Vingt

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   Maman,

   Je regrette de ne pas avoir eu le temps de t’écrire avant, mais il faut dire qu’en ce moment, je suis un peu dépassé par les évènements. Ma vie prend un tel tournant, si tu savais… Je crois que je vais devenir fou.

   Je ne suis même pas chez moi. Non, je suis chez Alix. J’ai besoin de t’en parler, à toi, parce que les autres sont aussi bouleversés que moi. Je dois le dire, c’est beaucoup trop douloureux pour que je le garde pour moi.

   Par quoi je commence ? Par le plus gros ; ça se résume en quatre mots.

   Carter est un vampire.

   Si, je te jure, c’est vrai ! J’ai vu de quoi elle est capable. J’avais tellement peur… De quoi, je n’en sais rien. Mais j’étais tellement effaré… Je ne sais pas comment décrire ça.

   Et j’ai vu à quel point ma réaction lui faisait mal. Je ne le voulais pas, mais ça été trop tard. Cerise sur le gâteau, il se trouve qu’Alix est une sorcière. Ouais, génial. Et Ty est un loup-garou, pendant qu’on y est.

   Malgré ça, j’aime toujours autant Carter. Quand je repense que j’ai été en couple avec un vampire, il y a un frisson qui me parcourt. Pas de peur, mais d’excitation, d’adrénaline.

   J’en souris. Peter est celui qui a le plus de mal à se remettre. Je ne sais pas pourquoi. Il ne veut pas m’en parler. Ni à moi ni à personne d’autre, d’ailleurs.

   Ce qui m’intrigue le plus, c’est ce Liam. Il a surtout osé toucher Carter. Il l’a mise dans un état… pas physiquement, mais mentalement… J’ai peur pour elle. Je ne la crois pas, mais j’ai peur pour sa santé mentale. Elle s’est mise à crier le nom de sa sœur. Elle l’a hurlé, pendant un petit moment. Elle a perdu connaissance deux fois en une journée. La première fois à cause du choc, la deuxième à cause de moi. Je l’ai frappée.

   Je l’ai frappée. Je lui ai fait mal.

   Je me dégoûte moi-même. Mais ça passe.

   Pour en revenir à Liam, Carter m’a raconté : le genre de type qui s’amuse à martyriser tout ce qui est faible, d’après. Mais Carter n’est plus la même que dans son ancienne vie. Alors la question se pose : que vient-il faire à Paris ?

   Surtout que ce mec est beau. Quand je dis qu’il est beau, c’est qu’il est presque irréel tellement ça atteint des sommets dans la magnificence humaine. Je comprends pourquoi Carter est tombée amoureuse de sa naïveté, pendant ce qu’elle appelait sa « période de naïveté ». Si j’étais gay, j’aurais été comme elle.

   Mais il a demandé à parler à Carter. Je ne sais pas ce qu’il lui a dit – ou ce qu’il voulait lui dire, mais ça a fini en bagarre. Ils se sont battus en pleine rue, apparemment. Je n’étais pas là, mais j’aurais aimé, juste pour essayer de la défendre…

   Je me sens inutile. Je lui fais du mal et je ne peux même pas veiller sur elle. Quel gendre idéal je fais !

   Carter m’a tout dit, ça y est. Plus de secrets, plus de cachotteries. Et Alix m’a aussi raconté la nuit de sa transformation, pour me faire comprendre à quel point ça a été brutal et pourquoi elle est aussi enragée contre elle-même. Je suis tolérant, je suis prêt à l’aider, s’il le faut. Je suis prêt à me donner à elle si elle crève de faim.

   Après tout, il n’y a qu’elle qui me retienne vraiment ici.

   Tout va vraiment trop vite. J’ai pris du recul, et il s’est passé tellement de choses… J’ai du mal à croire que j’ai réussi à surmonter. Vivement que ça se termine.

   En tout cas, je ne sais pas ce qui se passera durant les prochains jours, mais va falloir s’accrocher.

   À tout ce qu’on peut, tant qu’on ne tombe pas.

   Désolé de ne pas pouvoir t’en dire plus, mais je te promets de te parler plus longtemps la prochaine fois. J’irai même te rendre visite, dès que la tempête sera calmée.

   Je t’embrasse,

   Gabriel. ♥

PulsionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant