Chapitre 7

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Je dois dire que je suis plutôt fier de moi.

J'ai tué un alien pyromane.

Tout seul.

Avec mon couteau.

En regardant son cadavre, j'ai une pensée cynique pour ceux qui me prennent pour un bon à rien. On pourra citer cette petite peste de Maya, mais aussi mon merveilleux frère, qui n'aurait pas misé une seule pièce sur mon entrée dans la Protection. J'adorerais qu'il soit là, rien que pour voir sa tête.

Pensif, je triture mon couteau. J'hésite à découper un morceau de peau de la créature pour le garder en souvenir. Les lumières s'allument brusquement, interrompant ma réflexion. La salle bénéficie à présent d'un éclairage chirurgical, qui souligne la monstruosité de l'alien.

Ses yeux globuleux ne regardent rien. Sa chair verdâtre, trouée à l'endroit où j'ai frappé, laisse échapper un filet noir. L'odeur de putréfaction qui flotte dans l'air achève de me dégoûter, et je tourne la tête.

Le comptoir où était posées les armes continue de brûler. J'allais me résoudre à tenter d'éteindre le feu, lorsqu'une équipe d'hommes en blouses blanches intervient. Ceux que je soupçonne être des agents d'entretien entreprennent le nettoyage de la pièce, et je reste planté là, les bras ballants. Qu'est ce que je suis censé faire ?

« Excusez moi ? »

L'un des hommes se retourne. Il a une quarantaine d'années, et la particularité d'avoir un nez qui occupe la moitié de son visage. C'est si intriguant que j'en oublie presque ma question.

D'un signe de tête, l'homme m'encourage à parler, et je reprends enfin mes esprits.

« Est ce que j'intègre la Protection ? Je veux dire, j'ai tué l'alien, donc c'est bon, maintenant ? Je peux y aller ? »

L'homme me considère un instant. Et je replonge sans le faire exprès dans la contemplation de son nez.

« Je regrette, Monsieur. Vous devez attendre l'arrivée de votre tutrice.

- Ma tutrice ?

- Oui. Maya Delacour. L'équipe scientifique a rédigé le rapport sur votre test. Nous le lui remettrons, et elle vous indiquera ensuite où vous devez vous rendre. »

Je pousse un soupir bruyant. Encore Maya, toujours Maya. Quand est ce que je serai enfin débarrassé d'elle ? Pourquoi est-ce que je dois attendre la permission d'une... gamine pour bouger le moindre orteil ?

« Je ne peux vraiment pas partir ?

- Non, Monsieur. Nous devons remettre le rapport à votre tutrice », répète l'homme d'une voix monocorde.

J'imagine déjà la situation. Maya qui arrive, aussi rabat-joie qu'à son habitude, qui confisque le rapport, et qui ne me laisse pas lire une seule ligne de l'éloge de mes talents de tueur d'aliens.

« Je lui donnerai. »

J'offre à l'homme un sourire encourageant. Il semble hésiter. Il gratte son nez incroyablement gros, et finit par sortir un dossier de sa mallette. Je me dépêche de le saisir avant qu'il ne change d'avis. Sur le dossier figurent mon nom et mon portrait. Après m'être délecté de ma beauté – j'ai toujours su que j'étais photogénique – je m'empresse de parcourir le rapport des yeux.

Sujet Théophane Renoir, blablabla, apprenti de Maya Delacour, blablabla, a tué un 1.3.B.C en douze minutes et trente six secondes, blablabla... Je saute d'autres informations inutiles sur l'alien et sa maturation au laboratoire pour arriver directement à la rubrique « Expertise Scientifique ».

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