Aliens & Compagnie

Chapitre 5

Cela fait très exactement quatre jours que je suis mon entraînement d'apprenti Protecteur au sein du Centre.

Comment vous décrire ceci de manière concise ? Hum... Un calvaire.

Je me réveille beaucoup trop tôt, j'enchaîne avec cet horrible tapis de course qui me donne envie de m'écrouler et de ne jamais me relever, je mange une bouillie infâme en compagnie de ma seule personne, je passe mon après-midi au centre commercial pendant que ce tortionnaire de Jules me beugle des ordres, et je termine par le maniement des armes avec la pire des pestes, qui ne manque pas une occasion de me ridiculiser en m'épinglant au mur avec ses maudits couteaux.

A côté de ça : je n'avais encore trouvé aucun coffre-fort, aucun garde-manger, et les rondes des Protecteurs m'empêchent de m'enfuir sans être repéré.

Bien sûr, j'aurai pu abandonner, mais cela aurait été donner trop de satisfaction à Maya.

Non. Il est hors de question de la contenter. J'ai donc revu mon plan. Je passe désormais tous mes rares temps libres à chercher l'argent du Centre, et j'essaie de me comporter de manière exemplaire, afin d'être nommé Protecteur et de profiter de ma première mission pour pouvoir tirer ma révérence. Ensuite, j'éviterai de revenir fouiner près du Centre, et je mènerai une petite existence de traître à la nation entretenue par mes qualités de voleur.

Je préfère ça plutôt que d'essayer d'aller tuer des aliens pour on ne sait quelle bonne cause.

Il n'y a pas de bonne cause qui tienne. Juste la survie.

Évidemment, il fallait un imprévu, sinon, l'histoire se serait arrêtée là.

L'imprévu arrive au tout début du cinquième jour.

Je somnole au dortoir. Je rêve que je suis riche, que je vis loin des aliens et du malheur et que j'ai plein de filles super canons avec moi. Le paradis.

Sauf que là, je me rends compte que Maya fait partie des filles – ce n'est pas normal, puisqu'elle n'est pas super canon – et je m'apprêtais à lui dire de dégager quand j'entends :

« Debout ! »

Je sursaute, me redresse, et voilà. Quand on parle du loup.

Maya se tient très droite devant moi, avec ses couteaux et son air de princesse pourrie gâtée.

« Une brigade entière de Protecteurs a été liquidée par un alien. On a besoin de remplaçants. Donc tu passes ton Test aujourd'hui.

Que...

T'as pas le temps de discuter, apparition divine. Habille toi. Tu as deux minutes.

Mais mon entraînement n'est pas terminé...

Une minute cinquante neuf. Cinquante huit. Cinquante sept...

Petite, je suis pas prêt, là !

Cinquante quatre, ne m'appelle pas petite, cinquante trois, cinquante deux...

Oh, très bien. »

Excédé, je tire la combinaison de Protecteur de dessous mon lit. J'ai à peine le temps de réajuster le col que déjà Maya braille :

« Plus que dix secondes !

- T'as raccourci le chrono, c'est pas possible !

- Exact. Deux minutes, c'était trop long. Huit, sept, six... »