Nuages sombres

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Je suis enfin en vacances ! Ce matin a été tellement facile : je me levais sans redouter le moment fatidique où la jeep s'arrêtait devant la maison. J'ai alors vu mon père dans la pièce à vivre, qui, au lieu de lire un journal, épluchait les comptes-rendus avec trois autres membres du conseil. Une carte des environs était déroulée sur le mur, des punaises colorées plantées à différents endroits.

La grande pièce était devenu un salon de recherches, ça sentait le café, le renfermé et l'angoisse. Mon père était déterminé, mais des poches bleuâtres soulignaient ses yeux. Les deux femmes semblaient au bord de la dépression (elles sont les meilleures stratèges du conseil, mais aucune de leurs idées n'a porté ses fruits jusqu'à présent). Et le dernier, je l'ai reconnu avec peine : il apprécie le maquillage et ne sort jamais sans un teint parfait, d'habitude. Aujourd'hui, son visage était bouffi et il avait des rougeurs sur les joues.

"Bonjour ! J'aimerais vous demander depuis combien de temps vous êtes là, mais je vais me contacter de refaire une tournée de cafés.

- Merci Freya ! Lâche l'homme, à bout visiblement."

J'ai fait la spécialité caféinée de ma mère : le ristretto ! Je leur ai servi, bien corsé avec une goutte d'alcool, dans des shots. Ils furent surpris, mais le goût les réveilla définitivement.

"Tu vas bien, papa ?

- C'est gentil, Kirsten... Tu sais, on commande les perquisitions d'ici, mais on est à court d'idées là.

- Pourquoi ne tenteriez-vous pas, voyons-voir, juste ici ! Proposais-je en pointant du doigt une maison vue du ciel.

- Pourquoi donc ? S'étonna une bonne femme. Rien ne doit se faire au hasard !

- C'est une maison dans un quartier qui n'est ni des fondateurs, ni des citadins. Elle n'attire pas l'attention, mais les gens qui vivent dans ce genre de quartiers bougent autant que les civils.

- Tu as raison, mais ça ne veut rien dire.

- Après, on peut ajouter les lieux où le tueur fut présent, il y a cette ligne : la grande route. Celle-ci où notre quartier, la maison du retraité et l'école forment un second trait. Le tout se rejoint en pointe dans la forêt à la vieille maison abandonnée. Cela forme un triangle, on voit souvent ça dans l'inconscient des gens. Ils agissent selon une logique sans s'en rendre compte pour nous faire croire à quelque chose...

- Que ferait-il croire ? Plissa les yeux l'une des femmes.

- Qu'il est un tueur en série.

- C'est le cas.

- Mais il n'est pas accro au meurtre, rétorquais-je.

- Comment peux-tu le savoir, ma belle ? M'interrogea doucement mon père.

- Parce que, tout ce qu'il voulait, c'était tuer maman !"

Il y eut un blanc, personne n'avait compris ou alors ils me prenaient pour une folle. Ces mots étaient difficiles à dire, mais je ne pleurerai pas !

"Tu veux bien t'expliquer, Kirsten ? Demanda mon père, sans expression.

- J'ai vu un homme, une fois à l'enterrement de maman, hier je l'ai revu en sortant du lycée. Sûrement un tordu, me direz-vous. Mais Cassie...

- La femme qui était chez nous, pendant la tempête ?

- Oui, elle disait avoir vu un homme grand et blond à l'aéroport, avec maman.

- Mais qui est-ce dans ce cas ? Pourquoi n'avoir rien dit plus tôt ?

- Je n'avais jamais fait le lien avant, mais ça pourrait être une seule et même personne."

24 jours en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant