Soutien psychologique

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Je reportais mon attention sur mon chocolat. Ceux du Valkyrie sont servis dans un grand bocal transparent. La préparation est très spécifique, l'intérieur du bocal est séparé en plusieurs couches. Le fond était recouvert de Nutella, au-dessus il y avait du chocolat mélangé à du lait entier puis du chocolat noir fondu. Le dégradé était magnifique, et en plus de la chantilly faite maison ; un bâtonnet à la cannelle recouvrait le tout !

J'entendais une nouvelle fois la sonnerie, des pas s'approchaient de moi puis deux hommes se serrèrent sur la banquette en face de moi. Je ne levais pas la tête, occupée à siroter ma boisson.

"Kirsten. Dit Conrad, le frère de mon père.

- Oui ? Répondis-je, les yeux rivés sur ma chantilly.

- Gunner, ton père, se doutait que tu serais là. Il s'occupe de Fenrir." Me lance mon oncle. Fenrir est le chien de chasse de mon père, un immense chien-loup au poil argenté. "Il s'est inquiété de ne pas te trouver dans ton lit ce matin.

- Je tirais." Répondis-je plus sèchement que je ne l'aurais voulu.

"Eh cousine, tu vas bien ?.. S'inquiète Alexei, mon cousin, puisque je suis d'habitude plus posée.

- Écoutez, soupirais-je, ramenez moi s'il vous plaît, je pense que sortir n'étais pas une si bonne idée finalement."

Pendant que mon oncle paie, Alexei m'aide à me mettre debout. C'est étrange comme je me sens faible. Il me serre dans ses bras musclés et j'enfouis ma tête au creux de son cou.

"Pour ta mère, ça va ?

- Je ne sais pas trop où j'en suis honnêtement...

- On n'était pas très proches, mais si tu as besoin d'aide je suis là et si tu veux en parler, Brigit serait idéale !"

Je souris tristement. Ma mère s'était trouvée comme meilleure amie la femme la plus vieux jeu de notre famille. Elles allaient aux bains ensemble et sautaient nues dans la neige comme si elles étaient encore des adolescentes.

Brigit est la jeune sœur de mon grand-père. Elle est la dernière vivante de sa génération. Tout en président le conseil d'une main de fer, elle a tout de la mamie gâteau idéale tant elle gâte ses descendants et ceux de son frère.

Ils avaient une autre sœur, qui elle préférait les filles. Notre famille avait ouvert les bras à sa copine et c'est mon arrière-grand-père qui les avait mariées illégalement, car leur mariage n'était pas autorisé par la Loi de l'état à ce moment-là.

"Je pense honnêtement que Brigit pourra t'aider dans ton deuil.

- Merci, mais là, il faudrait que je rentre..."

Son père prit mes affaires et nous partions dans leur gros 4x4. Alexei est fils unique, il a un an de plus que moi. Je me souviens de toutes les soirées films qu'on faisait en cachette quand on était gamins, pendant que nos parents se réunissaient pour le conseil. Comme toute notre lignée, il était grand, avait des épaules carrées, des yeux foncés et des cheveux bruns.

Une fois à la maison, j'allais dormir sans rien dire à personne. J'aperçus mon père en train d'accrocher les bas de noël. Je sombrais dans un sommeil lourd, épuisée par le parcours que j'avais fait le matin-même.





Le lendemain, j'ouvris les yeux, il faisait encore nuit. En même temps l'hiver chez nous réduisait les jours à quelques heures. Je pris mes cahiers et allais dans la pièce de repos. Je consultais mes mails pour recevoir les cours que Léopoldine, une fille de ma classe, m'envoyait. Sans m'arrêter, je rattrapais tous mes cours et avançait mes devoirs pour m'occuper l'esprit et ainsi éviter de penser à mon deuil.

En fin de journée, mon père ouvrit la porte et m'invita à les rejoindre.

"Kirsten, chérie, je n'ai pas osé te déranger de la journée, mais je pense que tu devrais venir manger avec nous. Reste en pyjama si tu veux !"

Je l'ai suivi, la mort dans l'âme, après m'être rendue compte que j'avais effectivement très faim.

Elfi portait une robe pull et s'était tressé les cheveux. J'ai remarqué qu'il lui restait de la farine sur le visage quand elle s'est approchée de moi pour m'offrir un sablé au pain d'épices. Mon père m'a galamment aidé à m'asseoir et j'ai remarqué mon thé favori, fumant dans ma tasse.

"On n'a plus maman, mais on est toujours une famille. Il faut se serrer les coudes !" Lança ma petite sœur. Mes tristes pensées me frappèrent en pleine face. Je ne pleurerai pas. Je souris pour garder la face mais je me sens morte de l'intérieur.

"Tu as sûrement raison, mais là j'ai faim, donc asseyez-vous et mangez avec moi !"

On s'est empiffrés de tarte à la citrouille, de purée de pois cassés, de soupe de poisson, des grillades offertes par un voisin, du fromage aux noisettes. C'est délicieux, mais le meilleur fut pour la fin : des verrines de fruits rouges et de la gelée de sureau sur du pain de seigle...

J'avais tellement mangé que mon ventre était à la limite de l'implosion ! Je sortis difficilement de table et alla m'asseoir sur le canapé, et levai les yeux vers le tableau de maman. Je ne pleurerai pas.

Plus bas, il y avait, accrochées au rebord de la cheminée, les grosses chaussettes de noël. À l'intérieur il y avait des sucreries, de l'argent et des portes-bonheur. Une chaussette par personne de la famille. Celle de maman était absente et laissait un vide dans la décoration.

Je glisse un sucre d'orge dans celle de ma sœur, verte, décorée d'un cerf au nez rouge. En sortant de la pièce je jetais le poème que j'avais écrit pour ma mère.

Dans la soirée je téléphonais à Brigit et laissais un message proposant une rencontre.


[Désolées pour le retard, nous posterons à ces horaires dorénavant.]

24 jours en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant