Chapitre 33
Samedi 16 avril. 11h. Soleil.
"Travail: Doucement, mais sûrement"
"Forme: Bof, bof"
"Amour: à quoi bon?".
Aïe. Réveil difficile. Je ne sais pas où je suis. Il me faut quelques instants pour reprendre mes esprits. Ah, ça y est, j'y suis, je revois le film d'hier soir. Mat' est parti, fâché. Où a-t-il pu dormir ? Je suis rentrée très tard (ou très tôt) avec les Vivis, j'avais trop bu, elles m'ont tenu par les épaules pour monter les deux étages qui mènent à l'appart de Vic. Voilà, je suis chez Vic, les événements reprennent leur place, je sors de la brume. Mais aïe ! J'ai tellement mal à la tête. Et je m'en veux pour Mat'. Ou je lui en veux, je ne sais pas. Et allez ! ça faisait longtemps ! Les larmes.
Mon téléphone. J'ai un message vocal. Un message de Mat'.
"Pardon, j'ai été trop con. Tu me rappelles ? Je suis rentré à la Vidousse. Tu reviens ? S'il te plait. Pardon"
Bon. Au moins, c'est clair. Ce sont des excuses, sans ambiguïtés. J'ai envie de lui répondre tout de suite, de lui dire que tout est oublié, que je le comprends. Mais en fait, non. Je vais prendre un peu le temps. ça m'a fait mal hier soir. Je sais qu'il n'est pas comme ça, que le contexte était particulier, mais hors de question de revenir comme ça, je ne peux plus être avec quelqu'un qui me fait du mal comme avant. Désolé, je veux l'homme idéal. Je pense que c'est lui, mais je vais quand même prendre quelques heures pour réfléchir. Ou quelques jours. Je refuse de faire partie de ces femmes maltraitées qui reviennent aux claquements de doigts - attention, je ne dis pas que Mat' est un sale type, pas du tout, mais je me préserve. La vie vient de m'apprendre qu'il fallait que je pense un peu à moi, je ne vais quand même pas l'oublier tout de suite.
Je me lève, et je croise les Vivis déjà en train de papoter autour de la table de la cuisine en s'empiffrant de croissants. Miam. Je les rejoins et nous rions, c'est bon.
L'après-midi, je décide de flâner un peu et de me balader un peu au parc, histoire de laisser mes pensées vagabonder. Il fait bon. La dernière fois que je me suis retrouvée là, j'étais complètement perdue. J'ai cru que je m'étais enfin trouvée et me voilà au même endroit, à me poser les mêmes questions. Mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi?!
Je m'assois sur la terrasse du café au centre du parc. Au moment de m'asseoir, je remarque une dame assise à la table d'à-côté. Incroyable ! C'est la femme de l'autre fois, celle qui m'a dit de ne pas chercher à contrôler ma vie, à simplement choisir mon chemin. Je ne sais pas si elle se rend compte à quel point ces quelques secondes de conversation ont bouleversé ma vie. Comment s'appelle-t-elle déjà ? Mais oui ! Elle a le même prénom que Maminou ! Geneviève ! Elle est plongée dans la lecture d'un livre, mais je tente quand même...
- Euh... pardon... Geneviève ?
- Oui, dit-elle d'une voix douce et calme en lâchant son livre du regard.
- Pardon de vous déranger, je suis Amandine, nous nous sommes croisées ici il y a quelques semaines.
- Mais oui, bien sûr, vous aviez l'air si triste. Comment allez-vous ?
- Eh bien, je... Par où commencer ? Après notre conversation, j'ai changé beaucoup de choses dans ma vie. J'ai cru que j'avais trouvé ma voie, mais j'avoue que maintenant je n'en suis plus très sûr. Je suis un peu perdue, je ne sais plus vraiment qui je suis.
- Tu me dis... Pardon, je te tutoie, tu permets ? Tu pourrais être ma petite-fille...
- Bien sûr, réponds-je les larmes aux yeux en entendant ces mots qui me rappellent Maminou.
Voyant cela, Geneviève change de place et s'installe à côté de moi. Sa présence me rassure, même si je ne la connais pas, c'est fou. Elle me demande de tout lui raconter, ce que je fais. A la fin de mon récit, elle me dit:
- C'est à toi de décider et il n'y a pas de bons choix. Mais si tu veux mon avis, je pense que ton Mathias est une belle personne. Et c'est si rare. En plus tu me parles de ces sculptures que tu aimes façonner, c'est formidable ! C'est normal que tu te sentes perdue... Tu te rends compte du chemin parcouru en quelques semaines ? Tu as tellement fait ! Il est très dur de se découvrir ! D'être enfin soi. Parce que, vois-tu, Amandine, j'ai toujours pensé que, peut-être, changer de vie, c'était devenir vraiment soi-même, quel que soit le chemin emprunté. En l'occurrence, le tien a l'air d'être beau et plein de fleurs. Forcément, il y aura toujours quelques cailloux qui te feront trébucher, mais la vie n'est jamais une autoroute de bitume. Quel ennui, sinon !
Nous avons discuté une heure encore. Je lui ai avoué qu'elle me faisait penser à Maminou, j'ai pleuré, elle m'a consolé, et cela m'a fait du bien. Je l'ai quittée sans prendre son nom ou ses coordonnées. Comme si Geneviève n'existait pas vraiment, qu'elle était une apparition bienveillante que je pourrais toujours retrouver là quand j'en ai besoin.
Je suis sortie du parc le sourire aux lèvres et sûre du chemin à emprunter. Le chemin qui mène vers moi-même...
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Et si changer de vie, c'était devenir vraiment soi-même...
Chick-LitAmandine est fatiguée et parfois un peu triste... Pourtant, elle a tout pour être heureuse : un mec en or, des supers copines (Ses Vivis), un boulot bien payé, et un bel appartement dans le centre de Paris... Mais son mec n'est peut-être pas si géni...