𝑳𝒆 𝒑𝒊𝒂𝒏𝒊𝒔𝒕𝒆. 𝑵𝒂𝒎𝒈𝒊

Vingt-quatrième partition

Nam Joon fixe la composition, un peu stressé. Depuis ce matin il ne fait que la chantonner en espérant que cette dernière s'accorde parfaitement bien avec le pianiste. Il ne décroche plus son regard de la petite feuille et s'est fait bousculer à plusieurs reprises pour son inattention. Encore maintenant, il manque de ne pas descendre au bon arrêt. Un soupir puis il ajuste son long manteau, le fermant contre lui. Le vent froid d'automne revient et les beaux jours lui manquent déjà et les mois d'hiver ne vont plus tarder. Déjà. Il lui semble que sa rencontre avec YoonGi date d'avant-hier et pourtant elle remonte à quasiment un an. Il n'aurait jamais pensé que le petit deviendrait son ami et encore moins son amoureux. La première fois qu'il l'a abordé c'était naturel, pour simplement l'aider. Jamais il n'avait eu la pensée de devenir un couple avec lui. C'est progressivement qu'il a pris conscience de ses sentiments et ne le regrette pas. Il a eu le temps pour s'habituer à cette douce chaleur constante dans son corps, à apprécier un peu plus encore les petites attentions de l'autre et de le découvrir lentement. Ils ont tous les deux parcouru un long chemin mais il est fier du résultat. Peu importe si le pianiste gagne ou non le concours. Il a obtenu quelque chose de bien plus important qui est le sentiment d'amour profond. Un sourire se dessine sur le visage de l'étudiant à toutes ses pensées quand quelqu'un le bouscule à nouveau. Il s'incline pour s'excuser avant de relever la tête et de découvrir le visage de l'aîné des Min.

Toujours parfaitement bien habillé avec des vêtements de marque ainsi que sa longue écharpe qu'il a constamment avec lui. Il se tient droit et adresse un regard condescendant à Nam Joon. L'atmosphère qui, jusqu'à maintenant était agréable, devient soudainement froide et le plus jeune se sent même mal à l'aise. Il sait que son frère ne l'apprécie pas du tout, pensant qu'il lui vole la seule chose qu'il reste dans sa vie. Depuis le début, il cherche toujours à l'éviter ne voulant pas créer un conflit inutile. L'épisode de l'hôpital lui a rapidement fait comprendre que ce n'était pas la peine d'obtenir un semblant de conversation avec ce dernier. De plus, l'aîné doit terriblement lui en vouloir d'avoir fait souffrir son cadet pendant plusieurs semaines. Mais cette fois il ne peut pas simplement l'ignorer et fuir. Après tout, il a également la protection du petit. Il ne sait même pas si YoonGi lui a dit pour eux. Il n'a surement pas osé gardant le secret pour le moment. Il doit le faire, c'est la moindre des choses. Nam Joon entre ouvre les lèvres mais il est devancé.

« Je le sais. »

Ses lèvres se tordent et l'étudiant décide de ne rien ajouter. Son timbre de voix est glaçant et sec.

« Je ne suis pas idiot. Dès que tu apparais dans sa vie, il est souriant, heureux. Il quitte l'appartement tout seul en prétextant faire les courses mais revient les mains vides, ses mélodies au piano sont bien différentes et il retrouve sa motivation perdue. »

C'est touchant d'un côté. Le petit semble vraiment bien avec lui mais Nam Joon se retient d'esquisser un sourire à ses mots ne voulant pas aggraver la situation, elle est déjà assez délicate comme cela. Il s'incline une nouvelle fois.

« Je suis désolé, YoonGi aurait dû vous le dire mais il a senti que vous ne m'aimiez pas. Alors pour éviter les disputes, il a gardé le secret. »

Après tout ce n'est que la vérité mais il se doute bien que son grand frère doit être en colère de ne lui avoir rien dit. Ils partagent tout depuis la naissance et sont terriblement proches mais si dès le départ l'aîné avait fait des efforts en voyant que le délégué ne voulait aucun mal, le petit lui aurait tout avoué et très rapidement.

« Mais vous devriez être heureux qu'il essaye de sortir plus souvent, qu'il ait des amis et quelqu'un pour le protéger. Vous ne pourrez pas toujours être à ses côtés. Il est grand maintenant. Il ne veut plus qu'on lui tienne la main, il a juste besoin de quelqu'un derrière lui pour le rattraper en cas de chute. »