Révélation

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Un bruit résonnait dans ma tête. Non, ce n'était pas un bruit, mais mon cerveau endormi le prenait pour une nuisance. J'écrasais mon oreiller sur ma tête pour étouffer les notes de Deck the Halls. Cette chanson était sortie quelques jours avant la mort de ma mère et j'étais tombée sous le charme, tant bien que je l'avais mise comme réveil. Réveil ? Tout à coup, je réalisais : je reprenais le lycée aujourd'hui ! Je lançais mon coussin à travers la pièce, repoussais mes draps et, paniquée, me ruais en bas pour prendre mon petit déjeuner.


Trois quarts d'heure plus tard, je posais mon sac dans l'entrée, prête à partir. C'est Jasper, le cousin de mon père et celui qui m'enseignait le tir à l'arc qui venait me chercher. Sa maison était non loin de la nôtre et de celle de ses nièces, les jumelles Tessa et Nahsa, qui partageaient certains de mes cours. Je regardais distraitement mon fil d'actualité Instagram en attendant leur arrivée. Je distribuais quelques likes sur les photos des personnes de ma classe quand j'entendis les pneus de la Jeep crisser devant l'entrée. Je jetais un œil dehors, et aperçus le 4x4 devant la maison.

Je pris mon sac et montais dans la voiture. Je saluais Jasper, sa copine, Jean et les jumelles et écoutais d'une oreille la conversation de celles-ci. Elles discutaient de Jago, le nouvel attaquant de l'équipe de hockey, qui avait été transféré d'un lycée rival en terme de sports, et qui soi-disant était si athlétique et si beau. Jean sourit et partagea un regard entendu avec Jasper lorsqu'elles hurlèrent presque lorsqu'il répondit à un commentaire que Tessa avait fait sur une de ses photos. Je roulais des yeux. Tellement clichées ces deux-là.

Je lançais un regard à leur tenue. Elles portaient les mêmes vêtements, dans des couleurs différentes. Dans le genre on est identiques, mais pas trop. Elles portaient des jeans skinny, des bottines à talons, des tee-shirts de baseball à manches longues à l'effigie de l'équipe locale et des bonnets, assez classes quand même. Elles étaient accordées à la perfection.

Lorsque nous arrivions près du lycée, elles mirent leurs mitaines, lavande pour Nahsa et bleu pâle pour Tessa et mirent leur manteau. Je fis de même quand Nahsa, qui était à ma gauche, me toucha le bras et me montra sa sœur, qui allait prendre une photo. Elle prit le selfie et le posta sur je ne sais quel réseau, avant de descendre de la voiture. Je reçus une notification m'indiquant que j'avais été identifiée sur cette photo. Je ne daignais même pas déverrouiller mon portable.

Le début de la journée se passa sans encombre. Je retrouvais Léopoldine et mes autres amis. Les premiers cours passèrent lentement. Je sombrais dans un état de semi-somnolence quand la sonnerie retentit, annonçant la pause de milieu de matinée. Quelques regards de pitié se posaient sur moi quand je marchais dans les couloirs, et quelques questions indiscrètes me furent posées. J'aperçus le fameux Jago, qui s'appuyait contre les casiers, entouré par le reste de l'équipe de hockey et quelques fangirls.

Changement de pdv

Lorsque le commissaire me communiqua des coordonnées GPS à 4h du matin, je grognais. Pourquoi fallait-il que je sois celui qu'on envoie pour faire le sale boulot ? Je me levais péniblement et allait me préparer un café pendant que la réponse se glissait dans ma tête. Parce que t'es le bleu, patate ! J'enfilais mon uniforme et versais la boisson caféinée dans une bouteille thermos. Je pris une barre de céréales, les clés de ma voiture et me dirigeais vers le commissariat pour prendre le 4x4 de la police.

Un peu moins d'une heure plus tard, j'arrivais au lieu indiqué par mon supérieur. Je balisais la scène avec les fameux rubans en plastique jaune. Il faisait super froid. Je me dépêchais de faire le travail basique. Le reste de l'équipe ne tarderai pas à arriver. J'avoue que je ne me sentais pas si vaillant que ça à un endroit où il pourrait y avoir des indices d'un meurtre. Cette affaire était trop gore. La femme avait été lapidée vivante et laissée dans une congère, laissant derrière elle un mari et deux filles. Un coup de vent me projeta de la poudreuse sur le visage. Putain de neige. Je frissonnais, autant de froid que d'appréhension, tout en finissant le balisage de cet endroit.

Je fis demi-tour vers la voiture, quand mon pied glissa sur une plaque de verglas et tombai dans le bas côté. Putain de neige ! J'atterris durement sur mon postérieur, mais ce ne fut rien par rapport à ce qu'il suivit. Je levai les yeux et me retrouva nez à nez face à un cadavre ! Je poussais un hurlement de terreur.

Kirsten

J'étais de retour en classe depuis une dizaine de minutes. La prof nous baratinais quelque chose en espagnol. Je captais que dalle. Pourquoi étions nous obligés de faire deux langues étrangères ? Je déportais mon regard sur le cahier de ma voisine, qui gribouillait dans les marges. Quelqu'un toqua à la porte. Un des surveillants ouvrit la porte. Quelques regards inquiets circulèrent dans la classe. Il m'appela. Son front était barré d'une ride inquiète.

« Kirsten ?

-Oui ? Je me lève poliment.

-Est-ce que tu peux me suivre s'il te plaît, le directeur t'attend dans son bureau. Il y a... il y  a des  nouvelles par rapport à la mort de ta mère. »

Je sortis de la classe sous les regards de tous les élèves. Il aurait pu se taire ! Tout le monde n'était pas obligé de savoir les nouveautés quant au meurtre de ma mère. J'entrais dans le bureau du directeur. Il me mit au courant de la nouvelle : un nouveau corps avait été trouvé, dont les circonstances de la mort étaient étrangement similaires à celles de ma mère.

La police changeait d'hypothèse et se tournait vers un possible tueur en série. Les poils se dressèrent sur ma nuque. Un tueur en série ! C'est flippant... Il ne faut surtout pas que la ville soit au courant, ou ça ferait du bruit !

On me fait emmener chez le commissaire. Lorsqu'il me fait appeler, je me lève de mon siège et me dirige vers son bureau. Un homme plutôt jeune, trempé et en uniforme, sort de la pièce. Je le reconnais : il était au Valkyrie quelques jours plus tôt. Il avait un visage terrifié. J'eus pitié de lui tandis que j'entrais dans le bureau pour entendre les sordides avancées sur l'affaire.

24 jours en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant