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Je viens d'apprendre que Damien avait une voiture. Ça me paraît fou d'apprendre ça maintenant alors que je vis chez lui depuis un long moment déjà. Enfin, comme je me le dis souvent, il n'est encore qu'un inconnu, malgré le temps qui passe.

Enfin bref, tout ça pour dire que sa voiture est garée à même pas deux minutes de chez lui, à un endroit où la rue n'est pas exclusivement piétonne. Et maintenant, je suis dans son véhicule, les yeux fixés sur le petit sapin jaune qui se balance, accroché à son rétroviseur. Quand je suis entré, une légère odeur de vanille flottait dans l'habitacle, alors je suppose que c'est ce petit sapin qui est à l'origine de ça.

Le bleu a à peine eu le temps d'allumer la radio, la première chanson passant sur le poste n'est même pas finie qu'il manœuvre déjà afin de se garer.

-On a pris la voiture pour rouler deux minutes ?

-À pied ça fait dix minutes, et je pense pas que ça soit le moment de te faire faire de l'exercice.

-Je ne suis pas faible...

-Si. Ce soir tu l'es en tout cas.

Je baisse la tête. Évidemment, je sais qu'il a raison. Je ne sais juste pas si c'est grave ou non d'être faible. Il pose sa main sur mon bras.

-Ça va aller Thomas. Fais-moi confiance.

Je ferme les yeux puis pose ma main sur la sienne. J'ai beau être perdu et ne rien savoir, je suis sûr d'aimer le contact physique que nous avons là. Mon cœur se sert légèrement et je souris presque. Je ne comprends pas immédiatement pourquoi ça me fait autant de bien.

Après un moment de silence, je lâche :

-Tu m'emmènes où au juste ?

J'ouvre les yeux pour regarder nos mains. Mon cœur bat vraiment vite, je m'en rends compte d'un coup.

-Chez un ami à moi.

Je reste silencieux.

-Tu sais, si tu ne veux vraiment pas, je lui dis et on rentre à la maison.

Il bouge sa main, et je suis prêt à me sentir triste, pensant qu'il ne veut plus que je le touche ainsi. Au lieu de ça, il entrelace simplement nos doigts.

-Ça va, j'ai pas parlé à qui que ce soit à part à toi depuis un moment.

Il rit un peu.

-Je t'emmène pas là juste pour que tu te sociabilises. Il habite au dernier étage de son immeuble, et l'accès au toit est assez simple.

-Tu... on va monter sur le toit d'un immeuble ?

-T'inquiète pas Thomas, je l'ai déjà fait.

-Je vois pas en quoi c'est rassurant...

Il rit à nouveau.

-Fais-moi confiance.

Je prends une grande inspiration. Étrangement, je n'ai aucun problème à lui faire confiance. Je ne me suis jamais posé la question, mais maintenant qu'il me dit de le faire, je sais que je l'ai pratiquement toujours fait.

Mon silence semble lui répondre de façon positive, puisqu'il sert très légèrement ma main une dernière fois avant de la lâcher pour sortir du véhicule.

Une autre grande inspiration.

Un soupir de plus.

Et je sors à mon tour, posant un pied hésitant sur le trottoir, puis l'autre. Je ferme la portière derrière moi.

-C'est pas très loin, suis moi.

Évidemment, c'est ce que je fais. C'est pas comme si j'avais autre chose à faire.

Traces d'encreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant