Chapitre 3

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J'émergeais progressivement d'un sommeil profond et à travers mes paupières à moitié closes, je percevais la lumière vive du soleil. Les sourcils froncés, je levais un bras pour me cacher les yeux et je remarquais que ma main était bandée.

La cage... Valkyon... La chute.

Je me redressai précipitamment alors que les derniers événements me revenaient en mémoire. Où étais-je ? Mon regard balaya une pièce qui m'était inconnue. Des murs orangés la rendaient lumineuse et un air frais entrait par une fenêtre en faisant voleter les rideaux. Une odeur florale émanait des draps en soie et pour la première fois depuis mon arrivée, je me sentais fraîche et propre.

Je mis un peignoir au-dessus d'une robe en voile blanc et fis le tour de la pièce. Des fruits étaient disposés dans une corbeille en bois sculpté et une méridienne faisait face juste devant la fenêtre, donnant vue sur un jardin vert.

La poignée de la porte grinça et une jeune femme tout de bleu vêtue entra. Elle remarqua le lit vide, me chercha des yeux et sourit à ma vue.

- Appelez le chef de la Garde d'obsidienne. Demanda-t-elle calmement au garde qui surveillait la porte. Alors, tu as bien dormi ? Me questionna-t-elle.

- Où est-ce que je suis ?

- Dans l'une des nombreuses chambres du palais. Je suis Alajéa ! Se présenta-t-elle d'un air enthousiaste. Tu as sûrement faim !

Elle me désigna une table au fond de la pièce où trônait une corbeille de pain frais, entourée de petits pots remplis de confiture. L'eau me vint à la bouche et je commençais à me servir sans prendre le temps de m'asseoir.

- Au fait, comment vous m'avez sorti de là ? Demandai-je la bouche pleine.

- Le chef de la Garde d'Obsidienne t'a sorti de l'eau. Le voilà d'ailleurs...

La porte s'ouvrit sur Valkyon. Il me fusilla du regard mais laissa la place à une autre personne. La reine Emerelle portait une robe bleue en velours qui découvrait ses épaules, laissant voir un collier en argent chargé de pierres blanches scintillantes. Alajéa s'inclina respectueusement à son passage.

- Nalah, approche. M'ordonna-t-elle d'une voix douce.

J'avançais nerveusement après avoir dégluti. Arrivée près d'elle, la reine posa sa main sur mon épaule et ensemble, nous avançâmes sur le balcon.

- Vois-tu le groupe là-bas ?

Elle désigna du menton un groupe d'une dizaine de créatures, bien plus massives que de simples hommes. Ils étaient vêtus d'habits en cuir. Leurs visages à la peau marron et tannée n'étaient pas humains, ni elfiques, ni rien que je connaisse. Leurs oreilles et leurs narines étaient percées d'anneaux, leurs cheveux tressés étaient entrelacés de plumes et des défenses sortaient de leur mâchoire.

- Ce sont des orques de l'Empire. Expliqua-t-elle. Ils ont déclaré la guerre à Eldarya il y a trois siècles de cela. Ils ont réduit de deux tiers mon royaume et tuer des millions d'eeliens. La guerre a prit fin depuis 10 ans, mais leur but reste le même : nous anéantir. Ils n'utilisent plus la guerre, mais nous appauvrissent. Ils sont ici pour négocier une partie de la richesse que l'on extrait de nos mines de diamants. En échange de quoi, ils nous laisseront en paix.

Son regard, ne pouvant plus supporter la vue de ces créatures répugnantes, autant physiquement que moralement, vint se poser sur moi. Une expression de colère passa sur le visage de la reine, réprimée par une maîtrise parfaite de ses émotions.

- Et que faisons-nous contre ça ?... Rien... Nous ne pouvons qu'accepter parce que nous sommes affaiblis et nous n'avons pas le choix.

La reine se détourna en faisant voler le tissu coloré de sa robe et sortit de la chambre. Valkyon posa sa main sur mon épaule, me forçant à la suivre. Pendant deux à trois minutes, nous marchâmes silencieusement, le long d'un corridor sinueux Devant une tapisserie la reine sortit une clé et écarta le tissu pour découvrir une porte dérobée qu'elle déverrouilla avant d'entrer. Je pénétrais dans une pièce sombre, où une odeur de renfermé me sauta au nez. Le guerrier derrière moi alluma une applique murale qui diffusa une faible lumière, ne me permettant pas de mesurer la superficie de la salle. Un pan de mur était en fait une juxtaposition de fenêtres masquées par d'épais rideaux. Le plafond était recouvert d'une mosaïque de petits carrés bleus clair et au milieu de la pièce, la reine gravit trois marches pour accéder à une estrade centrale. Je découvris une forme blanche au milieu, un drap, recouvrant une silhouette fantomatique. La souveraine tira sur le tissu pour dévoiler un socle en pierre monumental où un ensemble de symboles complexes étaient gravés. Plus qu'un support, c'était une œuvre d'art. Emerelle caressa nostalgiquement la roche, son doigt dessinant les runes travaillées, elle parla enfin pour couper le silence pesant qui s'était installé.

[Eldarya][Valkyon][Terminée] La ProphétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant