Paslaptis

XLIII

J'accroche mon sac au dossier de ma chaise puis, je me redresse avec flemme et observe les collègues présents autour de moi. J'ai eu du mal à sortir du lit ce matin, je peine à garder les yeux ouverts.

Il ne faut pas que je désespère aussi tôt. Je dois travailler assidûment. J'allume mon ordinateur et, en attendant que celui-ci démarre, je regarde la messagerie de mon téléphone.

Depuis hier, ma mère me persécute par message, car elle a hâte d'être à demain. J'évite de répondre, sinon la conversation deviendra interminable.

Mitsu se pointe finalement au travail. Son teint est radieux, elle semble avoir la pêche. Je ne peux m'empêcher de guigner son décolleté.

Ma collègue s'installe à son bureau, dépose ses affaires, puis, lève les yeux vers moi. Elle soutient mon regard, la bouche figée en un rictus provocateur.

Une grimace s'exhibe de mon visage. Je roule les yeux puis dirige ma vue à l'autre bout de la pièce. Il ne faut pas que je me laisse subjuguer par cette succube.

C'est maintenant l'heure de retrouver ma classe. Je décroche de l'écran pour ensuite m'avancer jusqu'aux couloirs.

Comme par hasard, Mitsu vient volontairement me heurter.

« Oups, pardon ! »

Son sourire sournois me titille les nerfs.

Quel genre d'idée sordide avait-elle derrière la tête, cette fois-ci ?

Curieusement, elle n'ajoute aucun autre mot et se faufile dans la masse. 

Je reste dubitatif sur le coup. J'observe ma collègue s'éloigner d'un œil avisé.

« Un salamèche sauvage apparaît ! »

Ma réaction n'avait pas été assez rapide pour parer le coup de cartable. L'objet me frappe de plein fouet. Je me plie de douleur, compressant mes bras contre mon ventre.

« Yoshioka ?! Ça ne va pas ?! »

Hiyori possède une allure désinvolte. Le pied frappant au sol, elle attend impatiemment une réaction de ma part.

« Pourrais-tu éviter de faire ce genre de chose ? Surtout au lycée !

- Ça va ! Il n'y a plus personne dans le couloir !

- Tu me fatigues.

- Le salamèche sauvage se fâche !

- Arrête tes âneries ! »

Je remonte ma manche pour regarder ma montre. Je suis en retard d'une minute, il faut que je fonce.

« Nous sommes en retard Yoshioka ! Dépêche-toi ! »

L'adolescente ne bouge pas d'un pouce.

« Tu m'écoutes ?

- Ouais. J'arrive ! J'vais aux toilettes.

- Comment ça ?! Hiyori, file en classe !

- Ça va ! J'me dépêche ! »

Je pousse encore un soupir rempli de désespoir. Je n'ai pas le temps de me débattre avec cette gamine. Je me presse pour rejoindre la classe.

Les minutes fuient et Hiyori ne s'est toujours pas pointée. Pendant que les élèves s'occupent avec quelques exercices, je jette un œil derrière la porte pour espérer voir la crapule.