CHAPITRE 22: MELISSA
Pour la première fois de ma vie, je comprends ces personnes qui appréhendent leurs premiers rendez-vous. Aujourd'hui est loin d'être la première fois que je vois Laurène mais c'est la première fois que nous sortons pour de vrai. Les messages dont Estelle et les gars m'ont inondés toute la journée auraient pu me redonner confiance en moi, mais depuis l'incident de mercredi, je crains que Laurène m'en veuille. Si sa réponse ne semblait pas montrer quoi que ce soit de cela, on ne sait jamais ce qu'il peut arriver sur le moment.
Je suis tellement stressé que j'ai passé au moins une demi-heure en caleçon, devant mon armoire, à me demander quoi porter. Je me suis rabattu sur une chemise bleue marine qui était tellement froissée que je me suis brûlé le coude en la repassant, et c'est ma mère qui a dû prendre le relais alors qu'elle était occupée. Mais le pire, c'est que je commence à regretter ce choix parce que j'ai trop chaud et que je vais avoir des auréoles sous les aisselles. Et puis la manche s'est collée à la vaseline que maman a mis sur ma brûlure et ça a laissé une tache grasse au niveau de mon coude. En bref, c'est dégueulasse et il y a tellement de vent dehors que j'étais déjà décoiffé avant même de monter dans le bus. Super.
L'immeuble de Laurène entre dans mon champ de vision et je sens mes mains devenir encore plus moites. Sa silhouette se dessine devant le bâtiment et mon cœur se met à battre plus fort.
— Salut, dis-je en arrivant devant la rousse. Tu vas bien ?
Elle hoche la tête et je ne peux m'empêcher de constater à quel point la voir m'avait manqué. Son sourire timide illumine son visage et j'ose espérer que c'est à cause de moi. Ses cheveux roux sont tressés mais des mèches rebelles encadrent gracieusement son visage. Elle est si belle qu'on dirait un ange.
— On va où ?
Je pourrais passer des heures à la regarder ainsi, et le rouge de sa chemise lui va drôlement bien au teint.
— Timéo ?
— Quoi ? demandé-je en sortant de ma torpeur, elle m'a hypnotisé.
— On va où ? Répète Laurène en me fixant avec ses grands yeux verts.
— Suis-moi.
Je lui prends la main et nous partons en directions de l'arrêt de bus. J'ai les mains moites mais à cet instant-là, je n'en ai rien à faire parce le contact de sa peau m'avait manqué. Je sens les effluves de son parfum caresser mes narines sur le chemin et je peux assurer qu'il sent très bon. C'est un mélange de fleurs très doux.
Dans le bus, je garde sa main dans la mienne comme si j'avais peur qu'elle parte et je ne peux m'empêcher de la regarder à nouveau. Laurène est si belle que je pourrais rester à la regarder pendant des journées entières si je le pouvais.
— Dis-moi un truc que tu aimes et qui n'est pas le dessin, lancé-je pour rompre le silence qui nous enveloppait depuis quelques minutes.
Laurène plante son regard dans le mien :
— Van Gogh, répond-elle du tac au tac.
— Ça a un rapport avec le dessin ça, dis-je peu satisfait de sa réponse.
— C'est mon poisson rouge.
En plus d'être jolie, Laurène est surprenante et j'aime découvrir toutes ces facettes d'elle. J'éclate de rire et elle sourit de plus belle.
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Toutes les filles du monde
RomansaTiméo a deux problèmes : sa maladresse et son incapacité à porter son attention sur une seule fille à la fois qui lui font souvent mal au cœur. Se faire larguer lui est devenu régulier. Et il y a Laurène, cette fille que personne ne remarque jamais...