J'ai tellement mal au pied. Je ne sais pas ce qui me pousse à avancer encore, encore.
J'ai cessé de courir il y a un moment, et je suis vidé, incapable de savoir pourquoi je courais.
Vers où j'allais ?
Vers où je vais ?
Mon cœur bat fort quand j'y réfléchis. Je crois que ça m'est déjà arrivé, d'avoir un trou de mémoire.
Je crois.
Mes mains se resserrent avec force sur le morceau de tissus traversant mon torse. J'ai ce sac sur moi, ce joli sac rouge qui a des airs des cadeaux.
Je suis parti d'où ?
Pourquoi partir ?
Qu'est-ce que je fais là ?
Pourquoi ici ?
Oh et puis j'ai tellement mal de marcher.
Mon poids plume me fait trop de peine.
Je suis trop fatigué.
Je m'échoue finalement sur le trottoir d'une rue. Je suis là, assis en tailleurs, dans cette rue si calme. Plus loin, je vois une avenue où des voitures passent, tellement plus nombreuses qu'ici. Le calme est faussé.
Je me laisse vite aller en arrière, ma tête rencontrant le sol avec une force qui ne m'impressionne pas. J'ai sûrement ressenti pire que ça.
Peu importe quand.
Je sais que j'ai eu pire.
J'écarte les bras, étend un peu plus mes jambes sur la route.
Je suis un peu comme Jésus sur sa croix, sauf que moi je suis par terre et pas sur une croix, mon corps n'est pas mourant, et personne n'est là pour me regarder mourir. En fait, je ne sais pas trop pourquoi je me suis comparé à lui.
Le ciel est sombre au-dessus des lampadaires oranges.
Que s'est-il passé ?
Quand suis-je partis ?
Et mon cœur balance, fort, comme agité par des vagues en plein ouragan.
Je n'ai jamais été aussi calme. Si seulement on peut appeler ça du calme. En pensant à ce détail, je me compare à la rue dont le calme est faussé par l'avenue.
Puis je pense que si je suis la rue, quelqu'un est l'avenue.
Et je m'embrouille encore, parce que c'est trop compliqué de penser. Et parce que je réalise que j'y arrivais en temps normal et que ça veut dire que maintenant, quelque chose manque.
Je sais que j'ai encore fuis. Comme si mon schéma se répétait tristement. Pourtant, je ne me souviens pas de ce schéma.
Je tente de me rappeler, et au creux de ma mémoire, une image hurle pour se faire voir.
Seulement, je sais que je ne supporte pas de la voir. J'ai ce sentiment de peur en pensant à ce que je pourrais découvrir, et je me rétracte.
Quoi que ce soit, j'ai trop de mal à le voir en face.
Je ferme les yeux, effleure mes paupières mobiles du bout de l'index et du majeur alors qu'il se met à pleuvoir. Pour le coup, je sais aussi qu'il a plu aujourd'hui, mais c'est simplement parce que je suis couché par terre et que le sol est déjà trempé quand le ciel se met à pleurer.
Ah, elles sont bien plus belles, les larmes du ciel.
Je comprends vite. Je suis loin d'être calme, mais ça y ressemble

VOUS LISEZ
Traces d'encre
Romance«Je pense qu'une histoire n'est jamais trop courte, Parce qu'entre la fin de la guerre et le début de l'amour, Entre la mort et la vie, Entre les mots et les lettres, Il y a l'infini.» Cette histoire est une fanfiction de type Terraink, bisous aux h...