CHAPITRE 8: Juliette

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CHAPITRE 8: JULIETTE


— Bonjour mon lapin ! s'exclame ma mère lorsque je passe la porte ce matin. Tu as passé une bonne soirée ?

— C'était cool, répond-je exténué par la soirée de la veille.

Maman fronce les sourcils :

— Juste cool ?

— Oui juste cool. On s'est bien éclatés et maintenant je suis fatigué donc je vais aller dormir si tu m'en veux pas trop.

Elle sourit et m'assène une tape sur l'épaule avant de murmurer :

— Aller, file avant que je ne te demande de faire la vaisselle.

Ma mère est vraiment la meilleure.

Je l'abandonne dans le salon et monte à l'étage. Le couloir qui monte à ma chambre est décoré de toutes sortes de photos de Maman et moi – ou juste de moi – dans des cadres de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Sur la majorité de ces photos, j'ai moins de sept ans et je joue à la plage, je saute sur des rochers, je mange ou alors je fais le beau avec ma mère à côté. Ma photo préférée est celle dans le cadre noir tout en haut de l'escalier. Sur cette photo, j'ai neuf ans et je suis dans l'endroit que ma mère préfère dans le monde entier : le Machu Picchu au Pérou. Cette photo me rappelle tous les bons moment que j'ai passé là-bas avec Maman. C'était la première fois que je quittait la France et j'ai adoré chaque seconde passée à explorer les recoins de ce pays avec Maman en guise de guide touristique – rôle qu'elle endossait à la perfection puisqu'elle avait déjà visité deux fois le Pérou – et à râler un peu parce que j'avais mal aux pieds.

Dès que je passe la porte de ma chambre, je m'écroule sur mon lit sans prêter attention au jean retourné qui gît là, au milieu de ma couette roulée en boule au bout du matelas. La soirée d'hier m'a tellement épuisé que quand je me suis réveillé, je n'ai même pas cherché à savoir où étaient Jules et Gaëtan et j'ai pris le premier bus qui pouvait me ramener à la maison. Je n'ai même pas remercié Estelle de m'avoir laissé dormir sur son matelas pneumatique – très confortable soit dit en passant – puisqu'elle dormait encore à mon départ.

•••

J'ai dormi jusqu'à quatorze heures. C'est Maman qui m'a réveillé en entrant sans frapper – comme elle en a l'habitude – pour récupérer de quoi mettre la machine à laver en route. Évidemment, une fois réveillé, je n'ai pas réussi à me rendormir donc je suis allé prendre une douche et me brosser les dents pour me débarrasser de la crasse post-soirée habituelle. J'ai l'impression de sentir de phoque – même si j'ignore l'odeur que dégagent les phoques – et de m'être pris une porte. C'est la même chose après chaque soirée de toute façon.

— Maman ! hurlé-je à peine sorti de la douche. T'as pas vu mon tee-shirt gris ?

— Lequel ? répond-t-elle depuis le bas de l'escalier. Tu en as au moins cinq des tee-shirts gris mon lapin, il doit y en avoir un dans ton placard.

Je soupire et sors de la salle de bain avec une serviette autour de la taille. Mes cheveux sont trempés et des gouttes d'eau glissent dans ma nuque alors que je traverse le couloir pour rejoindre ma chambre. J'ouvre la porte de l'armoire qui trône fièrement contre le mur du fond de ma chambre et constate qu'effectivement, mes cinq tee-shirts gris sont là, pliés et empilés gentiment sur l'étagère alors que je pensais en avoir laissé au moins un dans la salle de bain.

Une fois habillé, je rejoins Maman dans le salon qui a l'air visiblement pressée.

— Tu vas où ? demandé-je.

Toutes les filles du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant