34. Oiseau éperdu dans un labyrinthe de sentiments

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34. Oiseau éperdu dans un labyrinthe de sentiments

LUNDI 2 MARS

Je me réveille avec un terrible mal de tête.

Ça commence à devenir une habitude...

Dès que ma migraine s'est apaisée, ma première pensée va à ma cheville. Ce satané arbre ne l'a pas épargnée... La dernière chose dont je me souviens, c'est d'un éclair traversant le ciel, du craquement qui s'ensuit et du cri qui s'échappe de ses lèvres. C'est tout. Pour le reste, c'est le trou noir.

Encore.

Je me redresse lentement de peur de raviver la douleur toujours présente dans ma jambe. Curieusement, j'ai l'impression qu'elle est beaucoup moins forte que quand j'ai fermé les yeux dans les bois. J'étais pourtant incapable de me relever...

OK, j'ai sans doute surdramatisé la scène, mais de là à avoir imaginé toute la souffrance qu'elle a engendrée... Il ne faut pas exagérer, non plus.

Ce qui me choque, une fois que j'ai pleinement émergé, c'est l'environnement qui m'entoure. Je n'ai jamais vu cet endroit auparavant, et si on m'avait donné le choix, je n'y aurais jamais mis les pieds. L'atmosphère qui s'en dégage me déstabilise complètement, comme si tout ce qui avait pu se jouer ici dépassait l'entendement. En résumé : j'ai intérêt à déguerpir rapidement – ce qui s'avère compliqué, quand on ne peut se déplacer qu'en clopinant.

Machinalement, mes mains parcourent mes poches à la recherche de mon téléphone – sans rien trouver. L'angoisse monte en moi lorsque je réalise que je l'ai laissé dans les vestiaires.

Merde. Comment je vais réussir à rentrer à la maison, maintenant ?

Mes yeux se posent sur mon pantalon de jogging – noir de terre, lui aussi. Je remonte le tissu sur ma peau pour contempler l'étendue des dégâts, le cœur au bord des lèvres. Je m'attends presque à voir l'os sortir de ma chair, tellement j'ai peur.

À la place, pourtant, je découvre un bandage soigneusement enroulé autour de la plaie. 

Qui m'a soignée ? 

Qu'est-ce que je fous là ? 

Et Harry, il est où ? 

Est-ce qu'il est... mort ? 

Vu l'arbre qui lui est tombé dessus, ça ne m'étonnerait pas... Soudain, l'un des néons accrochés aux murs clignote, comme pour m'avertir que ma présence ici n'est que temporaire. Un brin nauséeuse, je scrute l'unique plan de travail, au fond de la pièce. Deux cachets d'aspirine et un verre d'eau m'attendent sagement sur le rebord. Je les avale sans réfléchir, consciente que je n'en ressentirai les effets que dans une demi-heure. 

C'est quoi, ce bordel ? Je ne sais pas où est passé mon T-shirt, mais le fin morceau de tissu attaché à mes épaules ne provient pas de ma penderie, c'est sûr. Il est seulement retenu par des bretelles noires, si fines qu'elles en feraient presque oublier les losanges transparents qui découpent l'étoffe. Si Prya et Michael voyaient ça...

Putain, Prya et Michael ! Si je ne me dépêche pas un peu, ils vont me tuer. Et je préfère le faire moi-même plutôt que de subir leurs châtiments.

Refusant de céder à la panique, je cherche l'heure sur un micro-ondes ou un réveil, mais bien sûr, cette piaule pourrie ne semble équipée ni de l'un, ni de l'autre.

Si tu jetais un œil dehors, tu verrais qu'il fait déjà nuit.

Par chance, un écran plat accroché dans un coin du mur me redonne espoir. Enfin, encore faut-il que je trouve la télécommande...

C'est mission impossible. Je dois me résoudre à pousser le canapé contre la paroi pour atteindre les commandes manuelles. Manque de bol, je tombe en plein milieu du JT d'une chaîne d'info en continu, du genre de celles qu'il vaut mieux ignorer lorsqu'on cherche à éviter les fake news. La seule info fiable dont elle dispose, c'est le temps : il est vingt-et-une heures passé.

Moi qui comptais rentrer avant le dîner, c'est raté !

Ce qui me surprend, en revanche, c'est la petite phrase qui passe en boucle sur le bandeau déroulant, en bas de l'écran : « un adolescent porté disparu à Brastlyn. Sa voiture, une Chevrolet S10, n'a toujours pas été retrouvée. » 

Merde... Jamais je n'aurais cru que ma petite bourgade puisse être le théâtre d'un tel drame... Comme quoi, tout arrive.

Pour le meilleur... et pour le pire.

Cette nouvelle accroît mon inquiétude. Et si ce gars avait été assassiné par un tueur en série ? Rien ne dit que le meurtrier ne recommencera pas ce soir, avec moi !

— Il faut... il faut que je sorte d'ici.

Je me prépare à enfoncer la porte, lorsqu'une légère brise caresse mes cheveux – elle est déjà ouverte. Même si je ne comprends toujours pas comment je suis arrivée dans ce taudis, je suis un peu plus rassurée. Si on m'avait vraiment séquestrée, je n'aurais pas pu sortir, pas vrai ?

Probablement.

Je suis encore plus paumée lorsque je me retrouve à l'air libre, en plein milieu de la vieille zone industrielle. Je n'y suis jamais allée avant, alors j'ai du mal à estimer la distance qui me sépare du reste de la ville.

OK. Il ne me reste plus qu'à croiser les doigts pour que je n'aie pas à marcher trop longtemps, j'imagine... Je me suis déjà assez dépensée pour la journée.

Pour l'année entière, même.

💫💫💫

C'est bizarre. Plus j'avance, et plus j'ai l'impression de m'égarer parmi les entrepôts et les usines désaffectées. Il n'y a pas âme qui vive, ici, et maintenant que la nuit est tombée, je commence à flipper. 

Merde. Il n'y a qu'à moi ça arrive... Parfois, je me demande si mon deuxième prénom n'est pas « poisse », ou un truc dans le genre – un indice qui expliquerait pourquoi je suis aussi... maudite.

Après plus d'une heure à tourner en rond sans aucun résultat, si ce n'est d'avoir aggravé ma blessure à la cheville, il faut me rendre à l'évidence : je suis paumée.

Après plus d'une heure à tourner en rond sans aucun résultat, si ce n'est d'avoir aggravé ma blessure à la cheville, il faut me rendre à l'évidence : je suis paumée

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Amnésie, quand tu nous tiens... 🥴 À choisir, vous préféreriez : 

– oublier des périodes entières de votre vie

– en ressasser les pires moments, encore et encore 

Kyo a-t-elle raison d'avoir peur ? Un serial killer sévit-il réellement à Brastlyn ? 

– Oui 😰

– Nan 😇

MAUX DITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant