le lit. Pourquoi, qu'est-ce qui a ?

Céline secoua la tête et poussa un grand soupir. Elle ne put retenir une larme de couler au coin de son œil.

- Viens, suis-moi.

Elle se retourna et sortit de la chambre, et je sautai en bas de mon lit pour la suivre au pas de course.

- Qu'est-ce qu'il a, Ben ? demandais-je encore, la suivant de près dans l'étroit corridor. Qu'est-ce qui se passe, dis-moi !

Je me sentais sur le bord de la crise de nerfs. Ou même, pire, la crise de meurtre. Je sentais déjà mes mains qui tremblaient, je devais fermer les poings à m'enfoncer les ongles dans les paumes pour les en empêcher.

- Céline, s'il te plait...

Mais au même moment, nous arrivâmes dans l'entrée, où nous attendait déjà Henry, Sarah, et Sylvie, la mère de Ben. Cette dernière avait apparemment déjà pleuré toutes les larmes de son corps et ne semblait plus avoir assez d'énergie que pour une seule chose ; me pointer du doigt.

- Ben m'avait dit que t'étais revenu, dit-elle lentement, les lèvres tremblantes. Il disait aussi que t'étais jamais parti, du coup, je l'avais pas cru. Mais cette fois, c'était différent, je le voyais bien.

Je hochai la tête, redoutant la suite. Sans même connaitre encore la fin de l'histoire, rien que l'ambiance me donnait envie de pleurer avec eu. Quelque chose était arrivé à Ben, c'était évident.

- Il a disparu toute une journée pour revenir hier soir, c'est là qu'il m'a dit que t'étais revenu. Mais que t'étais un monstre, et que tu l'as tué.

Sylvie eu un petit rire, comme voulant signifier « comment aurait-il pu faire tout ça, s'il était mort ? ». Elle ne semblait même pas prendre au sérieux ce qu'elle disait elle-même.

- C'est ce qu'il a dit, puis il est allé dans sa chambre. Je l'ai laissé tranquille, j'ai pas insisté ! Eh bien, ce matin, quand je suis allé le voir... je l'ai trouvé mort dans son lit.

J'étais totalement figé. Mon cerveau tout entier venait de sombrer dans une cuvette de toilette, ne laissant plus qu'un grand trou noir. Sylvie s'était déjà retournée, prête à repartir, quand je trouvai enfin la force de secouer la tête.

- C'est pas possible, dis-je, la voix tremblante.

Sylvie se retourna vers moi, les yeux vides, comme si elle regardait au-delà du visible ; comme si le fantôme de Ben serait là, derrière moi, et dirait « allez, maman. Si tu m'aimes, défonce-moi la tête de ce taré. »

JaydenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant