Il est difficile d'imaginer à quel point c'est possible de monter au plus haut sur l'échelle du progrès en seulement quelques minutes. De même, c'est tout aussi dur d'imaginer à quel point on peut descendre, et ce, dans les mêmes "quelques minutes".
J'ai déjà expérimenté ça plusieurs fois, et pourtant ce n'est jamais la même chose. Pas de théorie, pas de pensées récurrentes. En plus, je le sais, chaque réaction est propre à la personne qui réagit.
Enfin, tout ça pour dire qu'avec Damien, le baiser s'est emballé. Nos pieds ont difficilement trouvé le chemin de la chambre. Depuis que je me suis souvenu d'Alice, depuis que je nous considère comme un couple, il n'a pas passé de nuit dans le lit, avec moi. Évidemment, les seules fois où nous avons dormi ensemble, c'était quand il était bourré. Et puis comme il s'en sort bien niveau alcool en ce moment...
Mais là, alors qu'il me soulève pour ne pas perdre plus de temps, je comprends bien la situation.
Il me relâche sur le lit, en souriant légèrement alors qu'un rire nerveux m'échappe.
Lui, ce n'est pas elle.
Lui, ce n'est pas eux.J'ai beau me le répéter, j'ai beau en être véritablement convaincu, ça n'enlève pas le sentiment de peur qui habite le fond de mon âme. Qu'est ce qui pourrait bien m'effrayer ? Je n'ai pas peur que Damien fasse quelque chose que je refuse de faire. Je veux dire, je sais ce qu'il fait, quand sa bouche dévie pour envahir mon cou de baisers, et j'en brûle d'envie. Peut-être que j'ai oublié ? Ça n'aurait rien de bien étonnant d'ailleurs.
On a tous des limites. Dans certaines situations, on les dépasse, parce que c'est faisable, parce qu'on se rend compte que si on ne le fait pas immédiatement, on ne le fera jamais. Ainsi, nous passons notre vie entière à repousser nos limites, petit à petit, pour s'améliorer. Cela dit, certaines limites ne sont pas faites pour être dépassées trop vite, outre le fait qu'elles demandent plus de temps, elles demandent plus d'attention, plus de délicatesse pour être franchissables.
Et bien, ceci étant dit, j'aurai aimé connaître ma propre limite avant de laisser le bleu m'emmener dans la chambre.
J'ai l'impression que la boule dans mon estomac remonte pour se coincer dans ma gorge lorsque sa main gauche passe sous mon pull pour m'effleurer le ventre. Ses doigts agrippent le bord du tissu et le remonte légèrement.
Il est sur la limite, tend avec hésitation un pied à l'extérieur. Et moi, je panique quand je me souviens de ma raison d'être effrayé à la base.
-Arrête !
Je crie ça, fébrile. Mais je ne bouge pas, je tiens juste son poignet, d'une main tremblante, sans y mettre une vraie force.
Aucune résistance.
J'ai peur.
De lui un peu, de moi. Ma peur doit toujours tourner autour de quelqu'un, comme si elle ne pouvait pas juste se contenter d'être infondée.
Il va être furieux si il voit ce que j'ai toujours caché par des pulls.
Furieux, oui. Contre moi, pas forcément.
Je suis un idiot d'avoir voulu progresser comme ça dans l'avenir alors que je n'ai jamais pris le temps de me réconcilier avec mon passé. Jordan a raison alors, cacher ce que j'ai vécu, l'ignorer en allant jusqu'à me forcer à l'oublier, c'est loin d'être la bonne solution. Parce qu'il y a bien un moment où je m'y retrouve confronté sans la moindre possibilité de fuite.
Voilà donc que j'arrive à ce moment, dans la panique. Mon envie par rapport à Damien et ce qu'il me faisait s'est évanouie en vitesse.
J'aimerai accepter son toucher pourtant. J'aimerai ne pas avoir à lui cacher quoi que ce soit. Mais c'est trop tard, je le sais. J'aurai dû penser à ça avant. On ne rattrape pas l'erreur d'un mensonge.

VOUS LISEZ
Traces d'encre
Romance«Je pense qu'une histoire n'est jamais trop courte, Parce qu'entre la fin de la guerre et le début de l'amour, Entre la mort et la vie, Entre les mots et les lettres, Il y a l'infini.» Cette histoire est une fanfiction de type Terraink, bisous aux h...