Chapitre X - Combattre le Mal - Partie 1

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Isgard, en province Mendoza, au château du seigneur Isaak


Confortablement installé dans son bureau, une petite pièce feutrée où trônait une cheminée finement sculptée, un grand secrétaire et une riche bibliothèque, le seigneur Isaak terminait de parapher des documents officiels. Administrateur de Mendoza depuis plus de vingt ans, cet ancien chevalier imposant au caractère bien trempé était un homme droit, minutieux et entièrement dévoué à la couronne d'Isgard. Il s'occupait personnellement de toutes les affaires, importantes ou non, concernant sa province et ses habitants. Celui-ci consignait dans de petits registres tout ce qu'il se déroulait à Mendoza dans les moindres détails et les faisait parvenir chaque semaine au conseiller du roi Kårde.

Isaak rangea, un par un, ses dossiers dans un coffre puis se posa devant la fenêtre orientée vers l'ouest. Lorsqu'il le pouvait, Isaak ne ratait pas un coucher du soleil. Il ne se lassait jamais de ce magnifique spectacle, et voir les immenses champs de ses terres s'illuminer par les rayons d'or du couchant l'enchanté toujours.

Soudain, on tambourina à la porte.

— Oui ! lança Isaak, arrachant ses yeux à la contemplation de l'immense astre rouge orangé pour regarder un valet qui entrait dans son bureau.

— Seigneur ! dit le serviteur qui s'inclina tant qu'on aurait pu croire qu'il se casserait en deux. Des hommes venant de Kanji ont une nouvelle terrible à vous annoncer. Je n'ai pas tous les détails mais d'après ce qu'ils m'ont raconté, la cité aurait été assiégée la nuit dernière et il y aurait de nombreux morts.

L'expression de l'administrateur de Mendoza changea. Il écarquilla ses grands yeux sévères et sa mâchoire s'affaissa. Il était sidéré.

— Fais les venir tout de suite, ainsi que l'officier en chef ! ordonna-t-il.

Le valet s'éclipsa, et ses bruits de pas résonnèrent un long moment dans les couloirs dans de légers échos.

Isaak fut envahi par de sombres pensées. Il imagina les pires choses, mais garda son sang-froid. Il devait procéder avec méthode et agir au plus vite sans se laisser affecter par ses émotions. Comme l'obscurité du soir s'installait inexorablement dans le bureau, le seigneur de Mendoza alluma une lampe à huile puis sortit de sa poche une carte de la province qu'il portait toujours sur lui pour la déplier sur son secrétaire et l'examiner avec attention.

Lorsque le valet revint avec l'officier en chef et les hommes de Kanji, Isaak ne s'encombra pas de formalités ou de politesses, et alla droit au but :

— Qui êtes-vous ? Et que s'est-il passé dans votre cité ? demanda-t-il aux hommes.

— Je suis Aalongue...

— Et moi Gildric ! reprit l'autre. Nous sommes la sentinelle de nuit de Kanji.

Isaak plissa son front :

— Vous êtes venu jusqu'ici à pied en moins d'une journée. Quel exploit !

— Seigneur, notre cité a été attaquée la nuit dernière par plus de cinquante Waâ locks. Ils ont franchi les remparts et massacré surement des centaines de personnes. Nous sommes venus vous prévenir du danger qui menace la région !

L'administrateur de Mendoza, instinctivement, fixa l'officier en chef qui semblait atterré.

— Qu'est-ce que vous me racontez-là ! lâcha-t-il, atone.

— Je vous en conjure de nous croire ! dit Aalongue, la gorge serrée. Toute la ville a été incendiée et il n'y a plus âme qui vive là-bas !

L'officier s'avança et prit la parole :

— C'est quoi les Waâ locks ? Et d'où viennent-ils ?

Isaak se dirigea vers la bibliothèque et revint quelques instants plus tard avec un petit livre relié d'un cuir sombre taché par l'âge. Il le feuilleta un court moment, puis montra une illustration de Waâ locks à l'officier.

— Ce sont d'infâmes créatures très dangereuses et d'une sauvagerie inégalable d'après les récits historiques, dit froidement Isaak. Elles ont été éradiquées du royaume d'Isgard par le roi Antonin Kårde, il y a bien longtemps.

— Vous n'étiez pas encore nés ! dit Aalongue. Je me souviens qu'à cette époque, il eut de nombreux combats sanglants contre les Waâ locks et que les armées du roi Antonin chassèrent ces êtres démoniaques jusqu'aux confins des terres noires !

— Je m'interroge sur les raisons qui ont poussé ces ignobles créatures à revenir à Isgard, s'exclama l'officier.

Isaak secoua la tête d'un air indigné.

— Pour venir jusqu'ici, les Waâ locks ont dû forcément traverser Mull Yard. Je suis surpris que l'armée du roi Rajan Hawn ne soit pas intervenue pour les empêcher de progresser et que ce dernier ne nous ait pas prévenus du danger. Cela me trouble au plus haut point mais pour le moment, notre priorité est de protéger la population et d'exterminer ces monstres au plus vite.

— Nous n'avons que deux cents soldats à disposition, dit l'officier. Nous devrions prévenir le roi Kårde ! Il pourrait alors nous envoyer plusieurs contingents de militaires pour nous aider.

— Notre souverain sera informé de la situation mais nous ne pourrons pas compter sur son armée car elle mettrait trop de temps pour parvenir jusqu'ici, annonça Isaak. Nous devons gérer cette crise seuls.

L'officier acquiesça d'un hochement de tête.

Le seigneur de Mendoza s'installa à son secrétaire et désigna aux autres une zone marécageuse sur la carte étalée devant lui.

— C'est à cet endroit même que nous trouverons les Waâ locks et que nous les anéantirons ! lança-t-il avec hargne.


A suivre.

Princesse Ania - Iorga la Démoniaque - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant