Chapitre 2

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Lundi 14 février. 9h30. Ciel gris.

Parfois, j'en suis sûre, ce n'est pas juste une impression. Dès que le temps presse, le monde entier se met d'accord pour accroître mon retard. Il était pourtant inscrit "3 min" sur l'écran du quai, mais bizarrement il en a fallu cinq pour que le métro arrive enfin.

Il restait des places assises libres, mais je préfère rester debout, prête à sortir dans sept stations. Comme si le fait de ne pas m'asseoir, de ne pas rester passive me donnait l'illusion d'accélérer le trajet.

Je suis tendue, prête à bondir. Mais je suis aussi tendue à cause de ce type qui se colle à moi alors que nous ne sommes que cinq autour de la barre centrale... Je ne sais pas comment je fais pour attirer toujours les pervers dans les transports en commun. Bon d'accord, je suis maquillée et j'ai mis mon tailleur noire qui me serre un peu. Mais je ne suis pas miss Univers non plus. Comme je dis parfois: "je ne suis peut-être pas la plus belle fille du monde, mais pas la plus laide non plus." De toute façon, j'ai 30 ans, j'ai passé l'âge de m'inventer de nouveaux complexes, même s'il m'en reste quelques-uns...

Ah ça y est, je recommence... Je me suis pourtant promis d'arrêter d'évaluer ma "sexyness" quand un ce genre de bonhomme louche s'approche de moi. JE NE SUIS PAS RESPONSABLE ET JE M'HABILLE COMME JE VEUX. POINT A LA LIGNE ! Marre de se culpabiliser. Marre de se laisser faire. Dans un monde idéal, je lui mettrais une gifle, mais bon... Je décide plutôt de m'éloigner un peu et de me mettre au niveau d'une autre porte de la rame.

"Avis à tous les voyageurs, nous stationnons quelques minutes pour régulation du trafic". Décidément, tout est contre moi auujourd'hui. On était à une station, une malheureuse station ! Allez, tant pis, je fais le reste à pieds. J'aimerais vraiment poster un message sur Facebook pour partager mes mésaventurs du jour, mais là, je n'en n'ai vraiment pas le temps !

Ouf. Je suis encore dans les temps. Tout juste. Je crois que je n'ai jamais grimpé aussi vite les deux étages de mon immeuble. Vite, ma clé. je jette un rapide coup d'oeil dans notre trois pièces et me dis qu'il serait vraiment temps de faire un bon grand ménage. Evidemment, le lit n'est pas fait. Mat' se lève toujours après moi en ce moment. J'ai beau lui dire chaque soir qu'il doit faire le lit (c'est-à-dire juste tirer la couette, c'est pas grand-chose quand même !), mais rien n'y fait. Un soir sur deux, je me couche dans un lit défait. Et je déteste ça!

Mais où l'ai-je mise déjà, cette clé ? Rassembler mes idées, me rappeler... Où étais-je hier quand j'ai éteint l'ordi ? Dans le salon... La voilà ! Sur la table basse... Je me souviens, je l'avais mise là pour être sûre d'y penser quand je prendrais mon petit-déj ce matin... Tu parles d'une astuce, ce n'est pas très probant. Allez, j'ai juste le temps. Je ne passerai pas aux toilettes avant la réunion, mais je me ferai un raccord maquillage et coiffure dans le métro pendant le retour.

C'est étrange, quelque chose cloche dans cet appart'... Quelque chose de pas normal dans l'air, je ne sais pas comment l'expliquer.  Est-ce que j'ai encore oublié quelque chose ?

Au moment où j'ouvre la porte de l'appartement, j'entends un bruit dans le dressing. Non ! C'est les quatre robes que j'ai mises sur le même cintre. Je me disais bien qu'elles tomberaient un jour... Bon. Pas le temps de m'en occuper de toute façon.... tic tac tic tac. Parfois, je me dis qu'il serait vraiment temps de tout arrêter, de faire une pause, de descendre du manège, de stopper les machines... Mais bon...

On verra ça plus tard (c'est comme ça que je conclus toujours mes réflexions sur le sujet), pour l'instant, il faut sauver la situation et éviter une engueulade monstre par ce gros lourd d'Olivier, mon chef. Go ! Go ! Go !

Et si changer de vie, c'était devenir vraiment soi-même...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant