10 : A l'île de l'Anguille

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— A ton avis, pourquoi Ingrid veut qu'on aille à l'île de l'Anguille ? demanda Astrid avec une once d'inquiétude dans la voix.

Harold hésita. Que devait-il répondre pour la rassurer ? Il n'en savait pas plus qu'elle.

— Je suis sûre qu'elle va bien, elle a sûrement découvert quelque chose là-bas, dit le jeune brun d'une voix incertaine.

— Et les Dames Ailées ?

— Là, j'avoue que j'ai pas d'idées...

Astrid resserra encore plus sa prise autour des hanches de son ami. Ils étaient partis très tôt, et voilà maintenant plusieurs heures qu'ils volaient. La belle blonde se souvenait, encore et encore, de ce merveilleux moment. Il ne quittait pas ses souvenirs, et elle ne voulait pas qu'il la quitte. C'était un doux réconfort qui venait lui réchauffer le cœur quand elle en avait besoin. Mais malgré tout, elle n'était pas satisfaite. Parce qu'à ce moment là, elle ne pouvait pas le voir... Et même si elle l'avait senti, Astrid ne s'en contentait pas. Alors cette fois, elle a recommencé. Elle fourra sa tête dans le creux de sa nuque, et cette fois-ci, elle l'a vu. Vu l'être qu'elle aimait depuis toujours de très près. Elle sentit les mèches brunes, rebelles, qui lui chatouillaient le lobe de son oreille, comme un duvet des plus douces plumes qui existent réunies. Elle a senti la si bonne odeur de cuir de yack et de forêt qui se dégageait de son cou. « Mes Dieux, est-ce possible de faire mieux comme sensation » se répétait-elle sans cesse. Elle détaillait chaque parcelle de peau qui était visible, sous sa tunique rouge. Sa peau si blanche et si douce... Et puis elle ne résistait plus. La jeune fille couvrit son cou de baisers furtifs et rapides. Elle en piqua un par-ci, et un par-là, sans jamais trop s'attarder. A chacun de ceux-là, elle inspirait une grosse bouffée d'air, emplie de cette odeur qu'elle adorait. Elle ferma les yeux et se laissa envahir par cette si douce émotion et décida de tout oublier. Une seule question revenait sans cesse dans son esprit. Qu'est-ce qu'il ressentait, lui, en ce moment ? Et s'il n'appréciait pas ? Et s'il ne voulait pas qu'elle se mette ainsi contre lui ?

Harold ne put s'empêcher d'avoir un frisson quand la jeune fille l'enlaça. C'était toujours comme ça, il ne s'était pas encore habitué. Mais après l'effet de surprise, c'est le bonheur qui lui vint. Il allait même jusqu'à se dire que c'était mieux que la Valhalla... Le jeune brun n'osait rien faire, de peur de tout gâcher. Il préférait profiter de cette émotion nouvelle qui l'envahissait tout doucement. Il sourit d'un sourire béat, en laissant s'échapper un soupir de satisfaction. Le bonheur ne tenait pas à grand-chose, en soi. Seulement ces quelques mèches blondes qui venaient lui caresser son cou avec tant de douceur, et ce souffle si délicat réchauffer sa peau. Ces belles lèvres qui viennent, de temps à autre, agripper sa nuque et l'embrasser. « Mes Dieux, est-ce possible de faire mieux comme sensation » se disait-il encore et toujours.

Si seulement ce vol pouvait durer pour toujours, pensa l'homme avec une réelle conviction.

— Si seulement ce vol pouvait durer une éternité, souffla Astrid, avec une voix incertaine.

Harold poussa un laissa s'échapper un petit rire.

— J'ai pensé la même chose à l'instant.

— Eh bien tant mieux, répondit la jeune fille en prenant de l'assurance.

A présent, elle s'était complètement blottie contre son amant, la tête posée sur le creux de son épaule. Elle n'hésitait plus à le couvrir de baisers passionnés, et profitait de chaque instant du voyage à dos de dragon. Elle ne pensait plus à rien, ne réfléchissait plus à rien. Tout avait disparu autour d'elle, il ne restait plus que ce beau ciel matinal et Harold. Et son Harold. Dans la tête du jeune homme, tout se confondait et se mélangeait. Plus rien n'était net en lui, il était submergé par tant d'émotions. Des émotions si puissantes. A vrai dire, il n'avait pas senti une telle émotion depuis cette fameuse journée. Celle qui resterait à jamais gravée dans sa mémoire, parmi tant d'autres. Le jour où il avait dressé Krokmou, il y a trois ans. Mais encore plus qu'avoir dressé un dragon, il avait rencontré son meilleur ami.

Conquérons le ciel [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant