1: Sous l'eau

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— Il était une fois à la rive du dragon ...

— Non ! s'exclama Kognedur, agacée.

Les jumeaux, qui s'étaient réveillés de bonne heure, se mettaient d'accord sur le texte de leur spectacle matinal.

— Il faut que ça ai une sonorité à la fois littéraire et réaliste.

Son frère écouta les explications d'un air faussement attentif. Kognedur elle-même ne connaissait pas les significations de ses paroles.

— Et je dois faire quoi donc ? demanda le frère.
— Bah, chais pas, c'est à toi de le faire, pas moi.

De longues minutes passèrent, et les Thorston finirent par improviser. C'est donc placé derrière l'Oreille du Tonnerre, que Krandur commença :

— BIEEEEN LE BONJOUR LA RIVE DU DRAGON !
— C'EST KOGNE ET...
— ... KRANE, ET ...
— ... POULET ! QUI VOUS RÉVEILLENT !

Ces spectacles matinaux n'avaient plus aucun effet sur les dragonniers. L'habitude, que voulez-vous. Rustik continuait à ronfler -bruyamment. Varek dormait encore, Bouledogre à ses côtés, et un livre sur son ventre. Astrid était sans doute allée faire un entraînement matinal, et Harold s'activait à la forge, Thor seul sait pour quoi. 

— POUR LES COMMANDES, C'EST FACE A LA FOSSE AUX BÊTES ! finirent-ils.

Kogne et Krane avaient commencé à vendre leur "hydratant à lèvres", aussi connu sous le nom de cérumen d'oreille. Les jumeaux se pressèrent donc d'aller prendre leurs stocks, pour passer les vendre. Chacun portant sa marchandise, ils firent le tour de la Rive, sans avoir vendu un seul pot. Mais les jumeaux ne se découragèrent pas.

­— Hydratant à lèvres, simple et efficace ! Prenez soin de vos lèvres !

— Kogne ! Je t'ai déjà dit que j'en voulais pas, de ta pâte verte débile ! s'écria Rustik.

Kognedur repartit vers d'autres huttes. Elle arriva face à celle d'Harold, et ouvra sans ménagement.

— Hydratant à lèvres, simple et efficace ! Prenez soin de vos lèvres !

Harold se tenait debout, face à elle, et apparemment agacé. Elle n'y fit pas attention, et rapprocha son visage du sien, comme pour lui révéler quelque chose. Elle chuchota :

— Si tu veux qu'Astrid apprécie tes baisers, il n'y a rien de mieux que ça, mon cher ami !

— Oh non, dites-moi que je rêve, dit Harold en soupirant de désespoir.

Kognedur souriait de malice. Il allait craquer, elle le savait ! Encore un peu, encore un peu ... Sauf qu'au lieu d'entendre un Harold lui crier une punition, elle entendit un hurlement féroce d'un dragon blessé. La colère d'Harold retomba d'un coup, laissant place à de l'inquiétude.

— C'était quoi, ça ? demanda-t-il

Kognedur le dévisagea avant de répondre :

— Tu me déçois, Harold Haddock. Ne sais-tu donc pas reconnaître le cri d'un dragon en détresse ? Et dire que l'on t'appelle le conquérant des dragons ...

Harold soupira. Pourquoi avait-il posé la question ? Kognedur ne lui étant d'aucune aide, il appela Krokmou, et s'envolèrent très rapidement. La dragonnière les regardait au loin.

— Pff, il ne sait pas ce qu'il rate, dit-elle en baissant les bras.

Elle sortit de la hutte en soupirant. Lorsqu'elle releva la tête, Tempête, suivie de Bouledogre et Krochefer s'envolèrent juste sous son nez. Le vent la fouetta après leur passage, tant ils allaient vite.

Conquérons le ciel [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant