Chapitre 17 - Métamorphoses

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     Le toit faisait une voûte parfaite. Un toit clair, troué de part et d'autre, laissant filtrer les quelques rayons du soleil magique. On avait vraiment l'impression d'être dans les nuages. La nuit, ce devait être encore plus magnifique...

   Je vis des animaux voler, aussi. Des oiseaux, ou d'autres volatiles en tout genre, et surtout de toute taille. Aigles, corbeaux, mouettes, colombes, chouettes, hibou, perruches... Je n'allais pas toutes les énumérer, je n'aurais sans doute pas fini à la fin de ma vie !

   J'avançais toujours sous cette pluie d'oiseaux, près de Lunaë, qui semblait très sereine, comparée à moi, qui était la plus tendue et paniquée du monde. J'avais peur qu'à tout moment un être volant ne me tombe dessus, par mégarde. Je faisais attention, même si la fascination du spectacle était toujours présente.

   Puis, ma docere bifurqua sur la droite. J'y remarquai un étrange petite porte en bois d'un blanc immaculé, et qui se fondait presque dans le mur de nuage cotonneux. D'un simple geste de main, sans même toucher la petite poignée blanche de la porte, elle l'ouvrit. Une véritable magicienne ! C'était impressionnant déjà là, je n'imaginais même pas ce qui allait m'attendre derrière cette porte...

   Lunaë s'engouffra dans les escaliers qui montaient vers le ciel... Attendez, le ciel ? Comment était-ce possible ?! Comment nous pouvions monter alors que je n'avais vu aucune structure à l'extérieur ? J'étais cloué sur place, et peinais à avancer correctement sur les petites marches moelleuses. Pourtant, j'essayais de maintenir la cadence que m'infligeait ma docere, qui progressait avec une lenteur qui me paraissait tellement rapide... Ma tresse se balançait au rythme de ma montée. Les escaliers nous menaient tout en haut du repaire, mais nous ne voyions en dessous de nous qu'un ciel azur parsemé de petits moutons volants au gré de la légère bise. Un ciel magique, en somme. Il y avait moins de monde ici, d'ailleurs.

   Puis soudain, les escaliers s'arrêtèrent brusquement de monter, pour arriver sur une petite plate-forme, où un nuage de quelques mètres carrés laissait place à un petit arbre blanchi par le givre. Jamais je n'aurais cru voir une plante d'une grâce et d'une beauté si éblouissante sur un nuage, encore moins dans le ciel. Ses branches semblaient se courber sur elles-mêmes pour essayer de se protéger d'un froid... inexistant. Je n'avais pas froid. Je ne sentais pas non plus une quelconque fraîcheur. Pourtant, je voyais Lunaë grelotter.

   « Pourquoi as-tu froid ? lui demandai-je alors, en détournant mon regard de l'arbre givré. Je ne sens absolument aucune fraîcheur.

   –   C'est tout à fait normal, Novice Astrid, me répondait-elle calmement dans un claquement de dent. Ton animal fétiche est un harfang et les animaux de cette espèce ne craignent pas le froid. Ils peuvent résister à une température de moins cinquante degrés.

   –     Moins cinquante !

   –    C'est un animal très noble, continua-t-elle malgré mon exclamation. Son pelage se fond parfaitement dans une couche de neige d'hiver. Il va falloir que tu retiennes tout ça, puisque cet animal fait désormais partie de toi. C'est important pour l'équilibre magique qui réside dans la plume que tu portes déjà. Tu ne devrais pas encore la posséder, d'ailleurs.

   –     Pourquoi je l'ai, alors ? l'interrogeai-je, dubitative.

   –     Ton destin est écrit autrement que celui des autres. Reprenons, veux-tu ? »

   Je fus prise de court devant un changement de sujet si brutal. On me cachait encore des choses. Mais je serais amenée à le savoir, c'en était sûr.

La plume & l'Oiseau [sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant