Chapitre 16

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« Théophane ! »

Je ressors ma tête de la voiture, intrigué. Un Riley tout rouge et tout essoufflé coure vers moi. Parvenu à ma hauteur, il reprend sa respiration – c'est long – et me demande, au bord de l'asphyxie :

« Je peux te parler ? Deux minutes ? »

Je me tourne vers Maya.

Penchée sur une carte routière probablement vieille de cent ans, elle ne lève pas les yeux.

« Vas-y. »

Je ne me fais pas prier. Déjà une heure que nous sommes censés partir, mais Maya veut être sûre d'avoir « le bon trajet ». Beaucoup de routes ont été détruites par les aliens, et un mauvais itinéraire pourrait nous conduire à faire de longs détours. Personnellement, je n'ai rien contre quelques heures supplémentaires en sécurité avec Maya, sauf qu'elle ne semble pas l'entendre de cette oreille. A chaque fois que je fais mine de rentrer un peu me reposer au métro, la laissant avec sa carte, elle me rappelle sèchement qu'elle n'en a plus que « pour deux minutes ». Dans cette ambiance, l'appel de Riley sonne comme une petite libération.

« Je n'étais pas sûr de réussir avant ton départ, mais Madame Leclair a beaucoup insisté... »

Je fronce les sourcils, tandis que le jeune ingénieur se plante devant... qu'est ce que c'est que ça ?

« Une cabine téléphonique », m'explique-t-il, la fierté transperçant dans sa voix. « J'ai pu la remettre sur pied.

- Euh, ok... »

Un gros truc jaune fluo couvert d'inscriptions au marqueur noir. « Une cabine téléphonique », donc. Honnêtement, je crois que c'est bien la première fois que j'en vois une. Et je n'ai aucune idée de comment ça fonctionne.

Riley passe une main dans sa tignasse rousse, et ouvre la porte pour décrocher le combiné.

« Alors, euh... Madame Leclair a demandé que tu fasses tes comptes rendus par téléphone. Tous les soirs, entre vingt heures et vingt et une heures, j'attendrai ton appel avec Cindy. Il faudra juste que tu appelles la cabine et paf, on sera au bout du fil. »

Le gros téléphone bleu dans la main, il me sourit. Il a des fossettes.

« Euh... ouais. »

J'avoue que je suis moyennement emballé par l'idée. Je m'imaginais bien prendre mon temps pour cette mission. Rester quelques semaines bien au chaud chez le professeur, en prétextant quelques difficultés à réunir les informations... Mais si Hermione demande un rapport régulier, je serai bien obligé de m'y mettre. Dommage.

« Et comment je fais pour appeler ? »

La question paraît ramener un peu Riley sur terre. Il masse ses tempes, fouille ses poches, l'air nerveux, et en sort un petit téléphone. Ça non plus, je n'en ai jamais vu, à part en photo.

« L'un des seuls qui nous reste, souffle Riley. Il était cassé, j'ai essayé de le réparer, mais... »

Il tapote l'écran, front plissé. Après avoir marmonné quelque chose d'incompréhensible, il me tend finalement le téléphone et soupire :

« Bon, tant pis, ça devrait marcher. Il n'y a qu'un seul numéro, celui de la cabine, et seulement deux minutes de communication possible par jour. Tu devras être bref. Je n'ai pas vraiment réussi à améliorer ça. Je m'y mettrais dès ton retour, comme ça... Comme ça, tous les Protecteurs pourront communiquer entre eux, et ça va sacrément déstabiliser les aliens. »

Très fier de son idée, il hoche la tête avec conviction. Misère. Il a l'air vraiment heureux.

« Ok, bon, je vais dire ça à Maya...

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