CHAPITRE 23: Ambre

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CHAPITRE 23: AMBRE


 Je n'ai jamais autant pleuré de toute ma vie.

Le visage baigné de larmes de Laurène reste gravée dans ma mémoire depuis qu'elle m'a quitté et je m'en veux. Elle qui est si fragile et si douce ne mérite pas qu'on lui fasse du mal. Pourtant c'est ce que je passe mon temps à faire.

Je n'ai pas bougé de mon lit depuis deux jours. Maman a bien essayé de venir me parler mais elle a vite compris que je n'étais pas prêt à ça et elle me laisse tranquille depuis. Sur la table de chevet, mon portable sonne de temps à autres signe que je reçois des messages et des appels mais je n'ai pas répondu une seule fois. J'ai regardé quelques fois qui étaient les expéditeurs mais j'ai abandonné quand j'ai réalisé que le prénom de Laurène ne s'afficherait pas sur l'écran. La plupart des messages viennent de Jules et Gaëtan qui veulent savoir comment s'est passé mon date et j'ai d'ores et déjà décidé que je ne leur répondrai pas, et il y en a certains d'Estelle qui a fini par arrêter d'insister avec ses messages hier dans l'après-midi et qui me harcèle d'appels depuis. Elle non plus je ne veux pas lui répondre. Je ne veux pas remettre toute la faute de ce qu'il s'est passé samedi soir sur elle parce que j'ai quand même accepté de jouer au con, mais je lui en veux quand même. J'ai passé une soirée et deux jours horribles à cause d'elle. Sans compter que j'ai perdu Laurène. Et cette fois je crains que ça ne soit définitif.

Tout ce que je veux désormais c'est qu'on me laisse tranquille.

— Bon Timéo ça suffit maintenant ! lance ma mère en entrant en trombe dans ma chambre. Je veux bien te laisser tranquille un peu mais ça fait deux jours que tu n'as pas bougé de ton lit et ça commence à bien faire.

— Mmh... laisse-moi tranquille je dors, fais-je en rabattant la couette sur mon visage.

Je sens qu'elle s'assoit sur le matelas, à côté de moi.

— Je te laisse tranquille à une condition, déclare-t-elle après avoir posé la main sur mon épaule. Tu me dis ce qu'il se passe et tu prends une douche parce que tu te négliges mon lapin.

— Ça fait deux.

— S'il-te-plaît mon lapin, raconte-moi ce qui te tracasses.

J'enlève la couette de sur mon visage et croise le regard de ma mère qui s'est allongée sur le flanc, tournée vers moi.

— Il y a rien à raconter, je suis bête c'est tout.

— C'est à cause de ton rendez-vous de samedi soir ? demande ma mère, inquiète.

Immédiatement, je fonds en larmes à nouveau. Mes yeux me brûlent à force mais je m'en fiche. Maman me prend dans ses bras et me serre fort contre elle alors que je me laisse aller de plus belle.

— Elle est partie, finis-je par dire entre deux sanglots. Et c'est de ma faute.

— Inspire et expire un bon coup et ensuite tu m'expliques.

J'obtempère et vide mon sac en tentant de retenir mes larmes. À la fin de mon récit, maman embrasse mon front et dit :

— Tu sais, je crois que tu ne mesures pas encore l'importance qu'a cette fille à tes yeux.

— Comment ça ?

— Tu n'as jamais été dans un état pareil à cause d'une fille, même après Ambre. 

Ambre est mon premier amour. La première fille dont je suis tombé amoureux pour de vrai. Ce n'était pas une fille juste comme ça, avec qui ça n'avait pas duré très longtemps – même si ça avait duré à peine deux mois – parce que nous avions flirté pendant plusieurs mois avant d'officialiser ce qu'il y avait entre nous. J'étais vraiment amoureux d'elle. Et elle m'a brisé le cœur comme les autres. C'était il y a presque trois ans, elle m'a largué la veille de la rentrée en seconde et je ne l'ai pas revue depuis. Alors oui ça avait été court, mais ça avait été intense et j'ai toujours été persuadé que si ça ne s'était pas fini à ce moment-là de nos vies où j'étais encore un gamin fraîchement sorti du collège, nous serions encore ensemble. Ou peut-être pas mais ce qui est sûr c'est qu'elle aurait été la première à la place de Gaëlle.

Toutes les filles du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant