Après que mon partenaire inconnu fut parti, je me rendis compte que je n'avais eu, à aucun moment, l'envie de le mordre, même si je m'étais approchée de sa gorge de très près. Ce n'était pas la première fois.
Depuis la rentrée des classes, je n'avais eu aucune aventure d'une nuit avant celle-ci. Mais pendant les vacances d'été, j'en ai eu… Et là aussi, je n'avais pas eu l'intention de leur faire le « baiser du vampire ». J'avais mis ça sur le fait que l'acte devait détourner mes envies sanglantes. J'espérais pour que se soit vrai.
Et, comme une idiote, j'avais fait la sottise de ne pas lui demander son nom. Bon, d'accord, pour les autres fois, je ne les avais pas questionnés là-dessus. Mais là, j'avais envie de savoir. Peut-être me lassais-je de ces nuits passées avec des anonymes…
Je restais assise dans mon lit, serrant ma couverture sur ma poitrine. La sonnerie stridente de mon réveil brisa le profond silence qui m'entourait, jusqu'ici troublé par la circulation routière. J'avais, de toute évidence, oublié de l'éteindre ; mon téléphone sonna, couvrant le bruit de l'alarme. Je me levai, traînant ma couette avec moi, et entendis la voix d'Amber.
- Tu m'appelles à cinq heures du matin ?
- Eh ! Je viens de me lever, là ! Ouah… C'est fou ce que j'ai mal à la tête…
- Moi non.
- En même temps, tu sais bien supporter l'alcool !
- Et encore, je ne me suis pas ménagée sur la boisson.
Amber soupira.
- C'était qui, le mec avec qui t'es partie, hier soir ? me demanda-t-elle.
- J'en sais rien. Mais je sais qu'il est dans notre lycée.
- Et t'as fait quoi, avec ?
De quoi elle se mêle ? Je l'aimais bien, mais il y avait des limites à tout ! Et je n'avais certainement pas envie de parler de mon activité sexuelle avec elle.
- Pousses pas trop loin, Amber !
Elle soupira encore.
- Et toi, c'était qui ?
- Comment ça, qui ?
- Attends, je t'ai vu avec un illustre inconnu en train de faire des trucs pas très catholiques…
Silence.
- Je n'ai pas couché avec, au moins ?
- Non, en tout cas pas le court instant où je t'ai vu avec. Mais lui non plus ne doit pas s'en souvenir.
Nouveau silence.
- Je te laisse, dit-elle précipitamment.
- À lundi.
Je remis le téléphone à sa place. Toujours avec ma couverture, je m'assis dans le canapé. Je finis par la laisser là, et j'allais me doucher et m'habiller. Je voulais aller voir Ella.
La maison semblait avoir été remise en état. Seuls quelques gobelets jonchaient la pelouse du jardin frontal, décidément solitaires. Je toquais. J'entendis des pas lourds et traînants se diriger vers la porte. Ella m'ouvrit, un masque de tigre sur le front, en soutien-gorge et jupe de travers, juchée sur des bottines de la hauteur d'un gratte-ciel. Malgré cela, elle ne m'arrivait qu'au sommet du crâne. Elle était relativement petite.
- Salut, Carter…
- Salut. Je viens pour aider à nettoyer.
- À six heures et demie du matin ?
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Pulsions
RomanceSix mois. Vingt-quatre semaines. Six mois que j'ai fui, vingt-quatre semaines que je suis loin de mon ancien chez moi. Six mois que je les ai abandonnés, laissés seuls là -bas. Vingt-quatre semaines que le sort de mon âme s'est scellé. Six mois. Vin...