CHAPITRE 1 : LISAJ'ai eu le cœur brisé des milliers de fois.
Je suis incapable de rester en couple plus de trois jours. C'est ainsi, dans ma nature, et je n'y peux rien. En vérité, je ne suis pas le seul responsable de cela. Techniquement si mais la vraie responsable c'est ma maladresse. Elle et moi sommes deux êtres différents mais elle me colle aux basques depuis tout petit. On dirait un vieux chewing-gum sur lequel on a marché et qui refuse de se décoller de la semelle de nos chaussures. Depuis le temps qu'elle me poursuit, j'ai appris à vivre avec et à toujours lui remettre la faute dessus. Comme mon échec cuisant avec toutes les filles que je rencontre.
Elles sont rares celles qui trouvent ma maladresse mignonne, mais il y en a. Seulement, elles finissent par fuir dès qu'elles se rendent compte qu'il n'y a pas qu'elles qui m'intéressent mais les trois quarts des filles de la ville. J'ai un sérieux problème avec cela mais je n'ai jamais trouvé le moyen de retenir mon attention sur une seule fille à la fois. Et je les blesse souvent. Même si ce sont elles qui me quittent. Alors au bout du compte, on a tous le coeur brisé et personne n'en sort indemne. Ni elles ni moi.
- ... me dépasse complètement. Tu vois dans les films c'est le moment où je vais dire que c'est de ma faute et pas de la tienne mais ce serait hypocrite de ma part. Parce que c'est bien toi le problème, Timéo. Comment tu expliques que pas une seconde depuis que nous sortons ensemble, tu n'aies regardé que moi?
Lisa est en train de rompre avec moi alors je ne réponds rien. J'ai été largué tellement de fois que je sais reconnaître quand une fille est en train de la faire. Et j'ai aussi compris - avec l'expérience - que d'essayer de me défendre ne rimait à rien. Les filles sont bornées et lorsqu'elles ont décidé de me quitter, elles le feront quoi que je dise. Alors j'attends patiemment qu'elle finisse son monologue. Il est vrai que je l'aimais bien Lisa. Elle était drôle et jolie avec ses boucles blondes mais je n'ai pas réussi à l'aimer suffisamment pour elle. Même en un mois.
- J'ai l'air d'une débile égoïste qui te demande de ne voir que moi mais c'est vrai quoi! On est sensé être un couple et ne voir que l'autre mais non. Pas toi. Pourquoi ? Je ne sais pas. Et tu sais quoi? Je ne veux pas le savoir. Parce que je suis prête à parier que dans cinq minutes tu vas regarder la jolie brune qui arrive derrière toi au lieu de m'écouter. Alors c'est fini Timéo. T'es mignon mais j'ai eu ma dose.
Lisa s'est levée du banc, m'a fusillé du regard parce que je venais de détourner le mien sur la brune - qui est vraiment très jolie - et elle est partie, les boucles volant dans le vent.
Je savais à quoi je m'exposais en embrassant Lisa pour la première fois il y a un mois sur ce même banc. Mais j'ai foncé tête baissée, comme toujours, en me disant que peut-être que cette fois serait différente de la précédente, comme toujours. Et comme toujours, je me suis fait larguer sur le banc en face du plus gros chêne du parc. Question d'habitude.
•••
Je suis rentré à la maison presque immédiatement après m'être fait plaqué. Quand je dis presque, cela veut dire que j'ai passé une bonne demi heure assis sur le banc à ressasser les bons moments passés avec Lisa. Je fais ça après chaque rupture. Car même si je suis conscient que je n'arrive pas à aimer les filles avec qui je sors autant qu'elles le voudraient, une partie de moi est blessée.
La porte d'entrée claque derrière moi en même temps que je me débarrasse de ma veste en jean.
- Tu rentres déjà mon lapin ? Lance ma mère depuis le salon.
"Mon lapin". Elle m'appelle toujours ainsi et à vrai dire, je m'en fiche du moment qu'elle ne le fait pas en public - et encore. Ma mère est la meilleure personne de l'univers et sûrement la seule femme qui arrive à accaparer 100% de mon attention. Et non seulement elle est la meilleure personne que l'univers n'ait jamais porté mais elle est également la plus belle du monde. Et je ne dis pas ça parce que c'est ma mère.
Je la rejoins dans le salon et la trouve assise dans le canapé en tissé bleu nuit, couverte par le vieux plaid jaune poussin en laine qu'elle a rapporté d'un voyage au Pérou il y a des années de cela. Je n'étais pas né, alors c'est pour dire. Seul son buste n'est pas caché par de la laine et laisser deviner un haut de jogging rouge écarlate en imitation velours démodé mais qui ne va qu'à elle dont la fermeture éclair est remonté presque jusqu'en haut. Elle est bien la seule personne au monde à pouvoir porter ce genre de fringues sans avoir l'air ridicule.
Je me laisse tomber à côté d'elle, devant la télévision qui diffuse Les Reines du Shopping. Ma mère adore regarder cette émission si bien que je me retrouve régulièrement avec elle, à écouter les remarques de Cristina Cordula et des candidates sur l'une d'entre elles. Mais ça ne me dérange pas, il y a des choses plus graves dans la vie que de ne pas avoir le choix du programme télévisé.
- Tu n'étais pas censé être avec Mathilde ? Demande ma mère alors que la pause de publicités démarre.
Elle est comme ça, incapable de retenir quel est le nom de ma petite amie. Mais je ne peux pas lui en vouloir, et pour cause, elles changent régulièrement.
- Lisa, répond-je en posant les pieds sur la table basse en pin. Elle a rompu.
- Les chaussures sur la table Tim, assène-t-elle en désignant mes pieds du bout de l'ongle. Tu n'étais pas avec une Mathilde ?
J'enlève mes pieds de la table, me déchausse rapidement et les repose:
- Plus depuis un bon mois et demi. Jusqu'à cet après-midi, je sortais avec Lisa.
- Mon pauvre chéri... Ces filles sont incapables de voir que tu es un bon garçon.
Je hausse les épaules. Elles ont très bien vu qui j'étais. Seulement, elles n'ont pas compris que je ne faisais pas exprès de me désintéresser d'elles de temps en temps. Parfois, je me dis que j'aimerais bien avoir de l'intérêt pour une seule fille, que j'aimerais être sûr que c'est elle. La bonne. Celle avec qui je veux passer toute ma vie.
- Je... commencé-je. J'ai l'impression qu'elles voient très bien qui je suis. Je crois que c'est moi le problème.
Ma mère se tourne vers moi, les yeux lançant des éclairs:
- Ah non! S'insurge-t-elle. Je ne suis pas d'accord que tu penses une chose pareille de toi! Tu es le meilleur fils et le meilleur garçon qu'il existe au monde.
- Tu dis ça parce que je suis ton fils.
- Écoute mon lapin, les garçons regardent d'autres filles, c'est très courant et même normal. Les filles aussi regardent d'autres garçons. Tu n'es pas le problème. Le problème c'est que ces filles avec qui tu sors ont pensé que tu ne serais pas un énième garçon qui regardait ailleurs. Sauf que tu es humain, Tim. Et tous les humains regardent autour d'eux.
Je lui souris pour la remercier. Ses mots m'ont touchés. Même si je ne suis pas totalement d'accord avec tout ce qu'elle dit. Si je ne suis pas le problème, alors j'ai un problème.
__
je tiens à ce que vous sachiez qu'il n'y aura pas de rythme de publication du tout pour cette histoire. j'avais trop envie de la publier aujourd'hui parce que ça fait des mois qu'elle est dans mes brouillons et que je surkiffe les persos de cette histoire.
(aussi tous les chapitres sont au même pdv, le titre n'indique pas de pdv)A.
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Toutes les filles du monde
RomanceTiméo a deux problèmes : sa maladresse et son incapacité à porter son attention sur une seule fille à la fois qui lui font souvent mal au cœur. Se faire larguer lui est devenu régulier. Et il y a Laurène, cette fille que personne ne remarque jamais...