31. Quand le couperet tombe, les ragondins font moins les malins

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31. Quand le couperet tombe, les ragondins font moins les malins

LUNDI 2 MARS

Le départ a été donné il y a dix minutes maintenant, et je n'ai trouvé qu'une seule balise... Il faut dire que la météo n'est pas des plus clémentes – même si c'est surtout ma performance qui est à déplorer. Il ne pleut pas énormément, mais le vent et les quelques gouttes qui s'y mêlent ont suffi à rendre le terrain glissant.

Impraticable, pourrait-on dire.

Je ne comprends pas comment j'ai fait pour me prémunir des chutes, jusqu'à mainte... SPLASH.

Pari gagné !

— Putain ! 

J'ai réussi à me faire mal, en plus.

Et à trouer mon unique T-shirt de sport.

Prya sera sûrement ravie de te voir rentrer avec non pas un, mais deux hauts abîmés.

Je vais me faire tuer, c'est clair. 

Ma chute a pourtant le mérite de m'aider à trouver ma deuxième balise : elle est suspendue à un arbre, à plusieurs mètres de hauteur. Sérieusement ? L'activité du jour devait se résumer à courir et actionner une poinçonneuse, pas à se prendre pour des écureuils susceptibles d'intégrer le casting du prochain Tarzan !

Malgré ma douleur croissante au genou, j'avance vers le chêne, bien décidée à atteindre cette fichue balise. Vu sa position, elle doit être de niveau D : ça signifie qu'elle vaut plus de points, et me permettra de remonter dans le classement. 

Aussi périlleuse soit-elle, cette petite séance d'accrobranche en vaut la peine, si je veux décrocher la moyenne en sport ! Et éviter de me ridiculiser, aussi.

Tu ne disais pas que ça t'était égal ?

Ma fierté personnelle en souffrirait.

Ta fierté personnelle, bien sûr...

Le tronc est humide et les branches craquent sous mon poids, mais je tiens bon. Je ne sais pas où j'ai été cherché toute cette énergie, mais après seulement trois essais, je parviens enfin à atteindre la branche désirée. Plus que quelques centimètres, et...

— AH !

Sans crier gare, mes pieds glissent et je chute lourdement sur le sol. Ma petite gamelle de tout à l'heure, ce n'est rien en comparaison. Mon T-shirt est tellement déchiré que même si j'arrivais à me relever, je n'oserais pas retourner à l'entrée du gymnase. Malheureusement, mon déguisement de harpie improvisé ne constitue pas le principal problème : ma cheville me fait atrocement mal. À tous les coups, elle est tordue, voire pire...

Merde. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Tout ce que je voulais, c'était grimper suffisamment haut pour attraper cette fichue balise et éviter les railleries sur mon poids ou ma maladresse après avoir écopé de la dernière place... J'ai beau n'en avoir rien à cirer, je peux difficilement faire abstraction des remarques de mes camarades.

MAUX DITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant