Chapitre 4

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A quatre heures pétantes, je suis debout dans le couloir principal du Centre.

Objectifs ? Faire bonne impression, repérer les lieux – surtout l'emplacement du coffre-fort ou du garde-manger –, et décider de la meilleure manière de m'évader après avoir mené ma razzia.

Hélas, je n'avais pas prévu que ce serait difficile.

Et ce parce que le Centre de Protection de Lille est probablement l'un des endroits les plus sécurisés que j'aie jamais vu.

Chers lecteurs, voici l'instant géographie de cette histoire, ouvrez grands les yeux.

Le Centre est situé gare Lille Flandres. Après que celle-ci ait été à moitié détruite par les aliens, les Protecteurs ont pris la décision de s'y installer. Ils y ont aménagé un dortoir, une sorte de cantine et même une petite infirmerie. A quelques pas de là, l'ex centre commercial Euralille fait office de terrain d'entraînement. Si on pousse encore plus loin, la gare Lille Europe, elle toujours en activité, expédie les rares trains encore fonctionnels vers d'autres villes de France, afin de contrôler les agissements des autres unités de Protection à travers le pays. Elle permet aussi le stockage de tous les véhicules utilisés par les Protecteurs lors de leurs missions.

Rajoutez à ce tableau une centaine de Protecteurs, dont une trentaine montant la garde sur tout le périmètre, et vous obtiendrez une parfaite image du Centre.

Je ne suis ici que depuis quelques heures et j'ai déjà compris toute la mécanique. Lorsqu'ils ne sont pas de garde, les Protecteurs dorment entre deux missions sur un petit lit aménagé du dortoir. En combinaisons, armés jusqu'aux dents, ils se distribuent des dossiers, se répartissent en groupes, déterminent les différents plans d'action, les yeux rivés sur l'horaire qu'affichent les panneaux de la gare. Ils s'en vont, reviennent, filent « chercher un équipement à Lille Europe », bref, en un mot : ça grouille.

Et moi, tout en me disant que la Protection sera beaucoup moins facile à plumer que prévu, j'attends.

J'ai quitté le dortoir. Je suis à présent planté au milieu de la gare, régulièrement bousculé, essayant de savoir ce que je dois faire. Des Protecteurs se tournent vers moi pour me dévisager. Je me sens alors obligé d'expliquer que je ne suis pas Archibald et ils se désintéressent aussitôt de moi pour aller vaquer à leurs occupations. Je continue d'attendre.

Je ne sais pas où aller.

Je suis complètement perdu.

A quatre heures et quart, je décide d'arrêter de tourner en rond.

Je m'avance vers le Protecteur le plus proche, un grand type costaud occupé à lire un rapport. En me voyant arriver, il me jette un regard mauvais.

« T'es vraiment le frère d'Archie ? Son jumeau ?

- Euh, oui. Je...

- Alors c'est vrai, me coupe-t-il. Les gars disaient qu'il y avait un drôle de type qui ressemblait à Archie mais en dix fois moins musclé qui attendait comme un con. Si t'as des renseignements à donner, le bureau de Garcia, c'est par là.

- Non, en fait, ce n'est pas pour ça que je suis là. Je cherche Maya, elle doit m'entraîner pour que je devienne Protecteur. »

Le type ne cache pas sa perplexité.

« Euh... T'es sûr d'avoir le même talent que ton frère ? Parce que tu m'as l'air plutôt frêle, sans vouloir te vexer. »

Trop tard. Je suis vexé.

Je m'apprêtais à lui répondre quelque chose de très raffiné, lorsque Maya fait son apparition, et m'adresse un coup d'œil hautain, que j'interprète comme : dommage-que-tu-ne-te-sois-pas-étouffé-avec-ton-coussin-cette-nuit-grosse-merde.

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