16.

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«...puis vint l'acceptation.»

C'est ça non ? Ce qui marque l'arrêt définitif de ma souffrance c'est le fait que je l'accepte. C'est ce que j'ai en tête, c'est ce que mon cœur espère. Cependant, je sais bien que cette épreuve, bien qu'elle ai de grandes chances d'être la dernière, c'est aussi une des plus difficiles. Parce que c'est comme ça que ça marche, la dernière partie n'est pas la plus difficiles à cause du fait que c'est la dernière. Si tout ce que j'avais vécu avait été moins dur, j'aurai eu bien moins de mal à m'y faire.

J'ouvre à Damien. Je ne dis rien et je le laisse observer mon état. Mon visage est rougis par les larmes, et je n'ose pas vraiment le regarder. Je sais que je dois, c'est une partie de l'épreuve après tout, mais ça ne rend pas la chose moins difficiles de me dire que je dois absolument le faire.

-Eh.

Il me prend la main, tend son bras gauche et la met dessus. Mes doigts frôlent sa peau. En passant dessus, je sens un ou deux endroits qui se trouvent être un peu plus durs. En regardant de si prêt, je remarque des traces, des vieilles cicatrices que je n'avais jamais remarquées. Alors que je les fixe, je pense au fait que, au premier jour, j'espérais que Damien ne me voit pas tel que j'étais vraiment. Je comprends maintenant que moi, je n'ai jamais vraiment vu qui il était.

Je me demande si il a espéré comme moi.

-J'en ai aussi, des blessures de guerres. Bon, moi je me les suis faites moi même, donc c'est pas exactement pareil mais... je sais pas, c'est juste pour te dire que t'es pas tout seul.

Auto infligées ou pas, ce qu'il me montre reste une blessure de guerre. Enfin, si seulement il n'y en avait qu'une à voir. Je décide alors que, si aucune cause ne vaut la peine qu'on y perde la vie, chaques marques laissées sont en quelque sorte une preuve de force. Si on a une cicatrice, on a dût finir une bataille. Interne ou non. Un combat est un combat.

Je redresse la tête pour le regarder. C'est à peine si il m'en laisse le temps ; j'ai l'occasion de voir son visage tout aussi rougi que le miens, puis une étreinte s'impose. Je le laisse faire, faute de pouvoir le repousser. Et de toute façon, je sais que j'en ai besoin.

Je suis sans voix, à sec. Plus capable de me mettre à pleurer et pourtant infiniment triste. Je le sens trembler contre moi, et je sais qu'il pleure. Il pleure pour moi et c'est sans doutes la pire chose qui puisse nous arriver maintenant.

Je ne veux pas qu'il soit triste. Encore moins pour moi. Ça va à l'encontre de ce que je m'efforce à faire.

Damien était tout cassé, même si il n'en a jamais rien dit. Je crois qu'il l'est toujours, puisqu'on ne répare pas quelqu'un rapidement, même si ça serait plus pratique.

Mais en tout cas, il est un peu moins cassé maintenant.

Je ne l'ai jamais directement empêché d'aller se souler. Je ne l'ai jamais obligé à parler quand ça n'allait pas.

J'ai compris, il y a assez longtemps pour que j'en garde le souvenir, qu'on ne peut pas réparer quelqu'un qui pleure.

Tout ça pour dire, ce moment est un des pires de ma vie. Parce que j'ai réussi à ruiner ce que, moi même, j'essayais de faire.

Combien de tortures devrais-je endurer pour avoir provoqué des larmes chez Damien ?

Alors que je m'occupe à patiemment me descendre, le bleu gémit entre deux sanglots :

-Je suis désolé, je te jure... si j'étais resté ton ami, tu n'aurais jamais souffert... ça aurait changé tout ça et tu n'aurais pas toute ces blessures... pardonne moi...

Traces d'encreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant