50. Une postière un peu particulière

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50. Une postière un peu particulière

SAMEDI 7 MARS

Promis, je ne boirai plus d'alcool de ma vie. 

Je pensais que le pire, quand on était bourré, était d'atteindre le point culminant, le paroxysme de l'ivresse. S'abandonner, se perdre, se laisser porter sans plus rien contrôler.

Sans surprise, je me suis trompée sur toute la ligne : le pire, c'est la gueule de bois qui survient après.

La mienne s'est réveillée en beauté quand j'ai enfin réussi à trouver le sommeil, deux ou trois heures après mon retour. Prya n'a fait aucun commentaire en m'entendant rentrer, même si elle a dû percevoir les relents d'alcool lorsque j'ai monté les escaliers en grognant. 

Soit elle pensait remettre son sermon à plus tard, soit je ne lui paraissais pas assez misérable pour qu'elle juge mon état inquiétant. Il faut dire que mon entrevue avec la jeune femme décharnée m'avait déjà pas mal dégrisée. 

C'est pourtant avec une migraine atroce et une nausée d'enfer que ma main tâtonne dans l'obscurité, à la recherche de mon téléphone.

Merde. Je n'en ai plus depuis que Michael a jugé bon de l'utiliser comme projectile pour le lancer sur un putain de corbeau. J'ignore encore ce que je vais faire de cette information, mais ce dont je suis sûre, c'est que mon quotidien sera beaucoup plus complexe sans smartphone. Comme le réveil Hello Kitty manque aussi à l'appel – merci Micky –, je rampe jusqu'à mon ordinateur en priant pour qu'il ne soit que 9h ou 10h, histoire de me recoucher sans me faire engueuler.

11h42. 

— Merde.

Je me lève, pantelante, et me précipite à l'extérieur de la chambre. Après m'être cognée contre les murs bruns du couloir et avoir failli dévaler les escaliers tête la première, je parviens enfin en bas. 

À ma grande surprise, Prya ne dit rien. Elle ne s'est même pas changée depuis mon arrivée. Je m'installe à la table de la cuisine, déroutée, alors qu'elle me tend un énorme bol de café, le sourire aux lèvres :

— Tu as de la chance que Michael ne soit pas là.

— Toi aussi, rétorqué-je en scrutant son T-shirt et son pantalon dépareillés avec circonspection. 

— Je n'ai jamais dit le contraire. Bois ça !

— Je n'aime pas le café.

— Parce que tu penses avoir le choix ? Crois-moi, ta tête me remerciera.

Pour anticiper toute rebuffade, elle pose deux cachets d'aspirine face à moi.

OK. Ma mère adoptive est bien plus perspicace qu'elle n'en a l'air.

MAUX DITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant