2 : Un jeu dangereux

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Harold avait enfin trouvé une solution pour soigner l'Horreur des Mers. C'était certes assez ... insolite, mais il y avait des chances pour que ça marche. Il sortit de sa hutte en courant, à la recherche des jumeaux. Il les retrouva au Pavillon Central, pliés de rire avec Rustik. Le jeune viking se fit un malin plaisir à les tirer de leur fou-rire. 

— Kogne, Krane ! hurla-t-il.

Malgré tout, il avait le sourire aux lèvres. Comme à chaque fois, Harold adorait aider un dragon. Au bout de trois ans maintenant, il en avait fait, des sauvetages. Surtout depuis qu'ils étaient à la Rive... Mais c'était toujours pareil, il ne s'en lasserait jamais.

— Est-ce que vous en avez encore, de votre pâte verte ?

— L'hydratant à lèvres des Thorston ? Bien sûr, mon cher ami. Vous-êtes vous enfin décidé à en acheter ? dit Kranedur d'un air faussement professionnel.

Harold soupira.

— Donnez-moi tout ce que vous avez.

Kranedur jeta un œil à sa sœur.

— Prends les comptes, frangine. Je m'occupe du client.

— Bien sûr, frérot, acquiesça la sœur, griffonnant dans un carnet sortit d'on-ne-sait-où.

Le frère Thorston attrapa Harold amicalement, et commença à lui narrer une histoire en chemin.

— Et c'est donc le jour de l'arrivée de Têtedur que nous avons découvert cette formidable ... euh ... découverte ! Fin de l'histoire.

Ils étaient arrivés face à la fosse aux bêtes. Des pots étaient empilés dans un coin. Harold fronça les sourcils.

— Une seconde ... Ce ne sont pas les pots qui contenaient l'acide d'Aile de la Mort ? demanda-t-il.

— Évidemment ! Qu'est-ce que tu croyais ? Il faut le meilleur de la Rive pour stocker notre superbe pâte verte !

Harold se tenait les tempes, tentant de garder son calme. "Je suis venu pour guérir l'Horreur des Mers" se dit-il. Kranedur présentait les pots de différentes tailles. Dessus était écrit "Magnifique hydratant à lèvres pour soigner vos lèvres. Par les Thorston." Avec, bien sûr, un record de fautes d'orthographe. Harold les prit toutes, sans un mot.

— Pour payer, va voir Kognedur ! cria le dragonnier, de loin.

Harold soupira, n'y prêtant pas attention. Il siffla Krokmou, qui apparut sans tarder. Le dragon n'avait pas lâché Harold une seconde, de nature protecteur. Ce dernier rangea ses achats dans les sacs de cuir, accrochés d'un côté et de l'autre de la selle du dragon noir. Il monta juste après et s'envolèrent vers les jardins de Varek. D'après lui, le dragon allait mal. Chez les Horreur des Mers, c'est la queue qui produit les ondes électriques, leur principale source de défense et de survie. Or, si leur queue est blessée, les ondes électriques n'étaient plus produites, les laissant à la merci des prédateurs. Ils ont dû beaucoup souffrir avant d'arriver à la Rive, où ils se rappelaient sans doute des dragonniers qui les avaient aidé la dernière fois.

Krokmou se posa, et Harold descendit rapidement, les pots entre ses mains.

— Varek ? cria le brun.

L'intéressé apparut, le visage grave.

— Comment il va ?

— De plus en plus mal. Apparemment, cette espèce ne se sert pas des ondes électriques seulement comme coups de défense.

— Comment ça ?

— Je crois qu'ils les utilisent pour que leur système fonctionne, j'ignore encore comment, mais c'est sans doute ça qui permet à leur cœur de battre, ou alors quelque chose dans ce genre-là. J'espère que tu as trouvé quelque chose, sinon ...

— J'ai trouvé comment cicatriser leur blessure ! dit-il en brandissant fièrement les pots des jumeaux.

Varek lut rapidement les inscriptions.

— Magnifique hydratant à lèvres pour soigner vos lèvres par les Thorston !?

— Oui, c'est ça !

Le blondinet crût en l'instant d'une seconde que son ami était devenu fou. Quelle personne saine d'esprit irait acheter quelque chose aux jumeaux ? Sûrement pas Harold.

— Cette pâte a des propriétés très hydratantes, tu sais, expliqua le jeune dragonnier.

— Dois-je te rappeler que ce n'est que du cérumen d'oreille ?

— Oui, faudrait que tu le dises à Gothi, d'ailleurs ... Où est le dragon ?

Varek conduisit Harold au grand bassin d'eau chaude. L'Horreur des Mers flottait à la surface, n'ayant pas le courage ni la force de plonger au fond. Il semblait très faible.

— C'est bizarre, pourquoi est-ce qu'ils auraient besoin de leurs ondes électriques pour vivre alors qu'il n'y a aucun prédateur ? se demanda tout haut Harold.

 — C'est ce que j'essaye de comprendre.

Les pots dans les mains, le brun unijambiste entra dans l'eau, sans crainte d'être mouillé. Le dragon n'offrit aucune résistance. Peut être parce qu'il savait qu'il pouvait faire confiance aux dragonniers ... ou alors parce qu'il n'avait pas la force de riposter. On n'en savait rien. Sans difficultés, Harold commença à poser la pâte sur la peau desséchée du dragon.

— Au moins, nous avons la preuve qu'il n'y a pas que les Ebouillantueurs qui se dessèchent la peau quand ils sont exposés à de la chaleur, dit Varek, tentant de trouver un point positif.

— On le savait déjà, Varek. C'est tous les dragons de classe Onde.

— Oui, mais là, on l'a vu de nos propres yeux.

Il ne répondit pas, absorbé par sa tâche. Il avait fini de couvrir la queue de l'Horreur des Mers. Il ne restait plus rien dans tous les pots. "Qui airait cru que ce truc ridicule aura servit à quelque chose !" pensa Harold en souriant intérieurement. Avant de sortir de l'eau, Il regarda le faible dragon. Il caressa l'une des têtes en souriant, par compassion. Dans un geste lent, le dragon se frotta au torse d'Harold. A contrecœur, Harold quitta le dragon en sortant de l'eau.

— Je vais rester le surveiller, Harold, ne t'inquiète pas.

Il sourit.

— J'espère que ça marchera.

Le jeune dragonnier monta sur Krokmou. Il s'apprêtait à partir, mais Varek le retint.

— Harold ?

— Oui ?

— Les chasseurs de dragons ne s'arrêtent pas. Nous avons recueillit de plus en plus de dragons blessés ... Ce jeu est devenu très dangereux. Trop de risques en sont l'enjeu, tu le sais.

Harold ne répondit pas. Il partit, perplexe. Et si il fallait arrêter ? Et si il devait laisser Viggo en paix pour éviter la mort de dragons et de vikings innocents ? Krogan, Viggo, ils savaient. S'attaquer à son point faible pour gagner. Harold le savait aussi. Il déglutit, de peur. Varek avait raison, c'était beaucoup trop dangereux. Harold rentra dans sa hutte sans piper mot. Krokmou ronronna affectueusement, mais il ne s'en rendit même pas compte.

C'était devenu beaucoup trop dangereux.


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Voilà, le deuxième chapitre. C'est assez court, je trouve. J'essayerais de faire mieux la prochaine fois, promis.

Finalement j'ai décidé de publier tous les mardis et samedis, car j'ai pas mal de chapitres en avance.

Rendez-vous à mardi donc !

A bientôt dragonniers ! Et en attendant, portez-vous bien !

Ðrekki-Eldr

Conquérons le ciel [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant