18. Oui, les beignets de calamars peuvent vous tuer

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18. Oui, les beignets de calamars peuvent vous tuer

MARDI 24 FÉVRIER

Curieusement, l'ambiance autour de la table n'est pas aussi glaciale que ce à quoi je m'étais attendue, même si j'ai du mal à cacher ma frustration.

Tandis que Michael disserte sur sa journée de travail et les avantages de se comporter comme un connard hypocrite auprès de son patron – déjeuner dans un restaurant quatre étoiles alors que ses collègues triment à l'usine –, j'avale quelques beignets de calamars frits, sans grand enthousiasme.

Ce qui m'étonne, c'est l'intérêt soudain que Prya porte à Connor. Elle ne s'est jamais attardé sur lui, les rares fois où il est venu ici, si bien que je me demande si elle veut réellement en savoir plus sur la personne que je suis censée fréquenter ou si elle cherche à déterminer s'il s'agit d'un bon parti, maintenant qu'elle croit que notre histoire est faite pour durer. 

Plus son interrogatoire se durcit, et plus je réalise que je ne connais pas beaucoup Connor. Pas du tout, même. Le peu que je sais de lui m'échappe à chaque nouvelle question, de quoi entièrement discréditer mon mensonge.

Ma mémoire est décidément très faillible, ces derniers temps.

— Je suis contente que tu aies trouvé quelqu'un sur qui compter, Kyoko. Connor m'a l'air d'être un charmant jeune homme, conclut pourtant la bonne saméricaine. 

Putain... Elle est complètement à côté de la plaque.

J'hésite à lui faire part de notre rupture pour ne plus avoir à alimenter la supercherie, lorsque la sonnette retentit. Merde. J'ai un mauvais pressentiment.

Michael repose lentement ses couverts et se dirige vers la porte tandis que j'empale un beignet de calamars et l'engloutis d'une bouchée, sous le coup de l'émotion.

— Monsieur Stafford ? Orphée, enchantée !

MERDE. O-machin-truc est de retour.

ORPHÉE.

Peu importe. Je suis tellement choquée par sa venue que j'avale mon beignet de travers. Et quand je dis « j'avale mon beignet de travers », ça signifie que je m'étouffe. Littéralement.

— Kyo, ce n'est pas le moment... s'agace Prya en m'observant virer au rouge tomate.

OK, donc je suis en train de crever au milieu de la salle à manger, et tout le monde s'en fout ? Merci pour le soutien, hein...

— Kyoko ?

Alors que je commence sérieusement à manquer d'air, deux yeux gris, immensément gris, se campent face à moi. Je m'y noie un instant, mais la fascination laisse place à une douleur beaucoup plus intense : O-machin-truc réduit à néant la distance qui nous sépare et presse ma cage thoracique, tellement fort qu'elle manque de me broyer une côte au passage.

MAUX DITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant