CHAPITRE VIII - Le visage de la sorcière Iorga - Partie 2

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... les images devinrent floues, et la brume opaque blanche réapparut pour tout engloutir. Ordos sortit de sa torpeur puis fixa, ébahi, Argos.

Le vieux sage admira un court moment la fragile plante aux petites fleurs mauves et aux feuilles vernissées jaunâtres, puis referma le coffret avec délicatesse.

— Je vais nous faire du thé ! dit Argos à l'intention du chevalier.

Il s'en alla dans la cuisine et revint très vite avec un plateau où était entreposé une théière fumante, deux tasses et du miel.

Le mage se réinstalla à table, ne lâchant pas du regard Ordos, puis lui proposa une boisson chaude :

— C'est un des meilleurs thés au monde. Il provient des hauts plateaux de Manldinar.

Le géant Manzy accepta la tasse d'un hochement de tête, puis but une grande gorgée.

— Il est divinement bon ! s'exclama Ordos en s'humecta les lèvres du bout de la langue.

Le mage se mit à rire.

— On n'en boit que les jours de grandes occasions.

Le chevalier plissa les yeux et dévisagea Argos.

— Est-ce une grande occasion ? demanda-t-il.

— Je l'espère ! répondit le vieux sage. Je l'espère.

Ce dernier savoura son thé avec délectation. Quand il eut presque fini, Argos secoua nonchalamment sa tasse et s'amusa à regarder le liquide faire de petites vagues.

— Alors... que pensez-vous de cet étrange phénomène que vous avez vécu ? questionna le mage.

— Le parfum du Lankium est vraiment prodigieux, répondit le chevalier sans détour.

Argos approuva et esquissa un léger sourire :

— Cette plante est capable de choses fantastiques... que vous a-t-elle révélé ?

Ordos déglutit difficilement avant de s'exprimer.

— Le Lankium m'a dévoilé ce que je désirais au plus profond de moi. J'ai pu enfin apercevoir toute la lumière sur ce souvenir de jeunesse qui m'avait été arraché de force. Cependant, ce que je vais vous apprendre risque de vous choquer au plus haut point. C'est complètement démentiel.

Argos s'enfonça dans sa chaise, la mine renfrognée.

— Je suis tout ouïe ! dit-il, les mâchoires serrées.

Le géant Manzy se lança dans un long récit. Durant plus d'une demi-heure, il raconta dans les moindres détails l'événement qu'il avait vécu enfant. Le mage, attentif, consigna le moindre mot d'Ordos dans son esprit. Il ne coupa jamais le chevalier et resta stoïque jusqu'à ce que ce dernier ait terminé.

— Je vous assure que cette sorcière ressemblait à notre reine comme deux gouttes d'eau ! conclut Ordos, les yeux mouillés par l'émotion.

— Je vous crois sur parole, grinça Argos entre ses dents serrées. Thelma aurait donc une sœur jumelle démoniaque... je n'en reviens pas. En effet, cela est démentiel.

Le vieux sage, dans une longue et profonde réflexion, analysa la situation :

— Thelma, elle-même, n'est pas au courant de cela... elle a toujours dit être une fille unique. Puis je connais la reine et ses parents depuis fort longtemps, ils n'étaient qu'une famille de trois personnes ! C'est bizarre, pourquoi avoir séparé deux nourrissons à la naissance ? Quelque chose m'échappe.

— J'avoue n'y rien saisir ! marmonna le chevalier, décontenancé.

Argos laissa son esprit vagabonder quelques instants.

— Je comprends à présent pourquoi cette sorcière a utilisé une mèche de ses cheveux pour jeter sa malédiction ! dit-il, pensif. Etant du même sang que Thelma, elle n'a pas eu besoin de posséder un élément corporel de sa victime puisqu'une substance d'elle-même suffisait.

— Vous pouvez annuler le sort jeté sur Ania ? demanda Ordos.

Le mage grimaça et hocha la tête fébrilement.

— Hélas non à cause du pentacle qui empêchera quiconque de briser la malédiction. C'est une magie extrêmement puissante impossible à détruire. Seule, cette sorcière peut inverser le sortilège.

De rage, le géant Manzy frappa la table du plat de la main avec une violence qui fit tinter les tasses.

— Tout cela ne nous a servi à rien ! Nous sommes toujours au même point de départ...

— Bien au contraire, coupa Argos en débarrassant le plateau. Nous avons enfin eu l'opportunité de savoir qui est cette sorcière source de tous nos malheurs. Nous allons à présent pouvoir la débusquer car je connais maintenant son identité. Je vais pouvoir aussi plus efficacement défendre le palais et contrer sa magie noire.

Ordos acquiesça :

— C'est vrai... ça change la donne.

— Toutefois, il va falloir pour le moment garder ce secret pour nous car cela pourrait bouleverser profondément la famille royale ! conseilla le vieux sage.

— Je comprends qu'une telle annonce serait terrible, admit le chevalier. Mais qu'allons-nous faire ? Nous ne pouvons pas cacher cette information indûment.

— Ce ne sera qu'une courte période. Je voudrais d'abord vérifier plusieurs choses avant de parler au roi Kårde, lança le mage sur un ton énigmatique.

Ordos fit comprendre qu'il n'aimait pas trop cacher une telle information à son souverain, mais il accepta de rester muet jusqu'à ce que le vieux sage explore toutes les solutions possibles pour appréhender Iorga.

— Vous souhaitez partir seul à la recherche de cette ensorceleuse ? s'enquit le chevalier. Grâce à votre magie, je suis persuadé que vous êtes capable de la localiser et de l'anéantir.

Le mage jeta un regard approbateur à Ordos.

— Il me suffit juste d'avoir un ongle ou des cheveux de la reine pour lui jeter un charme.

— Je souhaite vous accompagner dans votre quête ! dit le géant Manzy, animé par la vengeance.

— Je n'en doutais pas une seule seconde, répondit Argos en souriant. J'aurai besoin de vos services car cela ne sera pas sans risques.

— Je reste entièrement à votre disposition.

Le vieux sage le remercia chaleureusement.

— Je vais aller rendre le Lankium au roi Kårde et lui dire que vous avez retrouvé une partie de votre mémoire sans trop rentrer dans les détails.

Le chevalier hocha la tête.

— De mon côté, je vais suivre vos conseils et me taire sur toute cette histoire. J'attendrai vos instructions.

— Il me faudra quelques jours pour faire des enchantements de protection autour du palais contre cette sorcière, prévint Argos. Tenez-vous prêt à tout moment.

— Je vais rester sur le qui-vive ! promit Ordos.

Les deux hommes se saluèrent avec virilité puis quittèrent l'humble demeure du mage. Ils traversèrent rapidement la cour et le passage à travers les remparts.

— Retournons à nos activités ! Je vous dis à bientôt, chuchota Argos.

Après une dernière poignée de main, Ordos emprunta l'allée qui amenait à la caserne, tandis que le vieux sage se dirigea vers le palais d'un pas léger.

Princesse Ania - Iorga la Démoniaque - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant