Prologue

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• ° •

     En haut, une forêt d'hommes et de femmes. En haut, le monde des grands étaient en ébullition. Tout grouillait d'un étrange bourdonnement. Les oreilles sifflaient tellement le son était sourd.

   Elle, elle était en bas, avec son air si innocent et enfantin. Les sirènes faisaient rouler les larmes sur ses joues. Une griffure parcourait l'une d'elle, une importante coupure découpait son sourcil gauche et du sang s'en échappait. Son nez était dans le même état. Ses vêtements, partiellement déchirés, volaient au rythme des pas de l'homme au casque qui la portait. Sa grosse veste bleu marine avec deux uniques rayures fluorescentes brillait dans les phares des différents véhicules alentour.

    La petite fille hurlait. Le sang l'horrifiait, et la scène qui se déroulait la tétanisait. Elle se cramponnait au coup épaissi par les couches de tissu du pompier, qui courrait vers un des camions écarlates. Elle ne quittait pas de ses yeux glacés le petit soleil qui se consumait derrière eux.

Un feu... Des flammes... Une chaleur...

    Un amas de ferraille fondait sous l'incendie. Une voiture avait perdu la vie. Un grave accident avait eu lieu sur cette route boisée, dans un virage humide...

   La lumière illuminait la route grouillante d'hommes et de femmes. Ambulanciers, pompiers, gendarmes... Tous tournaient autour du sinistre.
   Certains tentaient d'entrer dans le véhicule brûlant : sans succès.

   Le pompier déposa enfin la petite fille blessée et brulée sur un lit, dans une ambulance silencieuse. Une femme, et un homme étaient à ses côtés. La femme préparait des soins, et l'homme s'était mis à son niveau, pour espérer pouvoir échanger quelques mots sur ce qu'il s'était passé.

   Oui, c'était la seule survivante.

  « –   Eh, petit ange... murmura d'un ton étonnement doux le pompier, en ôtant son casque. Tu as de la chance d'être ici, tu sais... »

   Elle sanglotait toujours des grosses larmes, et s'essuyait les yeux avec ses mains couvertes de suie et de brûlures.

  « –   Dis moi, comment tu t'appelles ? » demanda-t-il alors d'une voix toujours aussi douce.

   Il y eut un temps, où se fit entendre le cri d'un homme qui lançait un ordre. Mais la petite fille ne répondit pas, beaucoup trop choquée par ce qu'elle avait vécu.

   L'homme, conscient que l'enfant ne dirait rien, se releva et se dirigea vers son acolyte. Il était dépité, même si sa carrure imposante lui donnait l'air d'être impassible, voir insensible. Ses cheveux brun ébouriffés par le casque suintaient. Il s'adressa alors à l'ambulancière, qui semblait jongler avec toutes les boîtes de soins pour brûlures et plaies.

  « –   Tu crois qu'elle va s'en remettre ? 

   –   Elle gardera quelques cicatrices, comme celle à son sourcil, fit simplement l'infirmière. Elle vit un choc émotionnel, elle est beaucoup trop brusquée pour qu'on lui pose ces questions...

   –   Je sais, mais...

   –   Romain... »

   Elle lui attrapa le bras, et leur regard se connectèrent. Celui du dénommé Romain brillait de chagrin, tandis que les yeux de la femme, ressemblant à deux pierres d'ambre, scintillaient d'espoir.

  « –   Elle a perdu ses parents... »

   Il baissa la tête, confus.

  « –   Je sais, Alix, je sais... »

   Alix rapprocha alors son compagnon près d'elle, et le serra dans ses bras, tout en gardant à l'œil l'enfant qui sanglotait la disparition de ses parents. Ses cheveux blond et lisses s'ondulaient sous le souffle de Romain.

   Mais soudain, à la lueur du feu de l'accident, quelque chose se mit à briller.

   Là-haut, dans le ciel... Semblable à une étoile... Une étoile bleue, scintillante... Puis, cette lueur disparue, mais une autre chose apparue.

   Une plume brillante se déposa sur le sol, avant de se dissiper dans le bitume chaud.

   Les deux adultes avaient été témoins de la scène, et virent aussitôt la petite fille se calmer, et s'endormir profondément.

    Ils se regardèrent, abasourdis. Puis, Romain prit Alix par les deux épaules et planta son regard châtain dans le sien. Il chuchota d'une voix dure, et sans appel :

  « –   Tu as vu comme moi, n'est-ce pas ? Jamais, tu m'entends, jamais, personne ne saura ce qu'il vient de se produire.

   –   Mais enfin, Romain, je... balbutia Alix, le regard embué par des petites larmes confuses.

   –   Jure-le-moi. »

   Une larme dévala la joue de la jeune femme. Elle soupira, et fixa de nouveau le pompier, de son regard brillant de tendresse et de conviction.

  « –   Je te le promets. »

   Ils se serrèrent dans leur bras, avant que l'homme ne repartent auprès de ses compagnons de travail. Alix, quant à elle, revint au chevet de la petite endormie.

  « –   Fait de beaux rêves, mon petit oiseau... »  lui chuchota-t-elle tendrement, tandis qu'une larme donnait l'assaut sur son autre joue.

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Voilà une nouvelle histoire !
Je ne me lance pas dans du Fantasy, mais quelque chose de plus soft...
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