Je n'avais pas fait grand-chose de plus cette nuit-là, autre que rouler, et arrêter quand j'étais tout près de la panne d'essence, tourner en rond dans cette nouvelle ville inconnu. Quand le soleil commençait à se lever et que je commençais à ressentir de la fatigue, je retournais à la voiture, où Anou n'avait pas bougé de la nuit. Sur le siège passager, je me roulai moi-même en boule, la capuche de mon sweatshirt sur la tête pour me cacher au mieux du soleil. Plusieurs heures durent passer avant que je ne réveille. Le soleil était toujours là, Anou version humain derrière le volant. Il venait clairement de me réveiller volontairement, mais il n'eut aucun regard pour moi en voyant que je le fixais.
- J'ai fait le plein et j'ai conduit un peu, dit Anou. J'ai peut-être fait cent kilomètres, pas plus... Je peux pas rester humain assez longtemps pour conduire loin. Mais dans le temps que je conduisais, j'ai eu une impression bizarre, mais familière...
- Accouche, j'ai hâte de redormir, marmonnais-je.
- Et comment voudrais-tu que je...
- Facon de parler ! Dis-moi seulement ce que t'as à me dire.
Anou tourna enfin la tête vers moi ; la même tête qu'il avait hier. C'était la première fois que je le voyais deux fois de suite avec la même tête, d'habitude, il chargeait constamment d'apparence. La seule façon que j'avais de savoir si c'était vraiment lui, c'était son collier au cou. Il me regardait d'un air lasse, comme si je l'avais profondément déçu sur quelque chose. Je pris une grande inspiration et tirait à nouveau ma capuche sur mes yeux, ayant une petite idée de la suite.
- Cette fois j'en suis convaincu, t'as ramené les fantômes de ta famille avec toi.
Je haussais les épaules, n'osant même pas répondre à ça.
- Je t'avais dit de pas le faire ! s'écria Anou, visiblement nerveux. J'aime pas les fantômes ! Ils sont... violant et stupide ! Pour toi, aucun risque, mais moi, ils pourraient m'attaquer n'importe quand juste comme ça, j'ai pas envie de finir fou à baver sur le trottoir où je vais me faire ramasser par la fourrière !
- Non, ils sont gentils, c'est ma famille, quand même ! marmonnais-je. Ils te feront aucun mal !
- Ils feront quoi, alors ?
- Rien du tout.
- Ah ouais, rien du tout ? Je suis pas si stupide que ça !
Anou sortit de la voiture en claquant la porte bien fort. Je sentis le stress m'envahir : ça y est, j'ai perdu mon seul ami. De toute façon, il vaut mieux qu'il parte de son plein gré plutôt qu'il se fasse tuer, une fin heureuse serait une première. Il reste toujours que, si Anou part et me laisse seul, je ne sais pas ce que je ferais.
J'attrapai le trousseau de clé de la voiture, puis me lançai à la suite d'Anou. Dehors, le soleil m'éblouit et je dû attendre quelques secondes pour m'habituer au mieux à la lumière. Quand je parvins au moins à voir où j'étais, sur la bordure d'une route longeant une forêt de sapin, je cherchai partout à la recherche d'un quelconque mammifère avec un collier au cou.
- Anou ! criais-je, les mains en porte-voix autour de la bouche.
Il ne répondit pas, mais un mouvement attira mon attention, à près de quarante mètres plus loin, un chat gris courrait en direction inverse. Je soupirais, redoutant le temps passer sous le soleil qui s'annonçait à moi ; j'y était depuis vingt secondes et j'avais déjà hâte d'en avoir fini, mais je mis les sensations de brulure de côté et couru après lui.
Je le rattrapai en peu de temps, passant devant lui pour lui bloquer le chemin. Il me fixa un long moment avec ses yeux de félin, puis s'assis au sol. Je pris ce geste pour un « je te donne le droit de t'expliquer ». Je ne me fis pas prier.
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Jayden
VampirePour Jayden, la vie à changé du tout au tout alors qu'il ne faisait rien de plus que jouer à cache-cache avec ses jeunes sœurs. À un instant, il était simplement là, cacher dans le panier de vêtements sale, dans la salle de lavage... et l'instant d'...