Kyoko Tanaka est victime d'un poison qui ne connaît pas de remède : l'amnésie.
Elle oublie tout, à commencer par sa rencontre avec une étrange et mystérieuse jeune femme aux yeux de feu...
Prise au piège d'un engrenage mortel, l'adolescente se bat...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
ACTE V
Mort d'amour, mon être se noyait. Maudite par amour, mon âme se sauvait.
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
98. La confrontation n'ensable pas la révélation
MARDI 4 AOÛT
— Je sais ce que tu es.
Une phrase, deux pronoms, une inflexion grave de laquelle Orphée n'a rien pu déceler. Il est une heure passée, et voilà deux minutes qu'elle a pénétré dans le parking du complexe sportif attenant au lycée. À pied, étant donné que les pneus de sa vieille Ford toute rouillée sont tous crevés.
On se demande à cause de qui...
J'ai patienté jusqu'à ce qu'elle s'approche du rivage, ses cheveux noirs et rouges s'affolant face au vent, puis j'ai regardé sa silhouette longiligne me rejoindre sur la plage. Nous avons marché quelques secondes, côte à côte, proie et prédatrice, victime et coupable, flirtant entre route et sable, à la frontière de deux mondes, deux espaces diamétralement opposés.
Et puis, de but en blanc, je lui ai balancé cette assertion, sans être certaine qu'elle soit suffisamment agile pour la saisir à la volée.
À présent, j'attends. J'attends que les mots se frayent un chemin dans son esprit, j'attends qu'elle se tourne vers moi, émue, perdue, confondue ou les trois à la fois.
Ce n'est que lorsqu'elle s'y résout enfin, après de longues secondes de silence, que je lui assène un autre coup – fatal, je l'espère :
— Je sais ce que tu as fait.
Là. Voilà la réaction que j'espérais obtenir : les poings qui se serrent, les sourcils qui se froncent, les yeux qui s'éclairent et les lèvres qui renoncent. Le contrecoup de ses trahisons, de ses mensonges à répétition. Alors je prends une grande inspiration, forcée d'entamer un interrogatoire qui risque de s'éterniser :
— Tout à l'heure, j'ai merdé. J'aurais dû exiger des réponses – te les arracher, même –, mais je n'ai rien fait. Pourtant, je veux savoir : pourquoi m'as-tu enlevé mes souvenirs ?
