CHAPITRE VIII - Le visage de la sorcière Iorga - Partie 1

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Isgard, au palais de la famille royale Kårde, chez Argos.


Dans le logement d'Argos, le géant Manzy tournait en rond autour de la table, ruminant de sombres pensées. Il trouvait le temps long, et fixer la vieille horloge chaque minute n'arrangeait rien à son empressement. Au lieu d'attendre le retour du mage comme il lui avait été sommé, l'immense chevalier aurait préférait mille fois faire de durs exercices de combats avec ses amis qui devaient de toute évidence se demander où il été.

Lorsque la porte s'ouvrit enfin et que la silhouette du vieux sage apparut dans l'embrasure, Ordos souffla de soulagement. Sa nervosité était à son paroxysme, il n'en pouvait plus de patienter.

— Vous voilà finalement ! dit-il en fixant le coffret avec attention.

— Je suis désolé de vous avoir fait attendre ainsi, lança Argos qui s'installa à la table.

— Comment procédons-nous à présent ? questionna Ordos en s'asseyant, les mains callées sur les genoux.

Le vieux sage se massa les tempes, puis resta silencieux quelques instants, la tête basse.

— Connaissez-vous le Lankium ? demanda-t-il au chevalier qui répondit par la négative.

— C'est une plante extraordinaire qui révèle à toute personne qui inhale son parfum ses désirs les plus profonds, qu'ils soient connus ou inconscients.

L'expression d'Ordos changea. Il écarquilla ses grands yeux et sa mâchoire s'affaissa :

— C'est un révélateur de vérité !

— On peut dire ça ! sourit Argos. Mais ça ne fonctionne qu'une seule et unique fois sur un individu.

Le géant Manzy inspira profondément et passa les mains sur son visage crispé.

— Vous pensez que le Lankium va réveiller les souvenirs qui sont endormis au plus profond de moi ?

Le mage lissa sa barbe, puis laissa glisser ses doigts noueux sur le coffret raffinement sculpté d'effigies du pays aux mille fleurs.

— Si ce que vous m'avez dit tout à l'heure est vrai, et que votre souhait le plus cher est de retrouver ces fragments de mémoire perdus... il y a de fortes chances que la Lankium puisse vous y aider !

— Faisons- le ! s'exclama Ordos. Que dois-je faire ?

— Respirez le parfum de cette plante, c'est juste ce que vous avez à faire. Et observez bien les moindres détails. Tout est important !

— Parfait... et vous ?

— Ne vous inquiétez pas pour moi ! dit le vieux sage. Je suis immunisé depuis bien longtemps.

— Je vois... vous l'avez déjà utilisé sur vous, marmonna Ordos.

Argos hocha la tête puis libera le Lankium de son écrin d'or. L'effluve sucré inonda la pièce, et le chevalier sombra immédiatement dans un état second.

Au début, il n'y avait que la brume blanche, puis celle-ci se dissipa peu à peu. Des images parvinrent alors à Ordos, de plus en plus nettes. Le géant Manzy était au-dessus de Lôy. Il volait comme un oiseau et put observer toute la cité. Il remarqua un jeune garçon qui quittait son quartier et courait vers les bois voisins. L'enfant passa sur un vieux pont pour franchir une rivière, puis ramassa une vieille branche. Il en fit une épée puis combattit des adversaires imaginaires, tout en s'enfonçant dans les broussailles et buissons.

Ordos survola le bocage et ne lâcha pas du regard le garçon qui longeait le cours d'eau. Soudain, l'enfant se dirigea vers un endroit comme s'il était attiré par quelque chose. Celui-ci s'allongea dans un bosquet, puis espionna une femme blonde vêtue d'une robe sombre. Elle se tenait au centre d'un énorme pentacle marqué au sol et elle dansait, chantait dans une langue inconnue. Durant son rituel, l'inconnue s'arracha une touffe de cheveux et leva la main droite vers le ciel. Le pentacle s'emplit d'une puissante énergie verte pulsatile qui se transmit à ses pieds puis remonta son corps pour finalement complètement l'envelopper. La femme entonna alors sa malédiction sur le futur bébé de Thelma Kårde, et tout redevint aussitôt normal.

Le garçon cria, et la femme se retourna aussitôt vers lui. L'enfant essaya de s'enfuir, prit d'affolement, mais il fut figé puis se mit à flotter dans les airs. La femme tourna autour de son corps immobilisé et se mit à rire. Ordos s'approcha alors de la scène puis découvrit avec stupeur le visage de la terrible inconnue. Elle ressemblait, traits pour traits, à la reine d'Isgard.

— Mon petit ! Tu as osé défier Iorga, ricana-t-elle. Qui es-tu ?

— Je m'appelle Ordos, brailla l'enfant. Libérez-moi.

— Idiot ! Sais-tu qui je suis ? vociféra la sorcière. Crois-tu que je vais te laisser partir.

— Vous êtes Thelma ! Vous ne me ferez jamais de mal, pleura le garçon.

— Ahahahaha... tu me prends donc pour la reine, se moqua Iorga. Désolée de te décevoir ! Je ne suis juste que sa sœur jumelle.

— Lâchez-moi ! Je vous en prie...

— Estime-toi chanceux microbe. Je suis dans mon jour de bonté, je ne vais pas de tuer !

— Qu'allez-vous me faire ?

— Rien de méchant ! ironisa la sorcière en relevant sa capuche sur sa longue chevelure blonde et bouclée. Je vais juste effacer ta mémoire.

— Je ne vous oublierai jamais ! ragea le garçon. Je me vengerai un jour, je me vengerai...

Iorga resta insensible aux menaces et formula.

— Eénruoj ettec euq isnia siamaj à egasiv nom seilbuo.

L'enfant sombra dans un profond sommeil, instantanément. La sorcière, d'un geste brutal, projeta le corps inerte du gamin loin d'elle dans les talus, puis elle s'enfonça dans les profondeurs des sous-bois.

Les images devinrent floues, et la brume opaque blanche réapparut pour tout engloutir. Ordos sortit de sa torpeur puis fixa, ébahi, Argos.

Princesse Ania - Iorga la Démoniaque - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant