Chapitre 1

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Il y a des matins où je n'ai pas envie de me lever. Ou je me dis « Ok, ça va être une journée de merde ».

Eh bien, vous savez quoi ? Aujourd'hui fait partie de ces matins.

Je savais très bien que j'allais avoir des ennuis. Par exemple, je m'attendais à ce que le concierge me vire de l'immeuble, à ce qu'Adrian me rappelle que je ne l'avais toujours pas payé, ou à ce que ma belle-mère débarque avec son connard de chat.

Mais je ne m'attendais pas pour autant à trouver un alien dans ma cuisine.

J'ai déjà rencontré des aliens. En soi, ce n'était pas tellement ça, le problème. Le problème, c'était que l'alien en question était en train de dévorer mon assiette de pâtes.

Imaginez un peu. Vous croulez sous les dettes, vous n'arrivez pas à garder un job plus d'une semaine, vous galérez à remplir votre frigo et votre vie consiste à attendre que tout le monde se rende compte que vous êtes un dieu et que vous méritez un peu de respect. Vous vous faites cuire des pâtes, en songeant que ce sera votre dernier repas avant un petit bout de temps, vous allez aux toilettes et quand vous revenez, un putain d'alien dévore calmement votre putain d'assiette de pâtes. Vous apprécieriez, vous ?

Moi non plus.

Alors j'ai fait ce que je devais faire. J'ai ravalé ma peur – il faut préciser que l'alien était quand même assez impressionnant – et je l'ai buté.

Enfin, je l'aurais buté, s'il ne s'était pas produit quelque chose d'incroyable. En quelques secondes, la balle a sifflé, l'alien a ouvert la bouche, et la balle s'est coincée entre ses dents. Il m'a lancé un sourire sadique, du genre petit-fdp-je-vais-bien-te-faire-chier, et il l'a avalée.

J'ai essayé de ne pas céder à la panique – encore une fois, c'était difficile, je rappelle qu'un alien est une bête particulièrement dangereuse – et j'ai répété l'opération. Avalée, avalée, avalée. L'alien bouffait mes balles de pistolet et je ne pouvais rien y faire.

Évidemment, mon chargeur s'est retrouvé vide.

Et voilà.

J'en suis là.

Je n'ai plus aucun moyen de défense et j'ai la désagréable impression que je vais finir en garniture de l'assiette de pâtes. Je détaille l'alien, son corps bleuâtre et décharné, ses griffes qui doivent bien mesurer dix centimètres, sa bouche hérissée de crocs.

Une bonne journée de merde, je vous dis.

L'alien grogne.

Je comprends que je n'ai plus le temps de réfléchir. Je l'attrape par le crâne, et je le claque dans les spaghettis. Ça fait « Spouich ». Et après le « Spouich », je commence à courir.

Et après que j'ai commencé à courir, l'alien se lance à mes trousses.

Alors que ma technique consiste à être le plus rapide possible, celle de l'alien tient en trois mots : balancer des trucs.

C'est bourrin, mais efficace. Cet abruti manque de me crever un œil avec une fourchette.

Passablement énervé, je quitte mon appartement, m'élance dans le couloir de l'immeuble, appuie comme un forcené sur la touche de l'ascenseur, me faufile entre les portes automatiques et les referme au nez de l'alien. Non sans résister à la tentation de lui faire un petit coucou juste avant pour le narguer.

Un grand sourire collé aux lèvres, je m'adosse aux parois de l'ascenseur, sauf qu'il ne... descend pas.

Merde.

J'allais enfoncer le bouton « Rez de chaussée » une seconde fois lorsque les portes reçoivent un coup. Puis un autre. Puis un autre. L'acier se déforme. Une main griffue jaillit de l'ouverture.

Mon cœur rate un battement. Je me précipite vers les portes pour tenter de les refermer, en vain. Même ma force herculéenne ne fait pas le poids contre celle d'un alien.

Bientôt, je suis forcé de relâcher la pression, et une monstrueuse figure fait son apparition. Ses dents s'entrechoquent. Elles sont nombreuses, longues, et extrêmement pointues.

Oh. Mon. Dieu.

Est-ce que je vais vraiment finir mâché par... ça ?

Cette observation précipite la fin de notre lutte, et l'alien profite de ma faiblesse pour pousser d'un seul coup, et pénétrer dans l'ascenseur.

Je me jette sur les commandes. Trop tard. L'extraterrestre arrache le panneau et le mange, histoire d'être bien sûr que je n'aille pas le rechercher.

Génial. Je suis en présence d'un cannibale puissance deux mille quarante et je n'ai aucune échappatoire.

C'est à cet instant précis qu'une jeune femme arrive.

Attention chers lecteurs, nous assistons à l'arrivée d'un nouveau protagoniste. Les plus romantiques d'entre vous souhaiteraient que je vous dise qu'elle est magnifique, qu'elle a des formes à tomber par terre et de longs cheveux soyeux, qu'elle va se faire attraper par l'alien en essayant de m'aider, et que je vais la sauver. Ensuite, elle s'évanouira dans mes bras parce qu'elle est une victime et moi un bad boy. Et puis à la fin, si on veut vraiment ne pas être original, on se tripote dans l'ascenseur.

Désolé. Ce ne sera pas le cas.

Déjà, la jeune femme en question n'est pas jolie. Enfin, elle est passable. A mi-chemin entre le moche et le beau. Mais pas exceptionnelle. Bref, vous comprenez.

La fille, donc. Elle ne semble pas avoir plus de vingt ans. Petite, menue, bien qu'athlétique, et plate comme une limande. Pas de fessier sur lequel je puisse m'éterniser.

Elle a le visage anguleux et basané, les cheveux bruns, courts et hérissés. L'air d'être... coupés au couteau. Couteau qu'elle tient fermement à la main, sans compter les pistolets qui pendent à sa ceinture. Deux énormes sabres dépassent dans son dos et je me demande comment un aussi petit brin de fille peut transporter autant d'armes.

La seule chose de « doux » et de « charmant » qu'on peut lui reconnaître, ce sont ses yeux. De jolis yeux gris, qui contrastent avec sa peau bronzée, et qui s'écarquillent en m'apercevant.

« Tu es... »

Elle n'a pas le temps de finir sa phrase.

L'alien lève la main, et avant que je n'aie pu faire un geste, ses griffes viennent perforer mon abdomen, me clouant à la paroi de l'ascenseur.

La fille hurle je ne sais quoi. L'alien retire ses griffes et je retombe au sol comme une vieille poupée de chiffon. La fille saisit l'un de ses couteaux, se jette sur l'alien, et c'est le début du carnage.

Je suis incapable de bouger. Incapable de parler. Incapable de supporter la douleur. Je vais mourir. L'alien aussi.

Lorsque la fille en vient à bout, elle est à peine essoufflée. Elle se tourne vers moi, indifférente au sang noir qui macule ses mains, et m'observe une seconde, avant de soupirer :

« J'aurais dû arriver plus tôt. »

Voici les paroles qui scellèrent ma vie.

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Heyyy ! 

Je suis toute contente de vous présenter ma nouvelle histoire, cette fois, je me lance dans la SF !

Je devrais - normalement, si je ne me suis pas trompée dans mes calculs - poster un chapitre par semaine. 

N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce début en commentaires, et à bientôt ! 

Bisouus ♥

Aliens & CompagnieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant