Chapitre 32

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Chapitre 32

Vendredi 15 avril. 11h. Soleil.
"Travail: Même le plus sage n'a jamais fini d'apprendre"
"Forme: Bonne"
"Amour: A mort!".

Mon Dieu ! Presqu'un mois est passé, déjà. Les journées s'écoulent tellement vite. Mais comme du miel, délicatement. Je m'étais trompée en idéalisant. C'était bien en-dessous de la réalité. Je m'éclate, j'apprends tous les jours. Cynthia m'a tellement donné. Et Mat' aussi...
Je le regarde et je le trouve un peu plus beau chaque jour. Il est endormi. Un peu de bave se fraye un chemin sur son menton. hihi. Mais ça ne me dégoute pas une seconde. ça doit être ça, l'amour véritable. Quand on peut regarder couler un peu de bave sans être répugnée.
Nous sommes dans le train, direction Paris. C'est un événement. Je suis tellement contente de revoir un peu mes Vivis. Et Paris. J'avais besoin de cette pause. Peut-être histoire de me conforter dans mon choix. Mais aussi parce que j'aime et j'aimerai toujours Paris. Ce n'est pas parce que j'ai changé de vie que je renie mon passé. Certainement pas. Ce serait la dernière chose à faire.
Mat' était un peu stressé ce matin. Il m'accompagne pour me faire plaisir, parce que je lui ai demandé, parce que je veux partager avec lui cet aspect de ma vie. Mais il n'aime pas la ville, surtout pas celle-là. Il ne se sent pas à sa place, perdu. Je l'ai rassuré en lui disant que je serai son guide, mais j'ai l'impression que c'est plus profond que ça, il était angoissé et oppressé rien que d'y penser. J'espère qu'il va se détendre.
Nous arrivons à la gare vers midi. En sortant du train, mes Vivis sont là !! Oh là, là ! Too muuuuuuch! Elles ont fait une banderole et tout. Nan, mais n'importe quoi! ;)))
- SALUUUUUUUT
- COUCOUUUUUU
- HIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
Nous hurlons dans la gare. De vraies pintades ! Mat' est resté un peu en retrait. Ce n'était pas du tout la meilleure façon de commencer. Je le regarde, il affiche un sourire gêné. Je fais les présentations. Il fait la bise aux Vivis.
- Bon, on va bruncher ? demande Victoire.
- Allez ! Acquiescé-je
- Bruncher ? s'inquiète Mat'
- Oui, dit Virginie, on connait un endroit bien, t'inquiète
- Mais... euh... ça veut dire quoi ?
- Hahahahahaha, rions-nous toutes ensemble.
- C'est une sorte de déjeuner, mais mixé à un petit dej. Tu bois un café ou un thé, tu manges des viennoiseries mais aussi du salé, expliqué-je.
- Ha.
Il n'est pas très chaud, manifestement, mais je me dis qu'il va se détendre. Je le prends par le bras et je pose ma tête contre son épaule, histoire de lui rappeler que je suis là, que tout va bien se passer.
- Tu vois, toi, tu me fais découvrir la ferme, et moi la vie parisienne!
- La différence, c'est que toi, tu étais volontaire.
Les Vivis rigolent. Moi aussi, un peu, mais je fais semblant. J'espère qu'il ne va pas continuer son numéro de Crocodile Dundee qui débarque à New-York, ça va me gonfler. J'aimerais qu'il essaye de comprendre, de s'intéresser. Ça fait partie de ma vie, ça le faisait en tout cas.
Nous sortons de la gare et marchons vers le resto. Je redécouvre Paris et ça me fait du bien. Je peux profiter de la ville sans me soucier du travail. Je ne l'assimile plus qu'aux vivis et à la fête. Je me sens bien. Et en même temps, l'Ardèche me manque déjà. Le bruit m'agresse un peu. J'imagine que j'ai perdu l'habitude. Mat' traine un peu les pieds en arrière. Il nous suit.
Nous nous installons et pendant tout le début du brunch, je débriefe ma nouvelle vie avec les Vivis. Mat' participe un peu. Ouf. Enfin, il passe surtout son temps à se moquer un peu de moi avec les Vivis, sur le mode: "la Parisienne à la campagne, c'est quelque chose..." Je trouve ça un peu injuste d'être réduite à cela, mais bon, au moins, il communique avec les Vivis. J'ai remarqué ça souvent : lorsque l'on présente une personne de son entourage à une autre, les deux personnes se connectent en parlant de vous, le plus généralement en faisant des vannes. Elles rigolent ensemble à vos dépens. Mais bon... Ensuite, les Vivis questionnent Mat' sur son travail. Et là, il redevient le Mat' que je connais, détendu et sûr de lui. Ouf.
Nous flânons le reste de l'après-midi dans la ville, à faire du shopping surtout. Là, Mat' est saoulé et cette fois je le comprends un peu. Il tient mes affaires pendant que j'en essaye d'autres. J'essaye de lui proposer d'essayer un pull ou une chemise, mais non, il n'a besoin de rien, dit-il. Bon.
Le soir, nous rejoignons des amies. Heureusement, il y a un mec, le copain de ma copine Justine. Enfin, je dis ma copine, c'est surtout une copine de Victoire, une copine de copine, quoi. Mais on s'entend bien. Mat' et le copain de Justine (j'ai oublié son nom) discutent bien. Je les vois rigoler dans leur coin à la table du bar où nous nous trouvons.
Vers 00h30, Virginie propose que nous allions tous en boîte. Mat' me prend à part.
- Je ne suis pas très à l'aise à l'idée d'aller en boite, tu sais.
- Oh allez ! ça va être marrant, je lui dis.
- Non, non, allez, s'il te plait, viens, allons à l'hôtel, tous les deux.
- Ecoute, ça fait longtemps que je suis partie. Les Vivis ne comprendraient pas. On aura tout le temps d'être tous les deux en rentrant. Allez, viens !!
- Bon, ok.
Il se détourne et prend ses affaires, prêt à nous suivre, mais j'ai bien compris qu'il n'était vraiment pas dans le mood.
Nous partons en bande vers la boîte. Le copain de Justine connaît le videur ce qui facilite les choses. Le petit troupeau que nous sommes peut rentrer d'un seul coup. Heureusement. Je ne pense pas que Mat' aurait apprécié d'attendre. Encore moins d'être refoulé. Il faut dire qu'il n'est pas vraiment habillé pour la circonstance. Jean et baskets, on a eu chaud...
A l'intérieur de la boite, je suis prise par le démon de la danse. Les basses font frissonner mon corps et je danse malgré moi dès le vestiaire. Nous trouvons une table, mais je ne compte pas m'asseoir. Je supplie Mat' de venir danser, mais il refuse, il préfère rester discuter avec le copain de Justine. Ok. Eh ben, moi, j'y vais!
Nous nous éclatons avec les Vivis sur la piste. Nous faisons les folles. A chaque fin de morceau, je retourne voir Mat'. Mais toujours pas.
Au bout d'une heure, je laisse tomber et je profite de la piste de danse, je me dis que je n'aurai plus tellement l'occasion avec longtemps.
Alors que je suis en train de "me la donner grave", comme dirait Vic, je ne m'aperçois pas qu'un homme danse juste devant moi. Quand j'ouvre les yeux, je vois qu'il me sourit. Je n'y prête pas tellement attention. Je m'en fous complètement même. Mais ça ne va pas m'empêcher de danser. Il imite mes mouvements tout en dansant. Tsss. Technique de drague basique. Je n'y prête pas attention.
Soudain, je sens que l'on me prend le bras, énergiquement. Je me retourne. c'est Mat'. Il a l'air furieux. Il essaye de me dire quelque chose, mais la musique est trop forte. Je lui fais signe de se décaler avec moi.
Nous arrivons dans un coin plus tranquille.
- Ça va, je te dérange pas ? demande-t-il.
- Comment ça ?
- Tu crois que je ne t'ai pas vue avec le mec sur la piste, là ?
- Olala. Non, mais ça va pas ! Je vais pas empêcher les gens de danser.
- C'était plus que ça. Vous faisiez les mêmes mouvements.
- Non, c'était lui qui m'imitait. Nuances. Mais tu délires, Mat' ! Tu nous as vus nous toucher ? Nous embrasserv?
- Non, mais parce que je suis arrivé à temps.
- Non, mais t'es pas bien ?!!
- Non, je suis pas bien, non.
- De toute façon depuis qu'on est arrivés, tu n'es pas le même. Tu n'essayes pas de comprendre ce qui t'est étranger. Tu n'essayes pas de ME comprendre, en fait.
- Si, mais je t'avais prévenu que je ne serais pas à l'aise.
- Eh bien, tu aurais pu faire un effort.
- Je ne peux pas me forcer.
- T'es chiant.
- Ah ouais ? Ok.
Je le vois partir d'un coup. Il se dirige vers le vestiaire. Je suis déçue. Je n'ai même pas envie de courir après. Je me dis juste: c'était trop beau. Je retourne vers la piste, j'ai vraiment besoin de me détendre. Les Vivis me font un geste des deux mains qui veut dire: que se passe-t-il ? Je leur réponds par le même moyen que ce n'est rien, tout va bien. Et je reprends la danse. 

Et si changer de vie, c'était devenir vraiment soi-même...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant