Traque

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Les curieux sortaient sur leurs balcons et se pressaient aux fenêtres. Nous avançâmes dans la ville, vers la forêt où les différents groupes se rejoignaient, leurs torches formant des points lumineux dans la pénombre. Le cortège silencieux progressait dans la ville, vers un unique but : trouver Peter. Le conseil avait délibéré et décidé de lancer des recherches. Nul ne rentrait tant que la forêt ne serait pas entièrement fouillée ou leur futur membre trouvé. Il ne s'agissait pas ici qu'une affaire de sauvetage mais aussi d'honneur. Nul ne défiait le conseil sans en assumer les conséquences. La première étape était de retrouver Peter, mort ou vif, et la suivante d'attraper le meurtrier.

Je rejoignis les miens à l'orée de la forêt, où les fouilles devraient commencer. Une ligne s'était formée, de plusieurs centaines de mètres de chaque côté de nous. Tous ceux qui étaient présents au conseil étaient là, et avaient emmené des renforts. Quelques membres des équipes de patrouille qui n'étaient pas d'astreinte étaient sur place aussi, leurs brassards reconnaissables entre tous. Les chiens de chasse étaient nez au vent, pressés de commencer. Le plus puissant d'entre eux était Fenrir. Il était tenu fermement par Gunner, qui ne le lâcherait que quand le signal serait donné. Signal qui ne tarderait à arriver étant donné que les retardataires se plaçaient sur le front. Une corne se fit entendre, les chiens furent lâchés et les personnes se mirent en marche. La progression était difficile, la neige nous ralentissait, et les feuilles gelées nous faisaient glisser. Les heures passaient, les kilomètres défilaient, et toujours rien. Mais nul ne laissait tomber, car nous avions un but, et nous n'aurions fini qu'une fois qu'il serait accompli. Le froid mordant nous faisait trembler, le sol nous faisait glisser, la fatigue nous faisait trébucher. Je n'avais jamais eu autant mal aux jambes, même après un entraînement intensif. Et soudain, quelqu'un sur ma gauche se mit à chanter. Ce n'était pas tant mélodieux, mais la plainte était entraînante. Quelqu'un continua, puis une autre personne les rejoints. Et de marcheur en marcheur, tout le monde commençait à chanter. Et d'un coup, plus de froid, plus de peine, plus de fatigue. Nous étions un seul Homme, marchant vers notre objectif. Soudain, Fenrir se précipita vers un point précis, suivi par les autres chiens, et une cabane de chasse se dévoila à nous. Presque cliché. Les premiers arrivés défoncèrent la porte.

L'ambulance emporta le jeune avocat, dans un sale état, mais bien vivant, vers l'hôpital. Des 4x4 arrivèrent plus tard pour emporter les différents participants à la traque. En attendant les prochains transports, nous avions allumé des feux de camp et les familles discutaient entre elles. Je caressais Fenrir tout en discutant de mes progrès en herboristerie avec Brigit. Tersly vint ensuite nous prévenir que c'était notre tour. En montant dans le 4x4, je maintins le regard avec un certain grand brun aux yeux bleus. Je détournais le regard lorsque la voiture démarra. Un jour, je devrais lui demander d'où venaient ses yeux bleus, inhabituels chez les descendants de fondateurs. Un jour, peut-être. Je sentis quelqu'un m'observait. Je tournais la tête pour savoir de qui il s'agissait et c'était Tersly, qui me regardait comme si il avait découvert ce qu'il y avait sur la face cachée de la lune. Il fit un sourire amusé. Je lui lançais un regard interrogateur auquel il répondit :

« Alors toi et M. Beau gosse hein ? » Je roulais des yeux.

« Je ne vois pas de quoi tu parles.

-Allez, j'ai vu les regards que vous échangiez, il est totalement intéressé...

-Tu te fais des films Tersly.» Il ne se satisfaisait pas de cette réponse apparemment et tenta de pousser le bouchon un peu plus. Je soufflais de manière (ou du moins je tentais) exaspérée.

« Il ne m'intéresse pas, et si lui il l'est, tant pis pour lui. En plus c'est même pas mon type.

-Oh, alors tu vas me dire que tu n'as pas plongé dans ses magnifiques yeux bleus il y a quelques minutes ? » M'interrogea-t-il de nouveau. Je n'aurais pas dû répondre. Je répliquais :

« C'est toi qui dit que ses yeux sont magnifiques, T.

-Je ne fais qu'observer, K, ajouta-t-il ironiquement, et ce que j'observe est quelque peu intéressant.

-Ah oui ? Peut-être que je devrais lui demander son numéro pour toi alors », lui dis-je avec un clin d'œil. Ce fut lui qui roula des yeux cette fois.

« Je disais ça pour toi, Freya, il y avait quelque chose entre vous, vous étiez en train de vous bouffer des yeux. » Nous arrivions dans ma rue, il était temps de couper court à la conversation.

« Et maintenant tu me parles de cannibalisme, tu sais cousin, des fois tu m'inquiètes. » Lui dis-je avec un faux air de préoccupation, avant de sortir de la voiture.

Je pris une douche et m'allongeais sur mon lit. Mon corps tout entier me faisait payer les recherches. Mes muscles n'avaient jamais été aussi douloureux. J'ouvrais les snaps de Léo, qui avait passé l'après-midi seule chez elle à faire ses devoirs, ne sortant que pour aller à un cours de violon. Elle me dit qu'elle avait une grande nouvelle à m'annoncer ce lundi. Je tentais de lui soutirer des informations, mais il n'y avait pas moyen. J'éteignais mon portable et plongeais dans des rêves mouvementés.








[Note de l'auteur (Heaven for Heathens): Bonjour, bonsoir tout le monde, et désolée du retard, mon ordi a crashé hier soir et perdu ce chapitre, que j'ai dû réécrire entièrement, la poisse... Pour rattraper ce retard, nous publierons deux chapitres demain, see you!]

24 jours en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant