CHAPITRE 28: Anaïs

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CHAPITRE 28: ANAÏS


Laura a raison. Elle a tellement raison qu'à peine suis-je sorti de la maison de mon meilleur ami, que je me dirige vers le parc d'un pas décidé. Je suis désormais convaincu que si je vais voir Laurène et que je lui dis directement tout ce que j'ai sur le cœur, tout sera plus simple. Dans cette histoire, elle n'est pas la seule à avoir versé des larmes. Je ne compte même pas le nombre de fois où je me suis senti comme une merde parce que j'étais incapable de ne pas la faire pleurer. Mais tout ça, c'est fini. Je m'en fais la promesse.

Quand j'arrive au parc, je suis essoufflé d'avoir marché si vite, à tel point que je sens de la sueur glisser sur mon front, juste à l'endroit où mes cheveux retombent. Et comme si je n'avais pas déjà assez eu la poisse aujourd'hui, il n'y a personne sous le chêne du parc.

La rousse que je cherche n'est pas non plus sur le banc sur lequel nous avons passé des heures à discuter – enfin je faisais la conversation pour deux – au cours des derniers mois. Je suis éreinté mais je ne me laisse pas abattre : je reviendrai demain et tous les autres jours qui suivent s'il le faut. Et il le faut. Je pourrais très bien aller chez elle directement mais je flippe carrément de me retrouver face à sa mère ou pire, sa sœur. Et puis je sais que ça ferait flipper Laurène tout autant que de me voir sur le pas de sa porte à l'improviste.


***


Je suis allé au parc tous les jours de la semaine et à chaque fois, pas de Laurène.

Je sais que j'ai dit que je n'irais pas chez elle mais là, on est vendredi et je ne l'ai pas encore vue. On a quand même échangé quelques textos – parce que je voulais m'assurer que tout allait bien pour elle – et pas une seule fois elle n'a répondu quand je lui demandais si on pouvait se voir au parc.

Comme je sors plus tôt des cours ce vendredi – les bienfaits d'en avoir fini définitivement avec le latin – je me précipite sans trop d'illusions vers la grille du lycée. Même si je suis persuadé qu'elle ne sera pas au parc, je dois y faire un détour avant de passer chez elle.

Il fait tellement chaud que j'ai l'impression de transpirer à chaque pas. Heureusement que j'ai ma veste en jean sur le dos sinon je suis sûr qu'on pourrait voir des auréoles sous mes aisselles sur mon tee-shirt. Traverser le parc me paraît un milliard de fois plus long que d'habitude. Peut-être que c'est parce que j'ai trop chaud ou alors parce que la raison pour laquelle je passe par le parc en cette fin d'après-midi risque de ne pas y être, je n'en sais rien j'ai juste trop chaud.


Quand j'aperçois une chevelure rousse relevée en queue de cheval j'ai l'impression de respirer à nouveau. Pour de vrai. Laurène est là, assise contre le tronc de l'arbre alors que le soleil caresse doucement les courbes délicates de son visage, et je ne peux m'empêcher de tomber amoureux un peu plus fort.

— Salut, dis-je en arrivant à sa hauteur.

Elle lève les yeux et sourit en me voyant :

— Salut.

— J'ai attendu que tu viennes toute la semaine.

Je m'assois sur le gazon à côté d'elle alors que ses joues s'empourprent.

— Est-ce que tu penses que c'est possible de tomber amoureux de quelqu'un quand on est déjà amoureux ?

Je ne la quitte pas du regard et j'attends qu'elle ose croiser le mien. Je veux apprendre à lire en elle.

Toutes les filles du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant