78. Bouilloire du soir et four crématoire

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78. Bouilloire du soir et four crématoire

VENDREDI 17 JUILLET

Triomphante, je m'enfonce dans le siège auto et observe Orphée se dépatouiller avec le tableau de bord. La situation a de quoi être cocasse : elle sait posséder un connard puis brûler un monstre en quelques secondes à peine, mais sa caisse continue de lui résister...

— On va où, au fait ?

— Je comptais te ramener chez toi... débute-t-elle en farfouillant dans la boîte à gants à la recherche d'un quelconque outil capable de ressusciter la vieille Ford toute rouillée. Il y a un problème ?

— Tu réalises que je ne vais pas te laisser t'envoler dans la nature sans que tu n'aies répondu à au moins un centième des milliards de questions que je me pose ?

— Et si je ne peux donner du sens qu'à une poignée d'entre elles ? riposte-t-elle en parvenant enfin à démarrer l'engin – et le chauffage qui va avec.

— Ce sera toujours mieux que rien, répliqué-je sur le même ton, soucieuse de lui montrer que je ne lâcherai rien, cette fois.

Même si je me transforme en glaçon dans l'intervalle.

— Les tempêtes de neige, le blizzard... tout ça est inclus dans le pack surnaturel auquel on est abonné, pas vrai ?

— Je n'ai jamais vu les choses sous cet angle, mais ça fait sens, effectivement... marmonne Orphée en s'engouffrant sur la pente qui descend jusqu'à la ville. Quand tu dis « surnaturel », tu plaisantes, ou tu y crois vraiment ?

— Je n'y ai jamais été très ouverte, jusqu'à ce que je voie un Harry possédé cramer mon ex-petit ami, puis être nimbé d'une lueur violette émise par...

— Moi, termine-t-elle. Tes interrogations sont légitimes.

Encore heureux !

— C'est juste nous, ou tu crois que d'autres habitants font les frais des Mister Freeze qui traînent dans les parages ?

— Toi, rectifie-t-elle. Juste toi.

Merde. À choisir, j'aurais préféré qu'on soit tous dans le même merdier. Pour me ménager, j'imagine, elle dévie la conversation sur un sujet bien plus préoccupant : les cadavres.

— Tous les corps qui s'amoncellent depuis plusieurs mois sont ceux d'assassins, de fossoyeurs de l'au-delà qui se sont emparés des âmes des personnes qui te sont proches, ne serait-ce que physiquement.

Bien que concrets, les mots qui sortent de la bouche d'Orphée s'apparentent davantage à un gloubi-boulga de non-dits et de faux-semblants. Mais au milieu de tout ce charabia, un nom m'apparaît clairement : celui que Connor m'a donné avant d'être définitivement englouti par les ténèbres qui l'ont assailli :

MAUX DITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant